Sondage CROP-La Presse

L’ÉPANOUISSEMENT AU TRAVAIL, UNE PRIORITÉ

La possibilité de s’épanouir au travail est une priorité pour les jeunes en matière d’emploi. C’est ce qui ressort du sondage CROP-La Presse sur les jeunes et la culture. Pourquoi l’épanouissement au travail est-il si important ? Entrevue avec Diane-Gabrielle Tremblay, professeure en gestion des ressources humaines à l’École des sciences de l’administration TELUQ-Université du Québec.

Pouvoir s’épanouir dans son travail est l’élément essentiel et prioritaire des jeunes de 18 à 34 ans, tout comme des plus vieux, selon notre sondage. Est-ce que cela vous surprend ?

Je fais beaucoup d’entrevues sur les thématiques travail-vie personnelle et professionnelle et ce qui ressort le plus fréquemment, c’est […] le sens du travail, pour les jeunes, mais aussi pour les moins jeunes. Il y en a pour qui le salaire et les avantages sociaux sont importants, mais la nature même du travail passe en premier. On passe beaucoup de temps au travail, c’est devenu parfois un lieu plus stable que la famille ou le couple, donc on va rechercher à s’épanouir.

Est-ce qu’on choisit son travail et son employeur beaucoup plus qu’auparavant ?

Oui, on peut se permettre de choisir son travail, d’abord parce qu’il y a un petit déclin démographique, donc les jeunes ont plus de facilité à trouver un emploi de leur choix. Ils peuvent davantage imposer leurs préférences et leurs critères, plus que dans les années 80, où le taux de chômage était élevé. Aujourd’hui, il y a moins de jeunes sur le marché du travail, les personnes plus âgées prennent leur retraite assez tôt, vers 61 ans. Le contexte est favorable pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail et ils ont le choix.

Un salaire élevé n’est plus prioritaire ?

On est plus éduqués, plus scolarisés et donc, par définition, les jeunes vont accorder plus d’importance au sens même du travail. Et parce qu’ils sont diplômés, ils peuvent se permettre de trouver un emploi où ils vont s’épanouir. Si on recule dans le temps, quand les hommes constituaient le seul gagne-pain de la famille, à ce moment, on cherchait moins le sens dans notre travail, mais plus un salaire qui était important pour subvenir aux besoins de la famille.

Il y a clairement un changement dans les valeurs, un intérêt grandissant pour le contenu du travail, et pas seulement la dimension instrumentale, c’est-à-dire le salaire et les avantages sociaux. Quand on est jeune, on pense moins à son régime de retraite ou à la stabilité. On y pense plus tard. Le salaire élevé est moins important, surtout quand on partage les frais du quotidien avec un conjoint.

On préfère un salaire moindre, mais un bon climat de travail où on peut s’épanouir ?

J’avais fait des recherches dans le secteur des technologies de l’information, où les horaires peuvent parfois être longs et les échéanciers, serrés. Je me suis rendu compte que les jeunes restaient dans une entreprise où le salaire était moindre, mais où ils avaient des avantages du point de vue de la conciliation travail-famille. De toute évidence, outre ces mesures, il y avait un climat dans l’entreprise qui leur permettait de s’épanouir. On ne va pas au travail seulement pour ramasser le chèque de paie pendant 40 ans.

Concilier les deux mondes, vie professionnelle et personnelle, reste aussi dans les priorités ?

Les gens ne veulent pas sacrifier leur vie personnelle, quels que soient les secteurs dans lesquels ils travaillent. Autant les milieux ouvriers que les milieux très scolarisés, hommes et femmes. Les gens cherchent à s’épanouir autant dans leur vie professionnelle que personnelle. Au fond, un des grands changements, c’est que les hommes comme les femmes recherchent cet équilibre alors qu’autrefois, les hommes le cherchaient dans le travail et les femmes, dans la famille.

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