Fréquences sans fil

Des profits de 337 millions pour Vidéotron 

Québecor n’aura pas lancé de réseau sans fil au Canada anglais, mais sa réflexion aura tout de même été très rentable : Québecor a fait des profits de 337,6 millions de dollars en revendant au cours des derniers jours toutes ses fréquences sans fil acquises au Canada anglais à Rogers et à Shaw.

La dernière transaction annoncée hier avec Shaw, qui générera des profits de 250 millions pour Québecor, survient le même jour où le président sortant du CRTC suggère de réglementer les prix de la téléphonie sans fil en raison du manque de concurrence au pays.

Vidéotron a revendu à Shaw pour 430 millions des fréquences achetées à environ 180 millions en 2014 et 2015, alors que le gouvernement fédéral voulait favoriser les nouveaux entrants dans son processus d’enchères. Il s’agit d’un profit de 250 millions en trois ans pour Vidéotron, soit une marge de profit de 139 %. Vendredi dernier, Vidéotron avait vendu pour 184 millions à Rogers des fréquences achetées à 96,4 millions en 2008. Sur ces deux transactions, le câblodistributeur appartenant à Québecor a fait des profits de 337,6 millions, soit une marge de profit de 122 %. Les coûts d’acquisition des fréquences sont tirés d’un rapport de la Financière Banque Nationale.

Après avoir acheté des licences de 2008 à 2015, Québecor a décidé de ne pas se lancer dans la téléphonie sans fil au Canada anglais, préférant se concentrer sur son réseau au Québec. L’entreprise a revendu toutes ses fréquences au Canada anglais au cours des derniers jours.

Selon le professeur Pierre Trudel, ces transactions lucratives de Vidéotron sont une preuve des « politiques publiques totalement erratiques des deux dernières décennies ». « Le marché n’est pas plus concurrentiel qu’auparavant. Ça me paraît très emblématique de la façon dont on réglemente les télécoms. L’idée de permettre le commerce des fréquences, je n’ai jamais été capable de voir une démonstration intelligente qui peut montrer que ça aide la concurrence », dit le professeur en droit des médias et des télécoms à l’Université de Montréal.

Réglementer le prix du sans-fil ?

Le président sortant du CRTC, Jean-Pierre Blais, estime aussi qu’il faut intervenir davantage afin d’accroître la concurrence dans le sans-fil. Dans son dernier discours à la tête du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), Jean-Pierre Blais suggère que l’organisme réglementaire devra « peut-être intervenir » en réglementant les prix de la téléphonie sans fil au pays si les prix actuels restent aussi élevés en raison du manque de concurrence. Actuellement, le CRTC réglemente les tarifs entre les entreprises de télécoms pour l’utilisation de leurs réseaux respectifs (les tarifs d’itinérance), mais pas les tarifs offerts aux clients.

« Jusqu’à ce que la situation actuelle évolue, si jamais c’est le cas, le Canada sera toujours aux prises avec un problème de prix élevés pour le sans-fil au détail », a dit M. Blais hier lors d’un discours au Festival mondial des médias de Banff. Le président sortant du CRTC estime que la neutralité du web et du sans-fil est un principe fondamental. Plusieurs de ses décisions à la tête du CRTC ont été dictées par le principe de la neutralité du web. « L’avenir passe par le web, ça devient extrêmement important, ça devient une plateforme de libre circulation des idées et des contenus », a dit Jean-Pierre Blais, dont le mandat se termine samedi, en entrevue à La Presse.

Dans le cadre des enchères de 2014-2015 sur les fréquences sans fil vendues hier à Shaw, toutes les entreprises de télécoms pouvaient miser sur les fréquences, sauf que les trois acteurs établis (Bell, Rogers, Telus) avaient un maximum moins élevé que les nouveaux entrants, afin qu’ils ne raflent pas toutes les fréquences. « Les licences étaient payées au prix du deuxième soumissionnaire, donc tout le monde a eu droit à un rabais », dit Johanne Lemay, coprésidente de la firme de consultation LYA spécialisée dans les enchères de fréquences.

Vidéotron ne pouvait pas vendre ses fréquences de 2014-2015 au Canada anglais à un membre du « Big 3 » des télécoms (Bell, Telus, Rogers) avant cinq ans. Par contre, elle pouvait les vendre sans contrainte à un nouvel entrant comme Shaw, qui a un réseau sans fil en Ontario et dans l’ouest du pays. La transaction avec Shaw doit être approuvée par le gouvernement fédéral et le Bureau de la concurrence.

« Par la vente de ces actifs, Vidéotron entend poursuivre ses investissements pour développer son réseau opéré au Québec et dans l’est de l’Ontario. L’entreprise vise notamment une forte expansion et densification de son réseau 4G, le déploiement de son réseau 5G ainsi que l’amélioration de son réseau filaire IP. Ces investissements permettront par ailleurs d’intensifier la concurrence sur les marchés filaires et sans fil au Québec et dans l’est de l’Ontario », a indiqué Québecor dans un communiqué.

Si Québecor a choisi de ne pas se lancer dans la téléphonie sans fil ailleurs au pays, c’est notamment en raison des coûts importants des réseaux ainsi que du refus d’Ottawa de forcer les opérateurs sans fil à partager leurs réseaux et réduire leurs tarifs d’itinérance entre eux.

Le gouvernement Trudeau estime que « les entreprises détenant une licence en bonne et due forme, comme c’est le cas de Vidéotron, peuvent transférer des licences de spectre à d'autres entreprises dûment licenciées avec l'approbation » d’Ottawa, qui autorisera les transferts de licence « dans les endroits où la concentration du spectre n'est pas problématique ». « L'objectif du ministère lors des enchères de spectre n'est pas de maximiser ses revenus. Notre objectif est plutôt de faire en sorte que cette ressource soit rendue disponible aux fournisseurs de services de télécommunication dans le cadre d'un marché compétitif », a indiqué le cabinet du ministre du Développement économique Navdeep Bains dans une déclaration écrite.

Revue boursière

Des records pour le Dow Jones et le S&P 500

Wall Street a terminé en hausse hier, rebondissant avec les valeurs technologiques et se montrant confiante à la veille d’une décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) : le Dow Jones a pris 0,44 %, signant un record, et le NASDAQ, 0,73 %.

Yahoo !

La patronne démissionne

Le rachat de Yahoo ! par le géant des télécoms Verizon a été finalisé hier, mettant un terme à l’aventure d’un pionnier d’internet et conduisant à la démission de sa patronne Marissa Mayer. Hier, les deux groupes ont annoncé avoir mené à son terme la transaction à près de 4,5 milliards US. Comme prévu, la PDG de Yahoo !, Marissa Mayer, a présenté sa démission. La jeune patronne devrait toucher un copieux chèque de départ de 186 millions US. — Agence France-Presse

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