Opinion : Légalisation de la marijuana

Des vérités dont on entend peu parler

Plusieurs questions se posent toujours face à l’utilisation légale de la marijuana. Le Collège des médecins et d’autres spécialistes en santé croient que la consommation de marijuana constitue un danger pour la santé physique et mentale de tous les consommateurs.

La sénatrice albertaine Betty Unger a d’ailleurs bien résumé les 10 principaux mythes sur la marijuana.

La marijuana ne cause pas le cancer :

le risque de cancer du poumon augmente de 200 % chez les fumeurs de cannabis.

La marijuana ne cause pas de maladies pulmonaires :

un fumeur moyen développe une bronchite chronique et d’autres problèmes respiratoires à 41 ans, soit 20 ans avant les fumeurs de cigarettes.

La marijuana n’affecte pas la santé mentale :

l’utilisation avant la vie adulte peut causer des troubles mentaux permanents.

Fumer de la marijuana est plus sécuritaire que fumer du tabac :

les fumeurs peuvent souffrir des mêmes problèmes que les fumeurs de tabac.

La marijuana ne crée pas de dépendance :

une personne sur six qui l’utilise durant l’adolescence développera une dépendance.

La marijuana cause des impacts mentaux temporaires :

les adolescents qui l’utilisent sur une longue période peuvent souffrir de troubles de mémoire et de raisonnement.

La marijuana légale devient moins attirante pour les jeunes :

la légalisation l’a rendue plus populaire chez les jeunes dans certains États américains ; plus d’adolescents fument de la marijuana que la cigarette, selon le US Center for Disease Control.

La légalisation de la marijuana va réduire l’action du crime organisé :

plusieurs études montrent que le crime organisé a peu d’implication dans l’industrie du cannabis. Il s’agit plutôt de petits groupes d’individus séparés les uns des autres.

La légalisation de la marijuana n’aura pas d’impact sur les enfants :

tout comme pour le tabac, il y a le problème de la fumée secondaire ; la fréquence d’appels aux centres antipoisons pour des enfants intoxiqués en mangeant accidentellement des gâteaux à la marijuana a triplé dans les États qui l’ont décriminalisée depuis 2005.

La marijuana n’affecte pas la conduite automobile :

elle double le risque d’accident parce que les utilisateurs présentent un temps de réaction plus lent. Le cannabis est la drogue la plus fréquemment impliquée dans la conduite sous l’action des drogues.

Voilà des vérités dont on entend peu parler et auxquelles il faudra faire face dans les années qui viennent.

Minimiser les dangers

Comment pourra-t-on minimiser les dangers de la consommation de marijuana ? L’Association pour la santé publique du Québec offre certaines pistes : l’âge minimal de 21 ans requis pour l’achat du produit ; restrictions en matière de publicité et de commercialisation afin de minimiser l’attractivité des produits ; davantage d’études scientifiques sur les effets sur la santé ; taxation et établissement des prix ; réinvestissement des sommes perçues dans le contrôle de la production, de la distribution et de la vente, dans les programmes de prévention et de recherche.

Les partisans de la légalisation parlent des retombées économiques qu’engendreront le contrôle et la vente du cannabis. Ils oublient les coûts qui toucheront les finances publiques à cause de l’augmentation des besoins de soins autant en santé physique que mentale.

Qui paiera pour ces nouveaux malades ? Comment réagira le système de santé face à l’accroissement des cas ?

Il y aura un prix important à payer. La ministre fédérale en est bien consciente quand elle a rapporté que l’argent généré par la vente de marijuana n’est pas le seul aspect de la législation.

Au point de vue médical, comment s’assurer du contenu de substance active d’un producteur à l’autre ? Quelle est la dose efficace pour une pathologie donnée ? Quels sont les contre-indications et effets secondaires notamment pour les patients qui ne sont pas en phase terminale, souffrant de sida, de sclérose en plaques ou d’arthrite sévère ? Quelles sont les interactions médicamenteuses de ce produit avec les autres médicaments que ces malades utilisent ? Quels sont les effets à long terme de ce type de traitements ?

Les médecins ne doivent pas engager leur responsabilité pour un produit dont l’efficacité n’a pas été démontrée de façon certaine par la recherche. Ils doivent par contre s’investir dans la sensibilisation, la prévention et la recherche afin de prévenir le plus de tort possible causé par la marijuana pour tous.

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