Actifs au quotidien

Le bonheur a une roue

Karim Kammah
31 ans
Consultant en systèmes d’information
Montréal
Se déplace à monocycle, 12 mois sur 12.

Quand avez-vous commencé à faire du monocycle ?

J’avais 17 ans. J’étais dans un groupe, disons, de cirque, au lycée. Quelqu’un avait un monocycle et je lui ai demandé de m’apprendre. Au début, c’était juste pour m’amuser. Après, en regardant des vidéos, je me suis rendu compte qu’on pouvait faire beaucoup d’autres choses avec un monocycle. On peut l’utiliser comme moyen de déplacement, on peut faire du « trial » [NDLR : pratique du monocycle sur des troncs, des rochers, des escaliers, etc.], du tout-terrain, du basket, des figures comme en skateboard. Je m’y suis remis pas mal plus intensément. J’ai commencé à aller au travail à monocycle et à m’en servir tous les jours.

Tous vos déplacements se font en monocycle ?

Oui. L’avantage du monocycle, c’est que je fais quand même un minimum de sport pour me rendre au travail. Si, en sortant de la job, j’en envie de passer par le mont Royal, je le fais. Si je veux passer voir des amis, je fais du sport en y allant à monocycle. Et le week-end, je fais parfois des balades de 50 ou 100 km, pour aller à Lachine ou aux îles de Boucherville.

Comment réagit un monocycle dans la neige et la glace ?

Ça dépend du pneu ! Je suis à Montréal depuis 2014, avant je vivais en France. À Montréal, je me suis vite rendu compte que la glace, c’est quand même dangereux. J’ai acheté un pneu avec 220 clous dessus et depuis, je n’ai jamais eu de problème. J’ai fait quatre hivers à monocycle.

Combien avez-vous de monocycles ?

J’en ai quatre. Un pour m’amuser. Celui que j’utilise tous les jours et pour faire du tout-terrain. J’en ai un avec une roue plus grande, de 36 po, pour faire de longues distances. Et j’en ai un pour le basket. En France, je faisais partie d’une équipe de basket à monocycle, mais depuis que je suis à Montréal, je n’en trouve pas. J’ai quand même espoir qu’un jour, on en aura une à Montréal.

Que répondez-vous aux gens qui trouvent que c’est risqué ?

Le seul risque, c’est de ne pas voir un nid-de-poule. C’est comme à vélo : s’il y a un nid-de-poule et que tu ne l’as pas vu, tu vas tomber. L’avantage que j’ai, c’est que 99 % du temps, je retombe sur mes pieds, alors que le monocycle tombe derrière moi. Je n’ai pas de guidon qui me gêne. Je suis tombé une fois ou deux, je me suis un peu râpé les mains, mais rien de grave. Je fais attention. Je roule à moins de 20 km/h. Je peux freiner rapidement, il suffit d’arrêter de pédaler ou de sauter. J’ajouterais que les collisions mortelles où un cycliste a été identifié comme fautif, c’est extrêmement rare. Je pense qu’on a installé sept vélos fantômes [NDLR : pour marquer le lieu de la mort d’un cycliste] depuis que je suis à Montréal. De mémoire, c’était toujours la faute de l’automobiliste, du camionneur ou des infrastructures.

Qu’aimez-vous dans le monocycle ?

C’est une sensation de liberté et c’est du fun. Ça fait travailler tous les muscles ainsi que la posture. Au Japon, les enfants ont des cours de monocycle à l’école, parce que ça donne une bonne posture, bien droite. Le monocycle est aussi plus souple que le vélo. Si tu en as marre de « rider » ou si tu dois aller loin, tu peux prendre le métro avec ton monocycle sans gêner personne. Ça entre aussi dans un coffre d’auto. Ça a beaucoup d’avantages.

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