architecture

Place à la lumière

La jeune architecte fondatrice d’APPAREIL architecture, Kim Pariseau, porte un regard aiguisé sur les qualités d’une architecture bien pensée conçue en fonction des occupants. Elle a répondu à quelques-unes de nos questions. 

En quoi la nouvelle génération d’architectes qui réalisent des projets résidentiels se distingue-t-elle de la précédente ? 

Aujourd’hui, je trouve que l’architecture s’est grandement démocratisée, et ce, grâce aux médias et aux réseaux sociaux. On sent vraiment un éveil des Québécois à l’architecture résidentielle. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous voulons en faire notre spécialité. Dans le passé, une firme au Québec pouvait difficilement miser uniquement sur le résidentiel, faute de demande. 

Pourquoi consulter un architecte pour rénover ou construire une maison ? 

Les gens désirent que l’on réfléchisse avec eux à l’élaboration d’une maison qui sera bien pensée (contexte, fenêtres, isolation…) et qui répondra à leurs besoins. Parfois, quelques interventions simples peuvent faire toute la différence. La meilleure solution n’est pas toujours d’agrandir ou de tout refaire. Une étude de l’espace existant nous permet de mieux l’optimiser et de l’améliorer autant d’un point de vue esthétique que fonctionnel. Il nous arrive aussi, à la demande d’un client, d’évaluer le potentiel d’un ancien bâtiment, comme un duplex, avant l’achat.

En quoi les différentes réalités des propriétaires d’aujourd’hui transforment-elles l’architecture de la maison ?

Nous concevons toujours nos projets à partir des clients et de leurs besoins, qui sont parfois très particuliers. Chaque projet est donc unique et adapté aux occupants. On planche d’ailleurs sur un projet de rénovation d’une famille recomposée qui regroupe cinq enfants. D’où notre travail de réflexion sur l’architecture et l’utilisation des espaces communs et privés. On a, entre autres, conçu un grand meuble multifonctionnel qui sert non seulement à structurer l’espace de vie, mais aussi de bureau pour les devoirs des enfants. On a aussi imaginé des grandes chambres qui peuvent accueillir plus d’un enfant et qui sont dotées de cloisons coulissantes afin de leur assurer une certaine intimité ou, à l’inverse, leur offrir une plus grande surface de jeu. 

Quelle erreur observez-vous le plus fréquemment ? 

Trop de salles de bains, des walk-in [pièces-penderies] trop vastes… Bref, trop d’espaces de service qui empiètent sur les espaces de vie. Au lieu de les multiplier, pourquoi ne pas les combiner ? Par exemple, il est possible de réunir la salle de bains des parents et celle des enfants en la divisant par une porte coulissante. La baignoire peut se trouver du côté des enfants, alors que la douche sera du côté des adultes. Une telle organisation évite de doubler les équipements. 

Autre réflexe à éviter : l’envie de mettre des grandes fenêtres partout, sans tenir compte de l’orientation. Il est essentiel de bien réfléchir aux ouvertures et de les doser afin d’obtenir les effets escomptés. La meilleure solution n’est pas toujours d’opter pour une très grande fenêtre. Une fenêtre étroite et très haute, par exemple, peut procurer une ambiance agréable. L’un des aménagements que nous privilégions est la connexion visuelle avec l’extérieur en créant des perspectives traversantes. Ainsi, une porte d’entrée vitrée et une façade arrière bien fenêtrée permettent aux occupants de voir à travers la maison. 

La salle à manger est-elle une pièce en voie de disparition ? 

Au contraire, j’en mets toujours une dans mes plans. C’est un espace qui a évolué. Moins fermée qu’avant, la salle à manger demeure toujours importante et participe à la convivialité d’un aménagement. J’aime qu’elle soit ouverte, mais bien définie dans l’espace de vie par un luminaire, un revêtement mural ou un buffet, par exemple.

Le mode de vie des jeunes parents influe-t-il sur l’architecture résidentielle actuelle ? 

Oui, les jeunes parents veulent être davantage avec leurs enfants, comme avec leurs invités. Cette nouvelle réalité nous pousse à penser les espaces autrement et surtout à intégrer du rangement réservé aux jouets d’enfants dans l’aire de vie afin de libérer l’espace aisément et d’éviter le fouillis perpétuel.

Selon vous, quel est l’élément qui procure le plus de bien-être dans une maison ? 

La lumière naturelle… Pour moi, c’est essentiel dans une maison. Je pense qu’un petit espace convivial agrémenté d’un éclairage bien pensé sera beaucoup plus intéressant qu’une immense demeure aux espaces peu invitants et mal éclairés… Je crois aussi que la présence du bois rehausse magnifiquement un espace intérieur. Le bois ne passera jamais de mode en aménagement.

APPAREIL architecture 

Date de fondation : 2011 

Architecte fondatrice : Kim Pariseau, 35 ans, née à Montréal 

Nombre d’employés : 5 

Parcours : Kim avait déjà une formation en design d’intérieur lorsqu’elle a obtenu son baccalauréat et sa maîtrise en architecture à l’Université Laval. Elle a aussi fait un an d’études en architecture à Copenhague, au Danemark. « Ce séjour m’a fait prendre conscience que le design est partout – de la fourchette à l’architecture en passant par le mobilier – et qu’il peut améliorer notre vie au quotidien. » 

Démarche : « Notre mission est de concevoir un environnement sur mesure, inspiré du contexte québécois, tant par les formes, les matières que la lumière. Notre signature se distingue par une volonté d’épuration et de simplicité, en écho au style nordique. » 

Adresse : 5520, rue Chabot, Montréal

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