Cinq remplaçants potentiels

Le nom de cinq personnes circule dans les corridors de l’hôtel de ville pour prendre les rênes de l’administration municipale. Tour d’horizon.

Rachel Laperrière

Le nom de Mme Laperrière revient depuis plusieurs années pour prendre la tête de l’administration municipale. Il faut dire qu’elle a déjà occupé la direction générale de façon intérimaire à deux reprises. Elle a été la première femme à occuper le poste, alors qu’elle a été appelée à remplacer Claude Léger, en 2009, puis Louis Roquet, en 2012. Après un passage comme sous-ministre à la Culture, Rachel Laperrière est revenue à la Ville de Montréal, où elle est aujourd’hui directrice de l’arrondissement de Montréal-Nord.

Jérôme Unterberg

Maire d’Outremont de 1995 à 2001, Jérôme Unterberg lorgne également ce poste depuis plusieurs années. Celui-ci a notamment été sous-ministre adjoint au ministère des Affaires municipales de 2010 à 2016, puis au ministère des Transports.

Alain Dufort

Le directeur général de l’arrondissement de Ville-Marie, que dirige Valérie Plante, s’est taillé une réputation enviable au sein de la nouvelle administration. En plus de s’occuper du centre-ville, Alain Dufort a la responsabilité de la concertation des arrondissements, c’est-à-dire les services communs aux 19 arrondissements.

Isabelle Cadrin

Directrice générale de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Isabelle Cadrin est bien en vue au sein de Projet Montréal.

Peggy Bachman

La responsable du Bureau des relations gouvernementales et municipales, Peggy Bachman, aurait impressionné la nouvelle administration, notamment dans la gestion du dossier de la hausse de taxes des villes liées. Une source indique que sa vigilance a permis d’éviter que la situation tendue au moment de l’adoption du budget ne dégénère.

— Pierre-André Normandin, La Presse

Montréal

Plante impose un changement à la direction générale

Valérie Plante a démis de ses fonctions le directeur général de Montréal, Alain Marcoux. En se séparant de l’homme arrivé en poste sous Denis Coderre, la mairesse dit vouloir « marquer la fin de la transition » avec son prédécesseur et donner un nouvel élan à son administration.

Cinq mois après son arrivée à la mairie de Montréal, Valérie Plante a décidé de battre ses cartes à la direction de la Ville. En plus du départ d’Alain Marcoux, d’autres changements sont également à prévoir aux plus hauts échelons de la direction de la Ville, a-t-elle prévenu.

« Nous avons jugé préférable d’effectuer le changement et la modernisation de la Ville avec une direction générale renouvelée. »

— Valérie Plante, mairesse de Montréal

Tensions

Ce départ n’a pas surpris la professeure Danielle Pilette, de l’UQAM, spécialiste des affaires municipales. « Alain Marcoux a fait beaucoup d’efforts pour s’adapter à Projet Montréal, mais ça allait un peu à l’encontre de ses objectifs de grande performance financière. Ça impliquait de rationaliser beaucoup dans les arrondissements et la nouvelle équipe est très susceptible sur ce sujet », a indiqué Mme Pilette.

Chez Projet Montréal, on souffle d’ailleurs qu’Alain Marcoux avait continué à diriger Montréal comme sous Coderre, en imposant des compressions sans obtenir l’aval des élus. L’épisode de l’abolition du programme Livres dans la rue illustre bien les tensions suscitées par cette situation. L’administration Plante avait mal digéré de découvrir cette compression dans les médias, reprochant au directeur général d’avoir fait passer cette décision sous le radar dans la préparation du budget.

Climat de travail

Le départ d’Alain Marcoux pourrait aussi marquer une tentative pour calmer la grogne chez les syndicats qui reprochaient au directeur général ses efforts de « performance organisationnelle », dans le but d’en faire plus avec moins de personnel. Lundi, lors de la séance du conseil municipal, des cols blancs ont manifesté pour réclamer des modifications plutôt techniques à leurs conditions de travail.

