Opinion Le Québec dans l’œil du monde

La leçon du suricate

Vous êtes-vous déjà demandé qui sont les Québécois les plus en vue dans la presse internationale ? Ceux qui permettent au Québec de rayonner et de bâtir peu à peu notre équité de marque ? Les porte-étendards qui font tourner les têtes et sont les preuves éloquentes de notre dynamisme, de notre créativité et de notre sens de l’innovation ?

Vous vous souvenez peut-être de Thierry Hinse-Fillion, ce sympathique policier de Longueuil, amateur de planches à roulettes. Celui-ci avait généré plus d’une centaine de reportages dans la presse étrangère en septembre dernier.

Outre ce bref épisode anecdotique, nous pouvons, sans nous tromper, donner la palme chaque semaine à Céline Dion, Eugenie Bouchard, Carey Price ou Robert Lepage. Il arrive aussi régulièrement que Philippe Couillard, ou l’un de ses ministres, soit la saveur médiatique du jour.

Ambassadeur nouveau genre

Nous nous sommes trouvé un nouvel ambassadeur. Un individu qui fait rayonner tout le Québec… ainsi que le zoo de Granby.

Un suricate !

Oui, oui, cette petite bête originaire d’Afrique. (Avouez que cette chronique n’aurait pas eu le même impact le jour du poisson d’avril !)

En fait, il s’agit de quatre mâles suricates qui proviennent du zoo de Granby et qui se retrouvent au zoo de Los Angeles. L’agence Associated Press en a fait une manchette qui a rapidement trouvé preneur un peu partout aux États-Unis. La télé s’est ensuite emparée de l’histoire avec des images savoureuses comme les adorent les réseaux sociaux.

Le résultat est sans appel. Près de 29 % de la visibilité internationale d’un représentant du Québec, la semaine dernière, est associée aux suricates du zoo de Granby. C’est près de 1100 mentions à la télé, à la radio, dans les journaux et sur le web aux États-Unis.

Il faudrait peut-être repenser à notre harfang des neiges. Je blague !

Quoi qu’il en soit, Céline Dion arrive deuxième avec 4 % et Claude Julien n’est mentionné que dans 1,4 % des cas. Aussi, nos quatre petits mousquetaires ont été 120 fois plus médiatisés à l’étranger que notre premier ministre québécois ! Ce n’est pas peu dire.

Sans avoir réalisé une étude approfondie, on peut affirmer sans se tromper que c’est la première fois que nous assistons à ce phénomène dans l’histoire contemporaine des médias. La première fois que nous confions les clés de l’ambassade médiatique du Québec à une bête.

Qui étaient les prédécesseurs des suricates ? Gaétan Barrette et nos médecins, qui souhaitent diminuer leur rémunération, et Justin Trudeau dans ses beaux habits traditionnels indiens.

Disons que c’est plus léger cette semaine !

Là où le bât blesse encore et encore, c’est que chaque fois que nous dressons un tel palmarès, nous trouvons les gens d’affaires en fin de peloton. En moyenne, les représentants du Québec Inc. ne constituent que 3 à 5 % de la visibilité accordée à des représentants québécois dans la presse étrangère. La semaine dernière, la proportion a chuté à seulement 1 %.

Que peut donc être la cause de ce phénomène ?

Ne valorisons-nous pas assez nos gens d’affaires ? Peut-être.

Nos leaders économiques sont-ils trop discrets ou humbles ? Peut-être.

Pourtant l’économie va très bien et la communauté des affaires démontre régulièrement son sens de l’innovation par des accomplissements de tous genres.

Le mystère demeure entier…

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