Santé mentale

Google lance un test pour diagnostiquer la dépression

On cherche souvent sur l’internet des réponses à des questions qu’on devrait plutôt poser à un médecin. Sachant cela, Google va désormais proposer aux Américains qui tapent le mot « dépression » dans son moteur de recherche d’évaluer leur santé mentale à l’aide d’un test en ligne, a annoncé la semaine dernière la National Alliance of Mental Illness (NAMI), association qui fait notamment de l’éducation et de la prévention dans le domaine de la santé mentale.

L’un des premiers liens suggérés par le moteur de recherche invitera en effet les internautes qui vivent au sud de la frontière à « vérifier s’ils sont cliniquement dépressifs ». Comment ? En répondant au questionnaire PHQ 9 qui, comme son nom le laisse entendre, compte neuf questions couramment utilisées par les professionnels de la santé pour diagnostiquer la dépression. Ce test sonde des éléments comme l’humeur, la qualité du sommeil et l’appétit du patient.

Christine Grou, présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, précise d’emblée que le test en lui-même est tout à fait valable. Elle conseille toutefois à la population de faire preuve d’une grande prudence.

« Il ne faut pas sauter aux conclusions trop vite. Il ne faut pas partir en peur. Il faut vraiment interpréter les résultats avec une grande, grande prudence. »

— Christine Grou

Pourquoi tant de réserve si ce test est tenu en haute estime chez les professionnels de la santé ? « Un questionnaire ne permet pas de faire un diagnostic de santé mentale », tranche Christine Grou. Elle rappelle que le PHQ 9 n’est que l’un des outils utilisés par les professionnels pour diagnostiquer une dépression, mais qu’il doit être utilisé avec d’autres outils comme une entrevue clinique permettant notamment d’évaluer les facteurs circonstanciels et l’historique du patient.

Ne pas s’arrêter au test

Le blogue de la NAMI qui annonce l’initiative de Google rappelle aussi que ce test ne suffit pas à poser un diagnostic. Cette précision peut d’ailleurs s’appliquer aux nombreux autres sites internet, conçus par des professionnels ou non, qui reprennent ce questionnaire ou des questions semblables destinées à dépister une éventuelle dépression.

Même si votre score est élevé au PHQ 9, la présidente de l’Ordre des psychologues conseille de ne pas tenir pour acquis que vous êtes en dépression. « Je conseillerais de regarder s’il n’y a pas quelque chose qui s’est passé dans les dernières semaines qui expliquerait les symptômes, dit-elle. Ce n’est pas le score qui va être une raison de consulter, mais ce que la personne identifie comme une souffrance. »

« Est-il nécessaire d’avoir un test de dépistage pour sentir qu’on ne va pas bien et que cet état dure ? demande-t-elle. Je pense que lorsqu’on reconnaît ces symptômes de perte d’appétit, de fatigue, de perte de plaisir à faire nos activités habituelles, qu’on n’a plus envie de sortir, quand on se remet en question et qu’on a des problèmes d’estime de soi… Quand on a tout ça, on a de bonnes raisons de consulter. » Et les épisodes de dépression ne sont pas rares : environ 12 % des Québécois de 15 ans et plus en ont traversé un au cours de leur vie, selon l’Institut de la statistique du Québec.

Google a par ailleurs affirmé au quotidien britannique Financial Times que les réponses au test de dépistage ne seraient pas enregistrées et que l’entreprise ne va pas non plus les utiliser pour des fins de publicité.

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