SUPÉRIORITÉ NUMÉRIQUE

L'efficacité avant tout

Faut-il attribuer à Dale Weise et à Jeff Petry une part importante du succès du Canadien de Montréal en supériorité numérique cette saison ?

L’équipe affichait l’an dernier un taux de réussite de 16 % et occupait le 25e rang dans la LNH à ce chapitre.

Cette année, seulement quatre clubs, Boston, New York, Dallas et Washington, font mieux que le CH à cet égard. Le Canadien a un taux de 22,2 %, à quelques poussières de celui des Rangers. Les Bruins appartiennent à une autre classe avec 30 % d’efficacité.

Décortiquons maintenant un peu le système employé par les entraîneurs de l’équipe montréalaise, ainsi que les résultats.

Première surprise, la formation tactique de l’équipe est sensiblement identique d’une saison à l’autre lorsqu’un but est marqué en supériorité numérique. Entre le 41e et le 82e match l’an dernier, 66,7 % du total des buts ont été marqués alors qu’un attaquant était posté dans le haut de l’enclave de la zone offensive. Le taux est de 65 % cette saison.

Dans la même veine, le nombre de tirs au but en supériorité numérique varie très peu en moyenne depuis la dernière saison. Le CH tirait 48,38 fois par tranche de 60 minutes en supériorité numérique en 2014-2015, comparativement à 49,05 fois cette année, nous révèle le site d’analyses avancées Puckalytics.com.

Étonnamment, le nombre de tirs de qualité, c’est-à-dire d’un endroit dangereux, varie très peu d’une année à l’autre : 40,3 l’an dernier, contre 43,5 cette saison, nous apprend le site war-on-ice.com.

Pourtant, malgré ces trois données importantes, les joueurs du CH marquent presque trois buts de plus par tranche de 60 minutes en supériorité numérique (8,63 contre 5,77).

WEISE ET PETRY EN ACTION

Nous en arrivons à Weise et à Petry. Ces deux joueurs ont vu leur temps d’utilisation augmenter de façon draconienne cette année, alors que celui des autres est demeuré sensiblement le même. Voilà sans doute le seul endroit où l’on peut remarquer un changement par rapport à la dernière saison.

Weise a joué à peine sept minutes en supériorité numérique l’an dernier, c’est-à-dire environ 2 % du temps lorsqu’il est en uniforme. Ce taux est passé à 26 % cette année. Il a déjà joué 27 minutes en 28 matchs jusqu’ici.

Il prend pour ainsi dire le poste de Pierre-Alexandre Parenteau, employé pendant environ 44 % du temps en supériorité numérique lorsqu’il était en uniforme.

En défense, Sergei Gonchar jouait 38 % du temps en supériorité numérique lorsqu’il était en uniforme. Son départ a ouvert la porte à Petry, qui a vu son temps d’utilisation passer de 25 % à 36 %.

En 28 matchs, ils ont chacun quatre points en supériorité numérique, contre aucun l’an dernier. À ce rythme, ils obtiendraient 11 points chacun. Dix buts peuvent signifier une différence de 4 à 5 % en efficacité, soit une vingtaine de rangs au classement.

L'ANALYSE DE MARTIN RAYMOND

L’entraîneur Martin Raymond, l’un des bons tacticiens au Québec, chargé du jeu en supériorité numérique lorsqu’il était l’adjoint de Guy Boucher à Tampa Bay, n’est guère surpris par ces statistiques.

« Dale Weise est bien meilleur qu’on le pense. Il prend de bonnes décisions avec la rondelle. On le définissait comme un plombier, mais il n’a pas les mains d’un plombier. »

— Martin Raymond

« On a vu ses habiletés lorsqu’il a permis à Max Pacioretty de marquer le but gagnant contre les Blue Jackets de Columbus, en supériorité numérique justement. »

Petry a vu son temps d’utilisation augmenter même si celui de P.K. Subban est passé de 74 % à 80 % cette année. « C’est le défenseur complet que tout le monde connaît. Ça n’est pas Subban ou Markov, mais il est efficace en supériorité numérique avec son tir ou sa capacité à repérer des attaquants libres. »

Comme quoi il ne faut pas toujours se fier aux réputations, mais à l’efficacité. Marc Bergevin, Michel Therrien et ses adjoints semblent l’avoir bien compris.

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