Pour l’amour de Cleveland

Evan Bush

Evan Bush annonce ses couleurs dans sa brève biographie Twitter : il est un mari, un père, un gardien de but et aime tout ce qui touche Cleveland de près ou de loin. Pour le natif de l’Ohio, cela inclut bien évidemment le domaine sportif, dont il est particulièrement avide. Cleveland a très longtemps traîné la réputation de ville perdante en raison d’une disette de 52 ans de ses équipes majeures. Jusqu’au titre des Cavaliers (NBA) en juin dernier, ses équipes ont accumulé les saisons perdantes et les défaites crève-cœur lors des matchs ultimes. Il s’y est tranquillement installé une sorte de fatalisme et une culture de la critique.

« Quand ton équipe est toujours sur le point de gagner, puis qu’elle perd, tu peux te plaindre. Mais après le titre, les fans à Cleveland disaient : “Ok, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?” Il n’y avait plus matière à se plaindre. Ça a pris un peu tout le monde par surprise, et voilà que maintenant, les Indians [baseball majeur] font bien avec une chance de se rendre en Série mondiale. C’est une bonne période pour les amateurs de sport à Cleveland », se réjouit le gardien de l’Impact.

En plus du soccer, Bush, qui a grandi à une trentaine de kilomètres du centre-ville de Cleveland, a joué au basketball et au football dans sa jeunesse. Il s’est également mis à suivre toutes les équipes sportives de sa ville. Encore aujourd’hui, son fil Twitter fait la part belle aux destinées des Browns (NFL), des Indians et des Cavaliers. Lorsque ces derniers ont défait les Warriors de Golden State au terme du septième match de la finale de la NBA, Bush arborait un large sourire, le lendemain, à l’entraînement.

« Dans ma jeunesse, les Indians étaient très bons, mais Cleveland est et sera toujours une ville de football. Je pense que les Cavs ont pris le deuxième rang en matière de popularité parce qu’ils ont été si bons dernièrement. » Et le soccer dans tout ça ? Bien avant de rejoindre l’Impact, en 2011, le gardien a brièvement porté les couleurs des City Stars de Cleveland. L’aventure de cette organisation n’a duré que trois saisons, dont une seule en première division de la USL. Aujourd’hui, Cleveland ne compte aucune équipe dans les trois plus hauts échelons du soccer nord-américain. L’AFC évolue dans un anonymat quasi complet au sein de la National Premier Soccer League, l’équivalent de la quatrième division. « Ça fait longtemps que l’idée d’une équipe en MLS a été lancée et peut-être qu’il y aura une équipe en USL dans les prochaines années. Je connais bien la communauté du soccer à Cleveland et, bien naturellement, je vais dire qu’il pourrait y avoir une équipe. Mais il doit bien y avoir une raison pour laquelle Cleveland n’a jamais été un candidat sérieux alors que les noms de Nashville ou de Detroit ressortent. Pourtant, Cleveland est de la même taille que ces villes, peut-être même plus grand. »

Une renaissance

À sa manière, le sport peut contribuer au renouveau d’une ville. Bush cite l’exemple de Pittsburgh où les succès des Steelers (NFL) et des Penguins (LNH) ont contribué à changer son image. Cleveland a, avant tout, pu miser sur un seul homme, LeBron James, pour redorer son blason. « Il a fait de Cleveland une ville où il fait bon être, pas seulement pour les autres joueurs de la NBA, mais aussi pour le monde des affaires », soutient Bush.

Au terme de sa carrière, le numéro 1 montréalais ne cache pas qu’il retournera y vivre. D’autant plus que le Cleveland de son enfance ne représente plus celui d’aujourd’hui ou de demain. « Il y a une sorte de renaissance depuis 5 ou 10 ans. Quand j’étais plus jeune, il y avait toujours ces allusions à “Mistake by the Lake”, la rivière [Cuyahoga] avait pris feu dans les années 70 [NDLR : 1969] et la corruption était bien présente dans le milieu politique. À cause de problèmes dans l’industrie de l’acier, de nombreux emplois ont été perdus. Maintenant, tu serais étonné de voir la transformation. On compte de nouveaux édifices et de plus en plus de gens sont revenus au centre-ville. Je crois que le taux d’occupation des logements est de 98 %. C’est fantastique, surtout que la ville n’est plus aussi dangereuse qu’auparavant. Récemment, il s’est aussi organisé de gros événements comme la convention républicaine. […] La force de Cleveland, ce sont ces gens qui n’essaient pas d’être ce qu’ils ne sont pas. »

Confiance pour les Indians

Inutile de demander à Bush ce qu’il fera ce soir à 20 h. Après avoir balayé les Red Sox de Boston, ses Indians amorcent la série de championnat face aux Blue Jays de Toronto. L’optimisme règne malgré l’imprévisibilité du baseball. « J’ai entendu une statistique selon laquelle le baseball est le sport dans lequel l’équipe avec la meilleure fiche en saison possède le moins de chances de gagner le championnat. Tu as seulement besoin d’un ou deux solides lanceurs et s’ils peuvent bien lancer à deux reprises, ça te fait quatre victoires. Les Indians ont une bonne chance de gagner. Ils ont été fantastiques par leur façon de jouer et par la façon dont ils ont été gérés. »

Une année faste pour Cleveland

Au-delà de la victoire des Cavaliers, l’année 2016 a déjà été un bon cru pour les représentants de Cleveland. Les Monsters (Ligue américaine de hockey), le club-école des Blue Jackets de Columbus, ont remporté la Coupe Calder pour la première fois. Sur le plan individuel, le combattant Stipe Miocic, né en banlieue de Cleveland, a mis la main sur la ceinture des poids lourds de l’UFC, en mai. Il a défendu son titre avec succès, chez lui, le mois dernier. « Il est d’origine croate et, en jouant au soccer dans ma jeunesse, j’en ai côtoyé beaucoup. Plusieurs de mes amis le connaissent personnellement, mais, de mon côté, je ne suis pas un amateur de UFC, précise Bush. Quand il a gagné, ç’a été une grosse affaire. Quand j’ai su qu’il était champion du monde, je me suis dit : “Wow, c’est cool.” Il était partout en ville, aux matchs des Indians, des Cavs et des Browns. C’est un élément de plus qui te fait penser que Cleveland est au sommet en ce moment. »

Match capital contre le Toronto FC

Impossible de passer à côté d’un duel entre l’Impact et le Toronto FC, en fin de saison. L’an dernier, la victoire du Bleu-blanc-noir lui avait permis de décrocher l’avantage du terrain en séries. Cette année, l’Impact peut encore espérer dépasser son rival au classement. « Tous ceux qui ont vu le calendrier en début de saison ont compris que ce serait un match de la plus haute importance, comme celui de 2015, a rappelé Bush. Toronto est déjà qualifié pour les séries et, de notre côté, on peut finalement y parvenir lors d’un match à domicile. Ce sera un match excitant, et les deux équipes seront prêtes. »

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