La Terre dans l’œil de Google

MINE DÉSAFFECTÉE ET VILLE FANTÔME

La mine de fer désaffectée du lac Jeannine, près de la ville fantôme de Gagnon, est un autre site orphelin qui fait partie du passif environnemental du Québec. Fondée par la défunte Québec Cartier Mining Company, la mine a cessé ses activités à la fin des années 70. Selon le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, les résidus blanchâtres sont des roches broyées issues du traitement du minerai. Le coût des travaux de restauration est estimé à 37 millions.

La Terre dans l’œil de Google 

« L’UN DES PIRES SITES MINIERS AU QUÉBEC »

Le site Manitou, au sud-est de Val-d’Or, est « l’un des pires sites miniers au Québec », dit Gérald Zagury, professeur à l’Institut de recherches en mines et environnement à Polytechnique Montréal. De 1942 à 1979, des gisements de zinc et de cuivre y ont été exploités. Puis les entreprises sont parties, abandonnant 11 mégatonnes de résidus toxiques. Ces résidus sont à l’origine de fuites acides qui contaminent l’environnement. « Ce qui donne la couleur orange, c’est l’hydroxyde de fer. Les zones grises ou blanchâtres ont déjà été recouvertes par les résidus de Goldex », explique le professeur Zagury. 

La Terre dans l’œil de Google 

BASSINS DE RÉSIDUS

La mine d’or Sigma-Lamaque, près de Val-d’Or, a longtemps été exploitée par Century Mine Corporation. Salaires impayés, infractions aux lois environnementales, comptes en souffrance : l’entreprise américaine a donné bien des maux de tête au gouvernement québécois avant de faire faillite, en 2012. Le site a été racheté depuis par Integra Gold, de Vancouver. Les quatre bassins de résidus attirent l’attention. Isabelle Demers, professeure-chercheuse en mines et environnement à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), explique que tout ce qui est gris pâle est du roc concassé. Les taches vertes sont de l’eau contenant des résidus de métaux, dont du cuivre.

La Terre dans l’œil de Google

COULÉES ROUGES

On voit ici la sortie des conduites de l’usine de bouletage de fer de la Compagnie minière IOC, qui appartient à Rio Tinto. Les coulées rouges sont des résidus miniers formés d’eau dans laquelle de la silice, des particules de quartz et de fines particules de fer se trouvent en suspension. En 2006, IOC a déployé une technologie de floculation qui permet à ces particules de se coller et d’aller se déposer plus rapidement au fond du lac Wabush, ce qui réduit leur empreinte écologique.

La Terre dans l’œil de Google 

LES BOUES ORANGÉES DE LA FONDERIE HORNE

On voit ici le parc à résidus Quémont 2 de la Fonderie Horne, près de Rouyn-Noranda. En activité depuis 1927, la fonderie extrait du cuivre à partir de concentré fourni par les mines environnantes. Selon Isabelle Demers, de l’UQAT, le gris foncé de la photo représente des rejets solides finement broyés. L’orangé montre les boues de traitement qui contiennent beaucoup de fer, d’où la couleur, tandis que le vert foncé est de l’eau. « Il peut y avoir un paquet de choses dans cette eau, mais le vert est la couleur caractéristique du cuivre », dit-elle.

La Terre dans l’œil de Google

EMPREINTES MINIÈRES

En exploitant des mines, l’humain façonne d’immenses étendues de territoire. Vus des airs, ces sites sont parfois spectaculaires. La Presse a demandé à des spécialistes d’expliquer ce que les photos de ces lieux révèlent.

La Terre dans l’œil de Google

« BOUES DE BAUXITE » 

De l’orange sur tous les tons : voilà ce qu’on retrouve dans la cour de la raffinerie d’alumine Vaudreuil, à Jonquière. Cette usine extrait l’alumine de la bauxite, cette roche rouge dont Rio Tinto Alcan tire de l’aluminium. Ce qui reste est ce qu’on appelle des « boues de bauxite », qui contiennent surtout de l’oxyde de fer (qui donne la couleur orange), de l’aluminium et du silicium. Rio Tinto Alcan entrepose ces boues dans cet immense parc à résidus, où elles sont asséchées. L’entreprise a lancé des consultations pour agrandir le parc, qui sera bientôt plein.

La Terre dans l’œil de Google

LES MÉTAUX DE LA MINE BOUCHARD-HÉBERT

Zinc, cuivre, or, argent : on a tiré plusieurs métaux de la mine Bouchard-Hébert, près de Rouyn-Noranda, avant sa fermeture, il y a quelques années. Selon Isabelle Demers, de l’UQAT, la zone grise, en bas de la photo, est une portion restaurée recouverte de différents matériaux. « On voit quand même un effluent acide qui sort de cette zone », remarque-t-elle. La tache rouge, selon elle, est un bassin de rétention des eaux acides. La zone orange est formée de boues de traitement. L’eau verte, à droite, serait de l’eau non traitée. Celle qui se trouve à gauche serait prête à retourner dans l’environnement.

La Terre dans l’œil de Google 

L’EAU ROUGE DE MONT-WRIGHT

La photo montre une partie du parc à résidus de la mine de fer de Mont-Wright, près de Fermont, exploitée par l’entreprise ArcelorMittal. « Comme aucune opération d’extraction n’est efficace à 100 %, il reste du fer dans les résidus et donc dans l’eau qui sert à les transporter jusqu’au parc à résidus. Ce fer, en s’oxydant, donne à l’eau sa couleur rouge », explique Catherine de Grandpré, chef des communications d’ArcelorMittal. Selon elle, le rouge semble plus éclatant sur les photos satellites fournies par Google Earth Pro qu’il ne l’est en réalité.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.