Opinion

Qui se préoccupe des services sociaux à Québec ?

En avril dernier, nous demandions une rencontre avec le ministre de la Santé et des Services sociaux, M. Gaétan Barrette, afin de faire le point avec lui sur un ensemble de situations qui mettent en péril l’accessibilité, la quantité et la qualité des services sociaux généraux offerts par le réseau public de santé et de services sociaux.

Cette demande étant demeurée sans réponse, nous souhaitons faire partager nos inquiétudes avec la population.

Les services sociaux font de plus en plus office de parent pauvre dans le tandem santé et services sociaux.

Ce déséquilibre entre les deux missions du ministère de la Santé et des Services sociaux se traduit par un recul de la défense des droits sociaux et économiques et de la promotion de la justice sociale. En plus d’intervenir auprès de personnes aux prises avec des situations de plus en plus complexes, les travailleurs sociaux voient leur autonomie professionnelle menacée et leurs conditions de pratique se dégrader.

Depuis la mise en œuvre de son plan de restructuration du réseau de la santé et des services sociaux, le ministre Barrette ignore totalement les signaux qui se font pourtant de plus en plus nombreux. Une telle réforme aurait nécessité une approche chirurgicale plutôt qu’une attaque à la tronçonneuse.

RECOMMANDATIONS IGNORÉES

Déjà, au moment de l’étude du projet de loi 10 (restructuration du réseau et abolition des agences) nous lui proposions la mise en place d’un comité consultatif chargé de suivre la restructuration de près et d’informer le ministre des problèmes, le cas échéant. M. Barrette n’a pas cru bon retenir cette recommandation, pas plus que celles énoncées par un grand nombre d’organisations et de personnes qui lui demandent de prendre une pause pour faire le point. Et est-il nécessaire d’ajouter le sort réservé au Commissaire à la santé et au bien être ?

Bien qu’en principe nous n’ayons rien contre la présence de certains professionnels, dont des travailleurs sociaux, au sein des GMF, nous avons toujours soutenu que cela ne devait pas se faire au détriment des services sociaux généraux offerts en CLSC et ailleurs dans les CISSS. Or, comment le réseau public – dont c’est pourtant le mandat – pourra-t-il maintenir l’accessibilité aux services sociaux généraux dans un contexte de cliniques privées où seules les personnes membres des GMF pourront avoir accès à un travailleur social ?

Si les travailleurs sociaux sont « prêtés » aux GMF, mais conservent leur lien d’emploi dans le réseau et leur autonomie professionnelle, c’est une chose ; s’ils deviennent ni plus moins que des « plateaux techniques » pour les médecins et que leur départ des CLSC n’est pas compensé par l’arrivée de nouveaux travailleurs sociaux, ça ne va plus.

Pour nous, seul le réseau public de santé et de services sociaux est en mesure de garantir l’autonomie des professionnels ainsi que l’accessibilité, l’universalité et la gratuité des services sociaux. Sur ce dossier comme sur bien d’autres, le ministre fait la sourde oreille. Cette attitude nous amène donc à nous poser la question suivante : qui, au sein de ce gouvernement, se soucie véritablement des services sociaux et de l’impact de leur effritement sur la population ?

Enfin, nous réitérons au ministre de la Santé et des Services sociaux notre demande de rencontre afin d’échanger avec lui autour de ces enjeux fondamentaux.

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