Mondial des clubs de futsal

L’incroyable victoire de six Québécoises

Elles sont six étudiantes ou jeunes diplômées universitaires qui, pour l’amour de leur sport, ont décidé de financer elles-mêmes leur voyage au Mondial de futsal disputé à Nantes, en France. Malgré un effectif réduit, un manque total d’expérience internationale et un entraîneur qui n’a pu faire le voyage, les six joueuses du Cinque Stelle FC ont trouvé la manière d’être couronnées championnes. Retour sur une épopée européenne.

Vainqueure du championnat de futsal du Grand Montréal, l’équipe féminine du Cinque Stelle Football Club a reçu en mars dernier une invitation surprise de la part du comité organisateur du Mondial des clubs de futsal de Nantes, qui regroupe 32 équipes réparties à travers cinq pays, majoritairement de la France.

L’invitation lancée, il n’était pas question pour les jeunes joueuses montréalaises de manquer à l’appel, d’autant qu’elles avaient une motivation supplémentaire. 

« Aucune équipe de futsal canadienne, masculine comme féminine, n’a jamais participé à un tournoi d’envergure internationale. C’est sûr que c’était une belle occasion pour nous, a expliqué la défenseure de l’équipe Ana Freire Cardadeiro. Mais de là à gagner le tournoi, c’est encore plus fou ! », a-t-elle dit.

« On n’a pas cessé de courir »

Si l’équipe régulière comporte 14 joueuses, elles ne sont que 6 à s’être envolées pour la France le 7 juin dernier. Le coût associé à un voyage d’à peine quatre jours a effectivement freiné les ardeurs de certaines membres de l’équipe, qui n’ont pas pour autant ménagé les encouragements de l’autre côté de l’Atlantique. Quant aux six joueuses déterminées à se mesurer aux meilleures équipes d’Europe, Ana Freire Cardadeiro explique qu’il n’a pas été évident de payer des frais aussi élevés pour un séjour aussi bref, mais que leur décision était réfléchie et, surtout, guidée par leur amour pour le sport. 

« C’est sûr qu’il y a des coûts importants qui y étaient associés. En plus de financer notre voyage, on devait travailler et étudier en parallèle. Si on est allées en France, c’est vraiment parce que le futsal est une passion. On l’a fait strictement pour ça. »

— Ana Freire Cardadeiro

Comme le futsal se dispute à cinq contre cinq, les représentantes canadiennes n’ont pu compter que sur une seule substitut tout au long du tournoi, ce qui rend leur exploit encore plus remarquable. Une autre défenseure des Cinque Stelle, Sophie Desforges, explique que les autres équipes comptaient, quant à elles, sur 10 à 12 joueuses en tout. 

« Sachant qu’on n’était que six, si on souhaitait se rendre en finale, il fallait économiser nos forces. On savait qu’on devait demeurer hyper concentrées et dédiées à notre jeu. On s’était donné des consignes claires et on tentait du mieux qu’on pouvait de garder notre bloc compact. Sur les huit matchs, on n’a pas cessé de courir, mais on avait une super belle énergie et on était combatives », a-t-elle raconté. 

Comme si ce n’était pas assez, les joueuses étaient en outre privées de leur entraîneur, qui n’avait pu faire le voyage pour des raisons personnelles. Les filles expliquent qu’elles se sont toutefois nourries des encouragements de la foule qui a commencé à prendre pour elles après qu’elles eurent éliminé l’équipe hôte du tournoi et championne en titre, Nantes Métropole.

Peu de débouchés

Les défis qu’ont surmontés les joueuses du Cinque Stelle FC en France et les sacrifices qu’elles doivent accepter de faire à longueur d’année pour pratiquer leur sport favori ne sont que le reflet des difficultés auxquelles se heurtent de nombreuses athlètes au Canada et ailleurs dans le monde, trop souvent minorées vis-à-vis de leurs homologues masculins.

Dans le cas du futsal, Sophie Desforges explique que, contrairement aux hommes, il n’existe pas de championnat canadien auquel les championnes provinciales peuvent prendre part. « C’est un challenge pour nous parce qu’on ne peut pas se mesurer aux autres provinces. C’est d’autant plus frustrant qu’on ne peut pas voir où se situe notre niveau », a-t-elle confié. 

« Le futsal, ça fait un peu plus de quatre ans que ça existe au Québec. En Europe, c’est vraiment plus développé. Aller compétitionner à Nantes, c’était aussi un peu une façon pour nous de voir si on était en mesure de rivaliser avec d’autres pays. »

Ana Freire Cardadeiro note d’ailleurs qu’au Canada, même le soccer à onze est peu porteur pour les femmes. « Si on veut vraiment faire carrière là-dedans, il faut aller jouer aux États-Unis, mais, même là, si on veut en vivre, il faut aller évoluer en Europe, où ce n’est pas nécessairement tout le monde qui réussit. »

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