Chronique 

Y a-t-il trop de bonne télévision ?

Vous devez absolument regarder Blue Moon. Et Victor Lessard. Et Feux. Et L’imposteur. Et Les pays d’en haut. Et Lâcher prise. Et Trop. Et Cardinal. Et Plan B. Et District 31.

Du côté anglophone, vous ne devez absolument pas rater The Handmaid’s Tale. Et Game of Thrones. Et Stranger Things. Et Westworld. Et Glow. Et Black Mirror. Et Atlanta. Et Suits. Et This Is Us. Et Transparent.

À part moi (et encore), qui a le temps de s’enfiler toutes ces bonnes émissions sans oublier d’arroser ses plantes, sortir les vidanges et nourrir les enfants ? Peu de gens, vraiment.

L’offre de téléséries captivantes ne cesse de croître et se répand sur une ribambelle de plateformes payantes comme le Club illico de Vidéotron, l’Extra de Tou.TV, Netflix, Amazon Prime, sans oublier les chaînes câblées chères comme HBO, Super Channel ou FX. S’abonner à tout ça finit par coûter un bras.

Et cette abondance de contenus intéressants décourage le téléspectateur, qui se perd dans cette mer de titres incontournables. Quoi, tu n’as pas encore entamé (insérez ici le nom de la série de l’heure) ? Tu es tellement en train de passer à côté de l’évènement de l’année !

Oui, il se fabrique énormément de bonne télévision, ici comme aux États-Unis. C’est un beau problème, un problème de société en santé, on s’entend. Mais selon le magazine Vanity Fair, ce foisonnement télévisuel a cependant un effet pervers : il rend la fidélité à une télésérie pas mal plus difficile qu’il y a 10 ans. Cette observation est très juste. 

Dès qu’il y a un peu de mou dans une intrigue, bonsoir, on abdique et on s’attaque au prochain phénomène. On butine d’une série à l’autre sans vraiment s’y attacher, à moins que ce soit franchement exceptionnel.

Comme des livres empilés sur une table de chevet, je ne compte plus le nombre de séries (Mr Robot, Fargo, Cheval-Serpent, The Affair) que j’ai entamées dans les derniers mois sans jamais les terminer, faute de temps ou d’intérêt.

La qualité de la télévision a tellement augmenté dans les dernières années qu’être « moyen ou bon » ne suffit plus. Il faut que ce soit excellent ou extraordinaire pour conserver notre attention. Sinon, nous partons à la recherche de notre prochaine dose de divertissement excitant. On remplace le vieux par du neuf.

Les séries qui se bouclent en un épisode, comme la franchise des CSI, n’ont plus la cote. Aujourd’hui, quand on adopte un nouvel univers télévisuel, on s’embarque pour plusieurs saisons. On y réfléchit alors à deux fois avant de nouer une (autre) relation à long terme.

C’est d’ailleurs ce qui rend les miniséries comme The Night Manager (Le directeur de nuit) plus attrayantes que jamais. Moins de 10 épisodes d’une heure et hop, c’est fini, pas besoin d’attendre sept ans pour connaître le dénouement de l’histoire.

À force de se débattre pour garder la tête hors de l’eau, regarder la télévision ressemble quasiment plus à une tâche qu’à un loisir. 

Quand je m’enfonce dans mon sofa, je sais exactement ce que je vais regarder, selon un ordre précis. Mon enregistreur numérique déborde et il faut que je le vide, pour le remplir de nouveau, évidemment.

Je ne perds plus de temps avec des productions bâclées ou juste moyennes. Je ne zappe plus d’une chaîne à l’autre en espérant tomber sur un truc potable. Mon horaire de visionnement, comme celui d’un enfant inscrit à 12 activités parascolaires, est planifié et structuré.

Je consomme ma télé de façon efficace, comme plusieurs d’entre vous. Car nos heures libres passées devant de la télé, on veut bien les meubler. Et par-dessus tout, on espère ne rien manquer.

Bon début pour Les chefs !

Vous aviez réclamé – à grands cris – le retour de la version originale des Chefs ! à Radio-Canada et vous avez été 651 000 curieux au rendez-vous, lundi soir. C’est un meilleur score que celui enregistré, à pareille date, par Le combat des villes (491 000).

À titre comparatif, la première diffusion de l’émission Les chefs ! – La brigade, pilotée par Chantal Fontaine, avait intéressé 741 000 personnes à l’été 2015. Un an auparavant, la première émission de l’édition des Chefs ! – La revanche, qui réunissait les meilleurs cuistots des années précédentes, avait réuni 885 000 fans devant leur poste.

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