Station de métro Atwater

Un secteur en mutation

Ces travaux s’inscrivent dans une vaste démarche pour améliorer la sécurité du secteur, dans le contexte où celui-ci connaît une renaissance. Le square Cabot a été complètement refait en 2014 et 2015 pour 6,3 millions. Plusieurs tours de condos ont poussé dans le secteur, et une autre sur un terrain bordant le square Cabot est en chantier. L’église pentecôtiste voisine doit bientôt elle aussi être rénovée et agrandie. L’îlot pour l’Hôpital de Montréal pour enfants qui borde aussi l’espace sera également réaménagé prochainement.

Station de métro Atwater

Montréal et le SPVM demandent des correctifs

Pour tenter de corriger la situation, la Ville de Montréal et le SPVM ont demandé à la STM de revoir l’édicule du métro, soit le bâtiment protégeant cette sortie de la station de métro Atwater. Un peu plus de 20 ans après leur aménagement, les deux aires d’attente passeront ainsi bientôt sous le pic des démolisseurs. La taille de l’édicule s’en trouvera ainsi considérablement réduite. L’enveloppe du bâtiment sera complètement vitrée. Celui-ci n’offrira ainsi plus de recoin discret où se cacher. Le commandant Bastien estime que ces changements faciliteront le travail de ses policiers lorsqu’ils auront à patrouiller le secteur. Les travaux doivent débuter en janvier et durer jusqu’au mois de septembre 2017. La facture du chantier est évaluée à 3,3 millions. La STM déboursera 2 millions, mais la Ville a accepté de verser 1,3 million à son transporteur, puisque les travaux sont réalisés à sa demande.

Station de métro Atwater

Édicule utile, assure la STM

Pas question de fermer l’édicule, dit toutefois la STM. « Pour nous, c’est très utile. Il y a une salle pour les chauffeurs et, comme c’est un terminus important pour les autobus de nuit, c’est un endroit pour permettre aux gens d’attendre leur autobus », explique une porte-parole du transporteur montréalais, Amélie Régis. Le corridor souterrain menant à l’édicule sert également de sortie de secours au Complexe Alexis-Nihon, situé de l’autre côté de la rue.

Édicule Atwater

Démolition réclamée

« Cet édicule est un problème et ça se constate facilement qu’il y a vente de stupéfiants : à certaines heures, c’est comme un bazar », déplore le conseiller municipal du district Peter-McGill, Steve Shanahan. Mais voilà, il ne croit pas que la rénovation de l’édicule sera suffisante pour enrayer la criminalité. Il propose carrément de le démolir. « Très peu de gens utilisent cet édicule à des fins légitimes. On n’en a pas besoin. Les gens pourraient accéder à la station en empruntant d’autres chemins », dit l’élu. L’élu reconnaît également que le problème ne se limite pas à l’édicule. « Il y a une piquerie à deux rues de là que j’aimerais faire fermer, lieu malheureusement difficile. » Le conseiller affirme également que le square sert de lieu de recrutement pour des proxénètes.

Station de métro Atwater

Solution mise en doute

Des résidants voisins du square Cabot doutent que les travaux à la sortie de la station de métro arrivent à eux seuls à régler les importants problèmes connus à cet endroit. « Les bums sont partout, même s’il y a beaucoup de policiers qui patrouillent déjà. La plupart sont complètement drogués ou boivent », décrit Stéphanie, qui habite l’une des nouvelles tours de condos ayant poussé ces dernières années autour du square. Selon elle, le square est principalement fréquenté par des sans-abri. Elle voit mal comment la Ville réussira à corriger le problème de sécurité si elle ne vient pas en aide aux sans-abri plutôt qu’en essayant simplement de les éloigner.

Station de métro Atwater

« À CERTAINES HEURES, C’EST COMME UN BAZAR »

Transactions de drogue, agressions armées, voies de fait : la Ville force la STM à démolir une portion de la station Atwater pour tenter d’endiguer la criminalité dans ce secteur du centre-ville. Une solution jugée insuffisante par certains, alors que d’autres craignent qu’il s’agisse d’une stratégie pour éloigner les sans-abri d’un quartier où poussent les tours de condos.

Station de métro Atwater

Forte criminalité

De 2011 à 2013, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a recensé annuellement une soixantaine d’incidents criminels seulement dans l’édicule Atwater du square Cabot. Il s’agit principalement d’agressions armées, de voies de fait et de vols. Ce chiffre apparaît particulièrement élevé quand on tient compte du fait que, durant la même période, on recensait en moyenne 370 crimes contre la personne annuellement dans tout le réseau de métro. Les travaux réalisés en 2014 et 2015 pour rénover le square Cabot – qui a été fermé pendant plus d’un an – ont contribué à réduire les problèmes de sécurité, mais ceux-ci demeurent encore présents. « Au plan de la perception, il y a eu une grande amélioration, mais c’est encore un enjeu dont on doit tenir compte », dit le commandant poste 12, Mathieu Bastien.

Station de métro Atwater

Craintes pour les sans-abri

Le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) déplore le projet, estimant qu’il s’inscrit dans les démarches de la Ville pour faire disparaître les « zones grises », où la présence des sans-abri était tolérée. « Ça me laisse perplexe : est-ce vraiment la vente de drogue qui est visée ? », se questionne Bernard St-Jacques, organisateur communautaire du RAPSIM. Ce dernier souligne que depuis la fermeture du square Viger, en chantier, l’édicule Atwater était l’un des derniers espaces du centre-ville où les sans-abri pouvaient s’abriter. Le RAPSIM rapporte avoir constaté une hausse des va-et-vient chez les sans-abri. « Cet été, les gens cherchent où se retrancher et il n’en reste vraiment plus, d’endroits », dit M. St-Jacques.

Station de métro Atwater

DES AIRES D’ATTENTE « PROBLÉMATIQUES »

Construite en 1967, la sortie de la station Atwater donnant dans le square Cabot, près de l’ancien Forum, avait été agrandie en 1995 pour offrir aux usagers de la Société de transport de Montréal (STM) deux aires d’attente. Celles-ci sont toutefois rapidement devenues problématiques, attirant notamment les vendeurs de drogue qui cherchaient un endroit à l’abri des regards pour effectuer leurs transactions. « Les deux ailes [les aires d’attente] ajoutées en 1995 à l’édicule sont particulièrement problématiques pour la sécurité publique. Non seulement elles créent des écrans visuels entre les rues avoisinantes et le square, rendant la patrouille difficile, mais elles offrent de plus un lieu à l’abri des intempéries et des regards pour les activités illicites, tel que la vente de drogue », détaille un document de la Ville.

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