La soirée de Gallagher

Le petit attaquant atteint pour la première fois le plateau des 30 buts dans la victoire du Tricolore.

Analyse

La hantise de la défaite

Pour la première fois de la saison, Ian Gallagher assistait à un match de son fils au Centre Bell, hier. Il a vu Brendan jouer à quelques reprises à l’étranger, mais pas encore ici cette saison.

Alors, comment a-t-il réagi en le voyant, en personne, atteindre la marque des 30 buts pour la première fois dans la Ligue nationale ?

« Il est content d’avoir vu une victoire. On est tous pareil dans la famille. Ce n’est pas plaisant de venir voir une équipe perdre. Il est juste content de nous voir gagner », a répondu Brendan Gallagher, le héros de la victoire de 4-2 du Canadien contre les misérables Red Wings de Detroit.

Les Wings sont misérables depuis un mois, mais le Tricolore, lui, l’est depuis le début de la saison. Dans cette traversée du désert, Gallagher a peut-être été la seule constante. Mais justement, la saison de 30 buts ne vaut pas grand-chose à ses yeux, sachant que la date de la fin de saison est déjà connue. Ce sera le 7 avril. C’est pourquoi Gallagher, comme son père, ne fait pas un grand cas des 30 buts. Il avoue d’ailleurs ne pas être très à l’aise d’en parler.

Alors respectons son souhait et parlons du reste : un effort tous les soirs, une attitude exemplaire qui se traduit par une hantise de la défaite, un esprit du sacrifice toujours présent.

Hier, Gallagher avait déjà deux buts au compteur, et le CH menait par deux. Il restait 20 secondes à jouer, la victoire était essentiellement en poche. Et c’est le petit numéro 11 qui s’est jeté devant une frappe de Martin Frk pour mettre fin à la menace. « Tout le monde aurait fait la même chose. C’était à mon tour. Mais il y en a plusieurs qui ont bloqué plus de tirs que moi, je ne suis pas au sommet dans cette catégorie », a humblement répondu Gallagher.

« C’était un exemple de son travail acharné, a fait valoir Claude Julien. Il ne se plaint jamais, il est dévoué, il donne l’effort qu’on attend de nos leaders. Il respecte ce qu’on fait, il va sur la glace et il fait son travail. Sa récompense est le genre de saison qu’il vit. »

Une vis par but !

Gallagher ne veut peut-être pas s’étendre sur ses exploits personnels, sa production offensive cette saison demeure tout de même cruciale aux succès de l’équipe. Avec Max Pacioretty, Jonathan Drouin et Artturi Lehkonen qui n’ont pas produit au niveau attendu, l’attaque du CH aurait été à sec sans la contribution de l’ailier droit.

Or, le travail accompli pour qu’il atteigne la trentaine cette saison mérite d’être souligné. Car l’an dernier, en 64 matchs, il en a seulement marqué 10, et ça a fait mal à l’équipe. Une deuxième fracture à la main gauche a laissé des traces. Ces traces prennent la forme de cicatrices bien visibles près de son auriculaire. « Ça dégoûte les gens », admet-il.

Hier, ce sont justement deux buts qu’il qualifie de « faciles » qu’il a marqués. Un en tentant une passe vers le filet, l’autre en faisant dévier un tir. « Pour moi, c’est plus facile de marquer comme ça que de battre un gardien avec un tir », explique-t-il. Le genre de but qu’il a toujours marqué, indépendamment de l’état de ses mains.

Mais on a aussi vu Gallagher déjouer les gardiens adverses sur de bons tirs des poignets cette saison. Or, quand on regarde sa main gauche, quand on s’informe sur ce qu’il a vécu pour guérir, on mesure un peu mieux le long chemin qu’il a parcouru.

« Je ne suis pas sûr de ce que j’ai dans la main. On m’a inséré trois tiges de métal et il y a environ 30 vis. » Assez pour déclencher le détecteur de métal à l’aéroport ? « Non, étonnamment ! »

Avec 30 vis dans la main, Gallagher a réussi à marquer 30 buts. Au-delà de la coïncidence statistique, l’exploit mérite d’être souligné. C’est à se demander ce que des coéquipiers plus talentueux et pas estropiés pourraient réaliser s’ils avaient la même fougue.

