OPINION

Les citoyens doivent avoir accès à nos innovations

Une économie dynamique et innovante doit pouvoir compter sur tous ses secteurs de force.

Le Québec, et en particulier sa métropole, bénéficie depuis longtemps de l’apport du secteur des sciences de la vie et des technologies de la santé (SVTS). Fortement concentré dans la région métropolitaine, il génère des retombées de 5,6 milliards par année et soutient 56 000 emplois à haute valeur ajoutée. Pris dans son ensemble, le Québec fait d’ailleurs partie des 15 pôles les plus performants en Amérique du Nord dans ce domaine.

Les SVTS, ce sont nos universités, nos hôpitaux, nos centres de recherche et nos entreprises qui y contribuent. Ce secteur de pointe s’appuie sur les découvertes de la génomique, des biotechnologies, de l’industrie pharmaceutique et des technologies de la santé. Il s’agit aussi de l’un des principaux secteurs d’application des mégadonnées (big data) et de l’intelligence artificielle. Le Québec et sa métropole en sont des leaders internationalement reconnus : il y a de quoi être fier.

Pourtant, nous avons une faiblesse persistante qui limite notre potentiel de croissance. Nous accusons un retard par rapport à d’autres territoires en matière d’intégration des innovations au sein de notre propre système de santé et, dans certains cas, alors même que nos innovations sont déjà utilisées ailleurs dans le monde.

Pourquoi priver nos entreprises de la possibilité de développer leurs affaires ici ? De surcroît, pourquoi priver nos citoyens de nos propres innovations ?

Nous pouvons agir

Le gouvernement du Québec doit absolument se doter d’une stratégie ambitieuse pour moderniser notre système de santé et accroître son efficacité. Il y a urgence d’intégrer davantage les technologies, médicaments et équipements médicaux de pointe au sein du réseau de la santé, a fortiori quand on sait que des entreprises d’ici développent ces produits novateurs.

L’intégration des innovations en santé, en misant notamment sur l’ouverture des données et le numérique, permettrait d’améliorer la qualité des soins administrés et d’en réduire les coûts, en plus de faciliter la commercialisation des produits développés par nos entreprises et d’engendrer des retombées économiques importantes. Ultimement, ce sont les patients et la collectivité qui en seront les grands gagnants : il est donc prioritaire d’y investir tous nos efforts.

Pour mettre la créativité, l’expertise et le savoir-faire de chez nous au service de l’administration publique, nous proposons de créer un poste de commissaire à l’innovation au ministère de la Santé. Par la suite, le gouvernement pourra explorer la possibilité de doter d’autres ministères clés d’un tel commissaire à l’innovation.

Ce commissaire aurait pour mission de faciliter l’intégration des innovations dans nos établissements de santé et de veiller à ce qu’elles soient testées et implantées dans les meilleurs délais. Afin d’accélérer cette modernisation, le commissaire jouerait un rôle d’agent de liaison entre les institutions et les ressources nécessaires à l’aboutissement des projets. Nous proposons également de mettre en place des incitatifs pour les établissements qui parviennent à améliorer leurs processus et à obtenir des gains d’efficacité à la suite de l’intégration des innovations ; par exemple, leur permettre de conserver les sommes économisées pour d’autres projets. Finalement, le commissaire aurait pour mandat d’encourager et d’appuyer la réalisation de projets pilotes innovants en utilisant des sommes destinées au développement économique.

Nous devons miser sur la force de notre secteur des SVTS pour transformer notre système de santé et contribuer ainsi à la prospérité du Québec.

Nos entrepreneurs et nos chercheurs travaillent à faire émerger les découvertes, les traitements et les technologies de la santé de demain : donnons-nous collectivement les moyens d’en bénéficier.

* Hélène Desmarais, présidente du conseil et chef de la direction, Centre d’entreprises et d’innovation de Montréal, membre du C.A. du CHUM et du CHU Sainte-Justine ; Pierre Boivin, président et chef de la direction, Claridge inc., membre du C.A. de la Fondation CHU Sainte-Justine ; Mélanie Dunn, présidente et chef de la direction, Cossette Canada, membre du C.A. de la Fondation CHU Sainte-Justine ; Michel Décary, avocat conseil, cabinet BCF, membre du C.A. de l’IRCM ; Gaétan Morin, président et chef de la direction, Fonds de solidarité FTQ ; Raymond Bachand, président, Institut du Québec ; Andrew T. Molson, associé et président du conseil, Groupe conseil RES PUBLICA, président du CA de la Fondation de l’HGM

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.