Voitures électriques

L’avenir est dans un réseau rapide de recharge, selon une étude

Investir dans un réseau pancanadien de bornes de recharge rapide pourrait coûter cher, mais il s’agit d’un investissement qui peut devenir rentable très rapidement, même au Canada, où les distances sont grandes et la population, clairsemée.

Tels sont les résultats d’une étude dévoilée hier au Symposium international sur les véhicules électriques, qui rassemble 2000 délégués et 300 exposants à Montréal.

À la demande de commanditaires gouvernementaux, la firme de recherche stratégique Marcon s’est penchée sur le dilemme de l’industrie de la voiture électrique, celui de la poule ou de l’œuf : il ne se vend pas beaucoup de véhicules électriques au Canada parce que le réseau de bornes de recharge est insuffisant, et le réseau de bornes de recharge est insuffisant parce qu’il n’y a pas assez de véhicules électriques.

« Il y a un rendement très intéressant à faire pour l’investisseur prêt à prendre le risque et à être patient », estime le président de Marcon, Pierre Ducharme, qui a présenté les résultats de l’étude devant un auditoire venu des quatre coins du monde.

Marcon a établi à 45 000 $ le coût d’une borne de recharge rapide en milieu urbain et à 60 000 $ celui d’une borne de recharge sur la route. Ces prix devraient baisser avec le temps. Il faudrait environ 750 stations offrant un total de 1600 postes de recharge pour couvrir le Canada d’un océan à l’autre.

Compte tenu du scénario retenu pour l’augmentation des ventes de véhicules électriques (20 % du parc automobile canadien en 2025), l’investissement requis prendrait huit ans à rentabiliser pour les bornes en milieu urbain et un peu moins, soit sept ans, pour les bornes installées sur la route.

Le calcul tient compte de l’entretien annuel des bornes, mais pas du prix du terrain, parce que les bornes peuvent être installées dans les stations-service existantes, dans les stationnements de restaurants ou de magasins.

Enfin, le scénario prévoit que le prix de la recharge, qui varie actuellement entre 7 $ et 10 $ au Canada, augmenterait à entre 30 $ et 50 $ en 2025, à cause de l’augmentation prévue de la capacité des batteries et de la hausse du prix de l’électricité.

UN RÉSEAU INDISPENSABLE

En entrevue avec La Presse, M. Ducharme a expliqué que même si entre 80 et 90 % des recharges se font à la maison, il est indispensable d’offrir un réseau le plus étendu possible si on veut que les ventes de véhicules électriques augmentent au Canada. Dans les villes, les bornes de recharge rapide sont nécessaires parce qu’un nombre important de propriétaires de voitures n’ont pas accès à un stationnement privé. Il a rappelé qu’avec la même population que la Californie, le Canada n’a actuellement que 10 % du nombre de voitures électriques qui roulent en Californie.

En plus de maintenir les mesures incitatives actuelles à l’achat d’un véhicule électrique, les gouvernements du Canada et des provinces pourraient faire beaucoup pour le développement du transport électrique en investissant dans un réseau rapide de bornes de recharge avec des partenaires privés. Et ils feraient une excellente affaire en plus, ajoute Pierre Ducharme.

Voitures électriques

On rêve de voir une usine Tesla au Québec

Une jeune pousse de Québec rêve de convaincre Tesla d’établir une usine d’assemblage au Québec. Denis Lacasse, de Propulsion Revelec, qui a consacré un livre en 2015 à ce qu’il appelle son « projet de société », recherche aujourd’hui du financement afin de soumettre une proposition d’affaire structurée à Tesla pour qu’elle produise au Québec ses voitures, batteries et bornes de recharge. Il vient de s’inscrire au registre des lobbyistes. L’ex-candidat de la Coalition avenir Québec Alain-Michel Ayache est associé à l’entreprise. Le projet est à ses balbutiements, reconnaît au téléphone M. Lacasse.

— André Dubuc, La Presse

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