Prochain match : Canadien c. Penguins, samedi (19 h) à Pittsburgh

« La volonté, on l’a »

« On n’est pas aussi bons qu’on devrait en raison du manque d’expérience, mais pour ce qui est de la volonté, on l’a. Les joueurs ont agi comme des professionnels, et c’est important à leurs yeux s’ils gagnent ou perdent. Certains sont tannés de perdre et ça paraît. »

— Claude Julien

« Bloquer un tir, c’est la seule manière de jouer qu’il connaisse. Avec des joueurs comme ça, tu peux aller loin. »

— Claude Julien sur le tir bloqué de Brendan Gallagher en fin de match

« Je me sentais bien ce soir. Il y a eu quelques matchs dernièrement où je sentais que mon niveau d’énergie était plus bas, je ne patinais pas aussi bien. Ça arrive par vagues dans une saison de 82 matchs, selon le calendrier, j’imagine. Je ne me sentais pas fatigué ce soir. »

— Jeff Petry, qui montrait récemment des signes de fatigue

« C’est le genre de but que je marque. Vous savez, quand on ne sait pas trop que c’est moi qui ai marqué. »

— Brendan Gallagher sur ses buts qui ne sont pas toujours les plus beaux

« Ça aide de jouer avec Drouin et Gallagher qui réussissent à me trouver. Je suis chanceux d’avoir de bons coéquipiers. C’est un objectif d’atteindre 20 buts, mais j’échangerais ça pour être en séries, c’est sûr. »

— Paul Byron

Propos recueillis par Guillaume Lefrançois et Jean-François Tremblay, La Presse

Un premier but sur bande vidéo

Le premier but accordé hier par le Canadien sera certainement utilisé dans une prochaine séance vidéo dans la rubrique « Ce qu’il ne faut pas faire ». Une succession d’erreurs a mené au but de Gustav Nyquist. Ça a commencé dans le coin, derrière Carey Price, quand Brett Lernout a sèchement perdu sa bataille à un contre un devant Tyler Bertuzzi. Puis Henrik Zetterberg, pas inquiété du tout, a trouvé Nyquist seul au monde devant le filet de Price. Jonathan Drouin, très lent dans son repli, a été attiré par la rondelle et n’a jamais couvert son joueur. Drouin n’a d’ailleurs pas connu un très bon match défensivement. Sur le deuxième but des Wings, il a décampé bien avant que Nikita Scherbak puisse réussir sa sortie de zone. Résultat, Jonathan Ericsson a intercepté la rondelle, ce qui a mené au but de Bertuzzi. Drouin se retrouve avec de plus en plus de missions difficiles en défense, le prix à payer quand tu joues avec Brendan Gallagher et Paul Byron. Hier, il a passé l’essentiel de son temps contre le trio de Zetterberg. C’est le métier qui rentre. Cela dit, Drouin a terminé le match avec deux aides, obtenues en avantage numérique, et a contribué à préserver l’avance dans les dernières secondes. Il faut quand même le souligner.

Byron dans l’ombre

Il y a un joueur qui ne fait rien d’extravagant chez le Canadien. On ne voit pas que lui sur la glace, il n’est pas le plus extraverti dans le vestiaire. Pourtant, il fait plutôt bien à peu près tout. Ce joueur est Paul Byron. « Je ne sais pas si je suis sous-estimé. Les entraîneurs ont confiance en moi. Je joue beaucoup, dans toutes les situations. Si on ne me remarque pas, ça ne me dérange pas. Je vais continuer à faire la même chose. » Hier, il a marqué un but, son 19e de la saison. Brendan Gallagher a bien l’intention de l’aider à atteindre le plateau des 20 buts pour la deuxième saison de suite. « Depuis qu’on est allé le chercher, c’est facile de jouer avec lui. Il est tellement rapide. Il fait reculer la défense et il crée du temps et de l’espace. On l’a obtenu au ballottage et il a fait beaucoup plus que ce qu’on lui a demandé. Je vais essayer qu’il atteigne 20. Mais s’il continue comme ça, ça va bien aller. » Byron était sur la glace à la fin du match, après que les Red Wings ont retiré leur gardien, et il a frappé le poteau. Ça va venir.

Zetterberg refuse de vieillir

Henrik Zetterberg a tout vécu avec les Red Wings depuis qu’il s’est joint à l’équipe en 2002. Il a vécu les plus belles années, la Coupe Stanley de 2008, la séquence de présences en séries, il vit en ce moment les plus difficiles. La saison est à l’eau, et l’avenir n’est pas radieux à Detroit. Pourtant, le voici au centre d’un trio avec Tyler Bertuzzi et Gustav Nyquist, qui est, avouons-le, le seul dangereux chez les Wings. Il a été à l’origine du premier but avec une superbe passe. En début de deuxième période, il a fait mal paraître Noah Juulsen dans la zone du Canadien, avant de tirer la rondelle au-dessus du filet. Zetterberg, à 37 ans, jouera un rôle important de leader chez des Red Wings qui devront amorcer une reconstruction. Personne ne pourra lui reprocher de ne pas participer à la relance de l’équipe.

Les médaillés olympiques québécois salués

Avant le match, l’organisation du Canadien a souligné les performances de quelques-uns des médaillés québécois aux Jeux olympiques de PyeongChang.

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