Brexit

L’économie canadienne en pâtira

Les effets du vote pro-Brexit sur le Canada seront modérés, mais ils s’étireront probablement dans le temps. Nous en examinons ici quelques-uns.

Quel sera l’impact sur l’économie ?

« Il va y avoir un petit effet négatif sur la croissance canadienne », répond Charles St-Arnaud, économiste pour Nomura à Londres. À l’instar de son collègue Stéfane Marion de la Banque Nationale, il l’évalue à 0,2 point de pourcentage. « Nous avons fait passer de 1,9 à 1,7 % notre prévision de croissance pour 2017 », précise M. Marion. En bref, l’incertitude entourant le Brexit renforcera le dollar américain, ce qui aura pour conséquence de nuire à l’économie des États-Unis et donc aux perspectives d’exportation des entreprises canadiennes. De plus, l’appréciation du billet vert fera diminuer les cours des matières premières, ce qui n’est pas de bon augure pour le Canada. En revanche, le maintien de faibles taux d’intérêt en raison de l’instabilité pourrait donner un coup de pouce à l’économie.

Que dire du commerce avec l’Europe ?

Environ 3,5 % des exportations canadiennes sont destinées au Royaume-Uni et 4,5 %, au reste de l’UE. Il faut toutefois noter qu’une bonne partie des exportations canadiennes au Royaume-Uni sont constituées d’or, une matière pour laquelle la demande a augmenté dans la foulée du référendum britannique. Dans le cas du Québec, moins de 2 % des exportations prennent la route du Royaume-Uni, alors que 10 % vont dans le reste de l’UE. Ce sont Terre-Neuve-et-Labrador et l’Ontario qui dépendent le plus du Royaume-Uni sur le plan du commerce.

Et quel sort attend l’accord de libre-échange conclu en 2014 entre Ottawa et Bruxelles, qui n’est toujours pas en vigueur ?

« L’une des conséquences du vote à moyen terme pour le Canada, c’est que l’accord de libre-échange avec l’UE va probablement être retardé parce que les négociateurs européens vont se concentrer davantage sur les pourparlers avec le Royaume-Uni [sur la sortie du pays de l’Union], affirme M. St-Arnaud. Et même si cet accord finit par entrer en vigueur, il va falloir conclure un autre accord avec le Royaume-Uni. Et là, le Canada ne sera pas le premier en haut de la liste pour les négociations. Ça va probablement être l’UE, les États-Unis, la Chine et peut-être ensuite le Canada. »

Y aura-t-il des conséquences à court terme pour les entreprises canadiennes présentes au Royaume-Uni ?

Non. Le Royaume-Uni demeurera membre de l’UE tant que les négociations sur son retrait ne seront pas terminées, ce qui pourrait prendre plus de deux ans. Le plus important employeur canadien dans le pays, Bombardier, a indiqué hier qu’il était « trop tôt pour conjecturer sur les impacts potentiels » du vote. « Nous demeurons engagés à l’égard de nos activités, de tous nos salariés et de nos clients au Royaume-Uni », a ajouté la multinationale dans une déclaration. « Bombardier peut encore envoyer ses pièces d’une usine au Royaume-Uni à une autre en Allemagne et vice-versa », a noté Charles St-Arnaud. De son côté, l’entreprise montréalaise Aimia, qui exploite le programme de fidélisation Nectar au Royaume-Uni, a assuré que la chute de la livre sterling n’allait pas avoir d’incidence importante à moyen terme sur ses résultats financiers. En revanche, les entreprises canadiennes qui songeaient à établir au Royaume-Uni une tête de pont européenne devront probablement revoir leurs plans.

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