« D’après ce que j’entends, les relations de travail étaient difficiles avec certains groupes, même avec les cadres. M. Marcoux est quelqu’un qui en donne beaucoup, mais il en demandait beaucoup », a noté Danielle Pilette.

« Il était très exigeant, peut-être avec raison avec les rémunérations élevées à la Ville de Montréal. »

— Danielle Pilette, spécialiste des affaires municipales

L’Association des pompiers de Montréal s’est d’ailleurs publiquement réjouie du départ d’Alain Marcoux, disant que son arrivée avait entraîné une détérioration des relations de travail à la Ville.

Après avoir annoncé le départ de M. Marcoux hier, la mairesse a d’ailleurs immédiatement tenu à envoyer un message aux employés. « Nous allons continuer à valoriser votre travail », leur a-t-elle assuré.

Moment délicat

Le remplacement du directeur général représentera un moment délicat pour la nouvelle administration qui devra éviter de retomber dans l’instabilité vécue avant l’arrivée d’Alain Marcoux. Rappelons que trois personnes se sont rapidement succédé à la direction générale de la Ville de 2009 à 2013, sans compter les intérims.

« C’est inquiétant puisque son départ menace la stabilité acquise depuis le début de 2014. En plus, ce départ survient au moment où il faudra désigner prochainement un directeur du Service de police et un inspecteur général. Grosses commandes pour une nouvelle équipe politique », a observé Danielle Pilette.

L’administration Plante dit avoir déjà déclenché le processus de sélection du futur directeur général, sa désignation devant avoir lieu d’ici trois mois. « On a tracé les grandes lignes du profil qu’on recherche, mais on veut se laisser des portes ouvertes, pour aller dans des réseaux de personnes à qui on n’aurait peut-être pas pensé d’emblée », a indiqué la mairesse.

« Un gentleman »

Valérie Plante a assuré que ce départ ne devait pas être perçu comme un désaveu du travail de M. Marcoux. Elle a d’ailleurs dit vouloir exprimer sa reconnaissance à celui qui a consacré 50 ans de sa vie au service public.

« [Alain Marcoux] laissera derrière lui une ville bien organisée, efficace et performante. C’est vraiment un gentleman qui a le service public dans la peau. »

— Valérie Plante

Député péquiste de 1976 à 1985, Alain Marcoux a occupé trois postes de ministre dans le gouvernement de René Lévesque, puis de Pierre Marc Johnson. Après un passage comme directeur général du Parti québécois, il a fait le saut sur la scène municipale en devenant directeur général de Sainte-Foy en 1991, puis de Québec en 2006, avant d’occuper le poste de plus haut fonctionnaire de Montréal depuis 2013.

L’ex-maire Denis Coderre avait réussi à le convaincre de quitter la capitale pour venir faire le ménage dans l’appareil municipal montréalais, malmené à l’issue d’un important scandale de collusion et de corruption. Le parti Ensemble Montréal, qui a succédé à Équipe Coderre, a d’ailleurs rendu hommage au travail effectué par M. Marcoux. « Il a été à la base d’importantes réformes qui ont permis à la Ville de retrouver une santé financière et de consacrer une part toujours plus grande d’investissements dans les infrastructures de voirie et d’eau », a déclaré le chef de l’opposition, Lionel Perez.

Alain Marcoux n’était pas présent aux côtés de la mairesse pour l’annonce de son départ. Il a également décliné les demandes d’entrevue de La Presse. L’homme a souvent préféré demeurer discret face aux médias, se présentant devant les caméras seulement lors des budgets pour expliquer comment il entendait appliquer les priorités fixées par les élus.

« Cette séparation se fait de façon harmonieuse », a néanmoins assuré Valérie Plante. L’actuel directeur général restera en poste le temps que son successeur soit désigné. M. Marcoux, qui recevait un salaire annuel de 315 000 $, ne touchera pas d’indemnité de départ, n’en ayant pas demandé dans le contrat de huit ans (qui pouvait être résilié en tout temps) qu’il a signé en 2013.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.