L’Impact

Les commotions ont eu raison de Camara

Hassoun Camara arrête. Pas par gaieté de cœur, c’est d’ailleurs rarement le cas, mais parce que son corps le lui dicte. Et, plus précisément, c’est sa tête qui le pousse à prendre cette décision après une dernière saison marquée par trois commotions cérébrales.

Au moment où l’Impact annonçait qu’il ne serait pas de retour en 2018, le défenseur latéral de 33 ans passait encore différents examens dont les conclusions étaient implacables.

« Avoir un certain recul sur les choses et une certaine maturité m’ont mené à prendre cette décision. Le docteur [Scott] Delaney a pu voir l’évolution de mon bilan médical et il était très difficile, pour moi, de penser à continuer. C’était limite impossible, s’est désolé Camara, particulièrement ému, au cours de la conférence de presse, hier. Les premiers symptômes ont commencé face à D.C. United, lors des séries de 2016. »

« Cette année, j’ai pris des coups lors de matchs ou à l’entraînement qui m’ont donné pas mal de difficultés. »

— Hassoun Camara

En raison de commotions et de diverses blessures, le rôle de Camara a donc légèrement diminué en 2017 avec 1350 minutes réparties en 18 matchs. C’est toutefois un pilier supplémentaire du vestiaire qui tire sa révérence, après le départ à la retraite de Patrice Bernier.

Outre ses qualités de meneur, la position de Camara était légitimée par sa longévité au club. Quand il s’est joint à l’Impact en 2011, l’entraîneur était Marc Dos Santos, tandis que Nevio Pizzolitto portait le brassard de capitaine. Déjà à l’époque, on l’interrogeait sur sa position préférentielle entre le milieu de terrain, la défense centrale ou le côté droit. C’est majoritairement à cette dernière position qu’il a tout vécu : les hauts en Ligue des champions ou en Championnat canadien – il a marqué le but du titre en 2013 – et les bas d’une saison 2014 affligeante.

Au total, il a disputé 10 979 minutes de jeu – plus que quiconque chez le bleu-blanc-noir en saison – et participé à sept matchs de séries. Son bilan affiche sept buts, dont quelques bijoux sur les phases arrêtées.

Et ses meilleurs souvenirs ? « Mon but à Vancouver, qui ramène la Coupe en 2013, a été une sensation extraordinaire. Il y a aussi eu l’épopée en séries de 2016 parce qu’on ne nous attendait pas trop à ce niveau-là. Je pourrais citer plein de souvenirs avec des victoires dans des stades très hostiles et même des buts improbables. »

Un choix gagnant

Au départ, l’aventure québécoise de Camara ressemblait plus à un beau pari après des crochets par l’Olympique de Marseille et le Sporting Club Bastiais. Son recrutement par un club du Moyen-Orient a ensuite capoté, ce qui a entraîné sept mois de chômage et un retour au domicile de ses parents, en banlieue parisienne.

C’est dans ce contexte que l’essai avec l’Impact, en février 2011, s’est transformé en contrat, puis en un séjour de sept saisons. L’Impact restera même son « club à vie », avoue-t-il. Une relation bien particulière s’est aussi nouée entre le public montréalais et le longiligne numéro 6.

« Je me souviens de discussions avec ma famille, mes amis et quelques acteurs du monde professionnel qui faisaient preuve de scepticisme quant à ma décision de traverser l’Atlantique. Mais j’étais assez sûr de moi, serein, et j’avais l’impression que je pourrais leur prouver que j’avais fait le bon choix. »

« Aujourd’hui, avec pas mal de recul, je suis très heureux et fier du travail accompli. L’Impact m’a beaucoup accompagné et je lui en serai reconnaissant toute ma vie. »

— Hassoun Camara

Qu’est-ce qui attend Camara, maintenant ? Il ne fait pas partie de ces sportifs qui se retrouvent devant une page blanche à l’annonce de leur retraite. Homme d’affaires, homme de cœur, il s’est immiscé dans divers domaines depuis longtemps. Il est, rappelons-le, copropriétaire d’un restaurant dans le 10e arrondissement parisien. Une autre succursale ouvrira à Paris avant, peut-être, une expansion au Québec. Il a aussi lancé une fondation dont l’objectif est d’aider les populations les plus démunies en Afrique.

Ce résidant du Vieux-Montréal ne manque pas de projets dans sa ville d’adoption. Après une période de repos, il discutera plus en profondeur avec la direction afin de déterminer si un rôle l’attend avec le club. Il se voit également faire quelques piges dans le domaine de l’audiovisuel. Finalement, il compte ouvrir des centres de soccer à cinq contre cinq.

« Ça s’appellera Urban Soccer. Ce sera la volonté d’offrir des installations de haut de gamme à la population montréalaise et de faire en sorte que les jeunes aient un pont entre ce qu’il y a en bas de chez eux et ce qui se fait au plus haut niveau. Avec la force que j’ai, j’ai envie de développer ce concept tout en faisant en sorte que les jeunes s’identifient au club davantage. »

Camara arrête, mais la passion du soccer, elle, continue plus que jamais à l’habiter.

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