Montréal

Des couvercles d’égout mettent Montréal en vedette

Même en matière d’égout, certains cherchent la beauté : les couvercles de regard de Montréal – le mobilier urbain le plus snobé en ville – recevront un coup de jeune grâce à un premier design exclusivement local.

L’hôtel de ville a chargé un graphiste et un fondeur de dessiner et fournir de nouveaux couvercles de fonte spécifiques à Montréal, plutôt que d’acheter un modèle générique.

« Est-ce qu’on peut avoir du beau à Montréal ? Quelque chose qui représente la Ville de Montréal, quelque chose qui donne un sentiment de fierté aux gens ? », a dit Sylvain Ouellet, responsable du service de l’eau au comité exécutif de Valérie Plante, posant devant l’un de ces nouveaux couvercles. « On veut avoir une certaine fierté dans ce que les citoyens peuvent voir. »

Les lourds disques, qui coûtent chacun environ 300 $ à la Ville, seront changés progressivement à mesure que les besoins se feront sentir. Quelques-uns ont déjà été installés place Jacques-Cartier, dans le Vieux-Montréal, et sur le campus MIL, à Outremont.

Ils ont été dessinés par l’illustrateur Luc Melanson. Le design inclut les cinq emblèmes botaniques représentés sur les armoiries de Montréal : la fleur de lys des Français, le chardon des Écossais, la rose des Anglais, le trèfle des Irlandais et – depuis 2017 – le pin blanc des Autochtones.

« On voulait quelque chose qui soit le plus intemporel possible. C’est important, parce que ces couvercles peuvent durer des décennies et des décennies », a fait valoir M. Ouellet. L’élu raconte que des concepts plus ancrés dans les tendances actuelles ont été rejetés de peur qu’ils ne vieillissent mal.

Science complexe

Dessiner un couvercle d’égout n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire. L’omniprésence de ces couvercles dans la ville les place sous les pas de dizaines de milliers de Montréalais chaque jour. Ils doivent donc être antidérapants – même usés, même l’hiver.

« On avait considéré la possibilité de mettre le logo – la rosace – normal de la Ville, mais le problème, c’est qu’il n’y avait pas assez de détails et donc pas assez d’adhérence », a expliqué M. Ouellet.

L’épaisseur de chaque ligne du dessin et de chaque lettre des inscriptions a été réfléchie en fonction de cet impératif.

Les couvercles doivent aussi être extrêmement solides, pour ne pas céder sous le poids d’une roue de camion, par exemple.

En obtenant son propre design de couvercle de fonte, Montréal rejoint un club sélect très niché, qui comprend notamment Seattle, Berlin et plusieurs villes japonaises.

Sylvain Ouellet dit avoir vu des touristes se pencher sur un couvercle d’égout berlinois avec une grande feuille de papier et un crayon afin d’en prendre l’empreinte. Il espère maintenant assister à une scène semblable dans une rue de Montréal.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.