Trouble de déficit d’attention

Trois femmes, trois diagnostics

Les femmes reçoivent souvent « sur le tard » leur diagnostic de TDAH. Témoignages.

Francine Demers

Âge : 57 ans

Diagnostic de TDAH depuis 15 ans

Lorsque Francine Demers était à l’école primaire, il lui était difficile de rester assise en classe. Son enseignant lui faisait de gros yeux quand elle se tortillait sur sa chaise. « Ça me prenait peut-être 50 % de mon énergie pour ne pas bouger », se souvient-elle. Francine a néanmoins bien réussi à l’école, au primaire comme au secondaire. C’est le sport, dit-elle, qui l’a sauvée. Natation, patinage artistique, basketball, soccer ; elle avait toujours une activité au programme. Après un cours en arts, au cégep (elle ne se croyait pas assez intelligente pour aller à l’université), Francine a eu un parcours professionnel varié. Un « parcours de TDAH », dit-elle en rigolant. « Quand j’avais fait cinq ans à un emploi, ça devenait moins motivant, il n’y avait plus la flamme. Je quittais pour être stimulée, pour garder mon attention », se souvient celle qui travaille aujourd’hui pour une association PANDA. Francine a compris les raisons de sa désorganisation, de son éparpillement et de sa grande sensibilité à l’âge de 42 ans, après que son fils a reçu un diagnostic de TDAH. « J’ai travaillé avec un coach de vie, je me suis donné des outils pour m’aider, m’organiser », dit-elle. Et, surtout, Francine a appris à être indulgente envers elle-même.

Julie Philippon

Âge : 43 ans

Diagnostic de TDAH depuis trois ans

C’est pendant le processus d’évaluation de ses enfants, qui ont tous deux un TDAH, que Julie Philippon a eu la puce à l’oreille. Quand elle lisait des livres sur le sujet, elle se reconnaissait dans les symptômes associés au TDAH chez l’adulte : désorganisation, hypersensibilité, impulsivité. Pourtant, lorsque Julie était enfant, elle était différente de sa fille et de son fils, qui ont tous deux des troubles associés (dont la dyspraxie, un trouble d’acquisition de la coordination). « Je n’avais pas le profil du petit tannant, du petit hyperactif, dit-elle. J’étais performante à l’école. J’étais impliquée dans tout, je parlais beaucoup et j’avais beaucoup, beaucoup d’énergie. » Adulte, Julie réussissait bien dans sa vie scolaire et professionnelle, mais dans les autres sphères de sa vie, elle avait beaucoup de mal à s’organiser. Julie a frappé le mur il y a quelques années après une série d’épreuves dans sa vie personnelle : elle présentait des symptômes d’épuisement, de dépression, d’anxiété. Souvent, souligne-t-elle, les femmes qui ont un TDAH réussissent à s’en tirer pendant longtemps en compensant, en étant performantes. « Mais quand on devient parent, on ne contrôle plus le degré de fatigue, on ne peut plus tout prévoir ; on devient épuisé. » Julie a eu recours à la médication et s’est donné une série de trucs : minuteries, alertes, planification. « Quand tu connais ton problème, tu as plus de chances de bien vivre. »

Sophie

Âge : 19 ans

Diagnostic de TDA depuis un an

Sophie a toujours été « assez intense, mais pas dérangeante ». « Ce n’était pas une hyperactive qui marche sur les murs ; elle a toujours été à cheval sur la ligne », dit sa mère, Danielle. Sophie était une enfant vive, lunatique à ses heures, qui demandait beaucoup d’attention. Rester assise à dessiner en attendant le repas, au restaurant ? Ça ne fonctionnait pas. Rester tranquille pendant la sieste, à la garderie ? Sophie était plutôt du genre à déranger les amis. Et à terminer la période de dodo en punition dans le corridor. « Mais ce n’était pas dramatique ; c’était simplement une enfant qui demandait plus », dit sa mère. À l’école, Sophie réussissait bien. Très bien, même. « Elle performait », dit sa mère, qui restait néanmoins à l’affût, étant donné que le petit frère de Sophie a reçu très jeune un diagnostic de TDAH. C’est au cégep, où le rythme d’apprentissage est plus rapide, que Sophie a éprouvé ses premières difficultés. Celle qui avait toujours bien réussi se retrouvait en situation de quasi-échec dans certains cours. « À l’automne, elle a craqué. Elle m’a dit : là, je n’arrive pas à me concentrer. » En janvier, une évaluation psychologique a confirmé que Sophie présente un trouble déficitaire de l’attention. La médication et le soutien d’un professeur privé l’ont aidée à remonter la pente. En septembre, Sophie fera son entrée à l’université.

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