La Santé publique de Montréal hausse son niveau d’alerte sur le fentanyl

Au moins dix utilisateurs en ont consommé malgré eux depuis le 1er août, révèle une analyse

Face à une « réelle augmentation du nombre de surdoses » liées au fentanyl, la Direction de la santé publique de Montréal hausse son niveau d’alerte d’un cran. L’organisme a demandé hier au personnel médical de prélever des échantillons d’urine auprès de chaque personne admise pour une surdose.

Des résultats préliminaires fournis par un laboratoire de toxicologie confirment que le fentanyl, un opioïde d’une puissance jusqu’à 100 fois supérieure à celle de la morphine, est désormais bien présent dans les drogues de rue montréalaises.

Une cinquantaine d’échantillons d’urine recueillis depuis le 1er août auprès d’utilisateurs de drogues injectables ont été analysés à la demande de la DSP. « Dans dix cas, du fentanyl a été détecté, alors que ces personnes pensaient qu’elles consommaient de l’héroïne ou un mélange d’héroïne et de cocaïne. Ça confirme que les utilisateurs de drogues montréalais sont exposés à leur insu au fentanyl », indique la Dre Carole Morissette, médecin-conseil à la Direction de la santé publique.

De nouveaux prélèvements d’urine seront obligatoirement faits dès l’admission à l’hôpital de personnes qui font une surdose. « Nous demandons aux médecins de nous aider à mieux documenter la situation. Nous voulons analyser ces échantillons pour voir s’il y a présence de fentanyl ou encore d’autres substances plus rares », ajoute la Dre Morissette.

« Jusqu’à maintenant, nous avons eu une excellente collaboration des utilisateurs de drogues. Ils veulent vraiment savoir ce qui se passe. »

— La Dre Carole Morissette, médecin-conseil à la Direction de la santé publique

12 morts à Montréal

Le Bureau du coroner a confirmé jusqu’à maintenant 12 morts à Montréal liées à cette substance. Au moins 24 autres surdoses ont nécessité l’administration de naloxone, antidote qui stoppe temporairement les arrêts respiratoires provoqués par le fentanyl. Les ambulanciers d’Urgences-santé ont administré 13 de ces doses, tandis que 11 autres l’ont été par des pairs qui avaient obtenu la naloxone grâce à un programme d’accès gratuit.

Il y a deux semaines, une vague de surdoses a surpris les usagers et les organismes d’aide dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Après sept surdoses non mortelles constatées en une seule journée, la DSP a déclenché un protocole d’urgence, et les policiers du SPVM ont procédé à l’arrestation urgente de cinq revendeurs.

Des recommandations pour les consommateurs

La Direction de la santé publique a également publié une série de recommandations à l’intention des consommateurs de drogues par injection : 

Ne pas consommer seul.

Ne pas consommer tous en même temps si vous êtes plusieurs.

Diminuer la dose pour voir l’effet.

Avoir de la naloxone disponible.

Appeler le 911 en cas de surdose (la loi des bons samaritains protège la personne de toute sanction).

Consommer dans des centres d’injection supervisés.

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