INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

François Chartier invité à inventer la cuisine de demain

Mardi prochain, à l’occasion du tout premier congrès international Science & Cooking qui se tiendra à Barcelone, Sony et François Chartier annonceront que le sommelier et créateur d’harmonie québécois a été invité à collaborer à l’équipe de recherche d’un projet de nouvelles technologies en gastronomie, intitulé « AI x Robotics x Cooking ».

« C’est un truc de fou ! », lance au bout du fil François Chartier. Et c’est un euphémisme, dit-il. Représenté depuis un an par Sony à l’international (Sony Corporation, rappelons-le, ne fait pas que dans la musique et a été l’agent de Joël Robuchon), le Québécois installé à Barcelone n’a jamais manqué de projets.

Mais il n’avait probablement jamais imaginé participer à un laboratoire de recherche en compagnie des scientifiques les plus réputés du Japon et de la planète afin d’étudier les applications futures du « Robotics Cooking » et de l’intelligence artificielle (IA).

« C’est un projet qui englobe plusieurs projets. L’idée est de voir comment penser la “nourriture de demain”. Tout ça, dans un contexte de vieillissement de la population et où la cuisine et l’alimentation sont devenues un sujet très important. Aujourd’hui, les millénariaux se définissent plus par la cuisine que par leur habillement ou leur travail », constate François Chartier.

Sony travaille déjà sur les possibilités qu’ouvrent le « Robotics Cooking » et l’intelligence artificielle, notamment grâce à un partenariat annoncé en avril 2018 avec la Carnegie Mellon University, qui s’est donné comme mission d’explorer les possibilités d’optimisation de la préparation de nourriture, de la cuisson et de la livraison, ainsi que la création d’un tout nouveau robot.

Le résultat possible a été présenté par Sony en novembre dans une vidéo quelque peu surréaliste où des bras robotiques attachés à une cuisine futuriste assistent une famille lors de l’élaboration d’un repas ou servent des plats de haute gastronomie à un couple au restaurant.

S’il ne sait évidemment pas encore « où tout ça va le mener », à titre de membre honoraire de ce laboratoire, François Chartier pourra voir comment sa science des arômes peut propulser plus loin l’intelligence artificielle appliquée à la cuisine. 

« L’intelligence artificielle a le potentiel d’amener ma science à un autre niveau », lance-t-il, évoquant la possibilité de construire une « base de données de l’ensemble des molécules aromatiques et des recettes de la terre ». « C’est une opportunité en or d’aller plus loin ! »

Sa science et ses expertises pour la création d’harmonies pourraient, espère-t-il, aider à « humaniser » le rapport à la cuisine d’un éventuel robot. 

« L’IA n’a pas d’émotions. Elle peut penser, mais avec une direction, en générant des réponses. Elle n’a pas l’amour d’un cuisiner pour ses aliments. À travers mon expertise, je vais tenter d’ajouter un peu d’amour et d’émotion, de faire entrer en ligne de compte ce que l’être humain peut ressentir. »

— François Chartier

L’avenir nous dira où ce laboratoire de recherche nous mènera. Pour l’instant, après le congrès de Barcelone, Chartier s’envolera vers Austin, au Texas, pour donner une conférence au festival South by Southwest, le 10 mars.

Il y présentera ses plus récentes recherches et les prémisses de ce nouveau « projet social majeur », en plus de faire vivre aux 300 personnes qui s’entasseront dans l’énorme espace réservé par Sony pour l’occasion un aperçu d’une expérience aromatique, façon Chartier.

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