Village Urbain

Le projet de cohabitat à Lachine en voie de se concrétiser

Village Urbain, un organisme à but non lucratif qui désire faciliter la construction de logements en cohabitat au Québec, devrait franchir une première étape cruciale, en juillet, en faisant l’acquisition d’un terrain à Lachine.

« On est super contents », indique Estelle Le Roux Joky, qui a cofondé Village Urbain avec Pascal Huynh et qui travaille aussi étroitement avec Lucy Chen. « Mais on va attendre d’être passés chez le notaire avant de célébrer. »

« On voit le besoin, donc c’est sûr que ça nous motive, précise la directrice générale de l’organisme. Quand on a démarré, avec l’incubateur de la maison de l’innovation sociale, en 2019, il y avait déjà un début de crise du logement. On voyait les populations de plus en plus âgées, les gens de plus en plus seuls chacun de leur côté, avec de moins en moins de connexions entre eux. Le terreau était déjà très fertile pour le cohabitat, qui permet une vie plus collective. En mars 2020, la pandémie est venue exacerber toutes les questions d’isolement social et nous a mis le vent dans les voiles. »

Intérêt écologique et économique

Le cohabitat intéresse des gens qui ont envie d’être moins seuls, de partager un repas de temps en temps et de faire des activités avec leurs voisins. « Chacun a son propre logement complètement indépendant, avec sa propre cuisine, sa salle de bains, etc., mais les logements sont réduits au minimum, puisque les résidants ont des espaces et des ressources en commun, comme une grande cuisine collective, un espace de travail ou un atelier, où les gens ont l’occasion de se rencontrer, précise-t-elle. Cela représente un intérêt évidemment d’un côté écologique, mais aussi économique, en créant un mode de vie abordable. »

Village Urbain travaille sur différents projets, dont un à Laval, où un emplacement n’a pas encore été trouvé. Le plus avancé se trouve à Lachine, où une consultation publique et un référendum ont eu lieu. Le terrain, qui devrait être acquis en juillet et où serait construit un complexe de trois et quatre étages comportant une trentaine de condos et une dizaine de logements locatifs, est situé rue Notre-Dame, à l’emplacement de l’ancien commerce Vitrerie Lachine.

« On pourrait se qualifier de promoteur immobilier communautaire, dans le sens où on cherche des terrains, on conçoit des projets, on les développe, puis on les vend ou on les loue. Mais on est un organisme à but non lucratif et on vise de faire du cohabitat qui demeurera abordable à long terme. »

— Estelle Le Roux Joky, cofondatrice de Village Urbain

La première étape qui sera bientôt franchie, l’achat du terrain à Lachine, ne pourrait se faire sans le soutien financier de la Caisse d’économie solidaire Desjardins et d’une organisation philanthropique, qu’Estelle Le Roux Joky considère comme des partenaires.

La réussite d’Habitat Québec

« L’enjeu sur lequel travaille Village Urbain est devenu encore plus pertinent au cours de la dernière année, pas seulement dans la région montréalaise », estime André Fortin, directeur de comptes et conseiller stratégique en habitation, services aux entreprises collectives, à la Caisse d’économie solidaire Desjardins.

« Village Urbain essaie de créer quelque chose qui va être abordable au départ et qui va tenter de le rester, en introduisant des mécaniques telles la création d’une fiducie foncière et des clauses dans les contrats d’achat, pour faire en sorte que les unités ne deviendront pas moins abordables au fil des ans, explique M. Fortin. Le premier projet du genre, Habitat Québec, qu’on a appuyé financièrement et qui s’est fait en 2013, est une réussite extrêmement importante sur les plans architectural, environnemental et communautaire, mais de leur propre aveu, les propriétaires ont un petit problème parce qu’ils n’ont pas prévu au départ de limiter la valeur des unités. Ce projet a été abordable au début et l’est de moins en moins au fil des reventes.

« Estelle est une entrepreneure sociale très intéressante, poursuit-il. Non seulement elle veut faire un projet à Lachine, mais elle veut également utiliser ce modèle pour le répéter un peu partout au Québec. Elle veut aussi créer une mécanique qui va permettre à des locataires de devenir propriétaires, pour assurer une rotation en matière de mixité sociale. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.