À bien y penser

Des mesures pour obtenir des résultats

Dans cette manie de restructurer, on oublie les mesures qui donneraient vraiment des résultats, soit des cliniques ouvertes 24 sur 24, 7 jours sur 7, des médecins prêts à travailler plus d’heures, à toute heure, la formation de super infirmières pouvant traiter en clinique les cas bénins qui encombrent les urgences et un accord avec les pharmaciens pour leur donner plus de latitude dans le traitement des petits bobos et des maladies chroniques.

— Bernard Terreault

Opinion Santé 

L’autonomie à meilleur coût

Si le ministre Barrette cherche à réaliser des économies, nous l’invitons à étudier avec un meilleur soin le dossier du soutien à domicile. Un investissement dans des ressources résidentielles alternatives permettrait au gouvernement d’économiser un peu d’argent… et peut-être aussi quelques vies.

Yvan Tremblay est décédé le 14 septembre dernier. Son existence, parsemée d’embûches et d’obstacles, a connu le plus triste des dénouements alors qu’il s’est tragiquement enlevé la vie. À ce citoyen quadriplégique, redevenu autonome après un accident de travail, on a tout enlevé : son logement, son indépendance, son chez-soi. On l’a ensuite forcé à aller vivre dans un CHSLD par « mesure de sécurité ».

Les raisons expliquant ce zèle administratif demeurent nébuleuses. Mais l’une des causes de cette tragédie est certainement le manque de ressources résidentielles disponibles.

Des chiffres récents dressent un portrait accablant de la situation résidentielle au Québec. Les personnes avec des limitations fonctionnelles, comme M. Tremblay, sont peut-être le plus durement touchées. Environ 55 % des 15-64 ans en situation de handicap disposent d’un revenu annuel inférieur à 15 000 $. De toutes les personnes en ménage ayant une déficience, 75 % vivent sous le seuil de la pauvreté. 

Le résultat clair : il n’existe pas suffisamment de ressources résidentielles, comme des coopératives, pour accueillir ces personnes qui sont alors contraintes d’habiter dans un CHSLD.

Dans plusieurs cas, il s’agit même de très jeunes adultes qui se trouvent à vivre dans un milieu d’âge d’or.

Le problème ne va que s’aggraver avec le vieillissement de la population. De plus en plus de personnes auront besoin d’un certain soutien à domicile, sans lequel elles seront contraintes de déménager en CHSLD. Pendant ce temps, le programme d’adaptation à domicile de la Société d’habitation du Québec est amputé de 28 millions de dollars.

UN COÛT EN DIGNITÉ HUMAINE

Le cul-de-sac dans lequel s’enlise présentement le ministère de la Santé n’est évidemment pas la direction à emprunter, tant pour des raisons humaines que financières. Cette façon de faire illogique et beaucoup trop coutumière, celle de « placer » en CHSLD des gens qui pourraient très bien vivre avec du soutien à domicile, ne se fait pas seulement au coût de la dignité humaine, mais aussi au coût des fonds publics.

Il en coûte effectivement plus cher de céder une place en CHSLD (approximativement 95 000 $) que d’offrir des services résidentiels dits intermédiaires ou avec un soutien à domicile (environ 45 000 $). À titre d’exemple, le projet Habitation Pignon sur roues est un milieu de vie accueillant dix locataires autonomes qui reçoivent des services adaptés à leurs besoins, ce qui leur permet une participation optimale dans la société.

En obligeant une personne à quitter son chez-soi, comme ce fut le cas avec Monsieur Tremblay, on lui enlève une partie de sa dignité et cette suppression d’autonomie se fait aux frais de l’État. Un non-sens auquel le gouvernement doit immédiatement remédier en investissant dans de nouvelles ressources résidentielles.

Monsieur le ministre Barrette, le suicide d’Yvan Tremblay est inacceptable et démontre bien la mauvaise organisation au Québec des services offerts aux personnes en situation de handicap. Vous savez très bien qu’une personne est plus heureuse lorsque ses besoins en services de santé et services sociaux sont comblés et qu’elle en coûte ainsi certainement moins cher au gouvernement et aux contribuables. 

Nous vous demandons donc d’investir dans le soutien à domicile pour prévenir d’autres drames, éviter l’isolement des personnes en situation de handicap et leur donner la chance de vivre une véritable inclusion au sein de la société québécoise.

— Cosignataires de l’équipe d’Ex aequo : Kéven Breton, Benoit Racette, Alexandra D’Amours et Jessica Cinq-Mars

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