ENTENTES DE MOBILITÉ DE LA MAIN-D’ŒUVRE

Christine St-Pierre manifeste son impatience face au corporatisme des ordres professionnels

Le gouvernement du Québec a prévenu hier les 46 ordres professionnels qu’ils devront faire preuve de plus d’ouverture, car il a entrepris des discussions avec la Belgique, le Maroc, la Suisse et l’Italie pour parvenir à des ententes de mobilité de la main-d’œuvre et ainsi ouvrir les frontières à des professionnels comme des médecins, ingénieurs et travailleurs sociaux.

La ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, a manifesté son impatience devant les ordres qui se montrent « protectionnistes sinon corporatistes », lors d’un discours qu’elle prononçait hier à l’occasion de l’assemblée annuelle du Conseil interprofessionnel du Québec (CIQ).

« Il faut s’ouvrir et permettre aux étrangers de pratiquer leur passion ici. Je compte sur votre ouverture », a lancé Mme St-Pierre.

Cette dernière a dit souhaiter que les pourparlers puissent aboutir à un accord comme celui qui existe entre le Québec et la France, sur la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles. « C’est un modèle », a indiqué Mme St-Pierre.

Depuis 2008, l’entente avec la France a permis à 2000 professionnels français, dont un peu plus de 1000 infirmières et 144 médecins, de voir leur diplôme reconnu au Québec. Mais il faut aller plus loin, a souligné la ministre aux ordres professionnels, rappelant que l’immigration n’est pas une option au Québec, mais une nécessité.

BLOCAGE

En marge de l’assemblée, la ministre a précisé à La Presse qu’il s’agit, pour l’instant, de « placer les jalons pour entamer le processus réel de négociations avec des échanges de documents ». Ces discussions préliminaires se déroulent avec la Belgique, le Maroc, la Suisse et l’Italie. L’objectif du Québec est de faire face à une pénurie de main-d’œuvre qui s’accentue avec le vieillissement de la population.

La ministre des Relations internationales a également souligné à La Presse que le gouvernement « est impatient » parce que certains ordres professionnels sont très lents à régler des dossiers de reconnaissance des qualifications. Du côté des vétérinaires, il y a même un « blocage », a-t-elle mentionné.

« Les ordres professionnels, en général, sont protectionnistes sinon corporatistes, mais leur but dans la vie, c’est de protéger le public. »

— La ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre

Or, elle a rencontré de la résistance comme l’a constaté La Presse à l’assemblée de la CIQ. Le porte-parole d’un ordre a dit à la ministre que les ordres avaient mauvaise presse et qu’il fallait que le gouvernement juge de leurs actions en fonction du système professionnel en place plutôt que sur les articles ou les opinions exprimées dans les médias et les anecdotes racontées par des chauffeurs de taxi.

Le représentant du Collège des médecins a expliqué que la profession médicale est contingentée et répartie sur le territoire selon des règles précises. « Le gouvernement ne peut pas faire la promotion de la mobilité à l’étranger et de l’immobilité de la main-d’œuvre à l’intérieur du territoire du Québec », a-t-il soutenu.

Un autre dirigeant d’un ordre a souligné qu’il n’y avait pas assez d’emploi dans certains secteurs professionnels. Ce dernier élément a fait réagir la ministre St-Pierre : « Ce n’est pas à eux de se préoccuper de ça. Les ordres ne peuvent pas priver des personnes de la reconnaissance de leur diplôme parce qu’ils croient qu’il n’y aura pas d’emploi pour eux ».

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