La Bible en briques
Enfant, les briques Lego étaient mon jouet favori. Je les ai mises de côté à 13 ans, quand je suis devenue adolescente. Ça a coïncidé avec le moment où je suis devenue athée, même si ma mère enseignait le dimanche aux enfants dans notre église épiscopalienne. Ironiquement, mon intérêt pour la religion a encore crû par la suite et j’ai étudié le judaïsme et le christianisme à l’université. L’ignorance des gens autour de moi à propos des histoires de la Bible m’a frappée, même chez ceux qui allaient à l’église. Pour me changer les idées, au début de l’âge adulte, je suis retournée aux Lego, j’ai construit des gratte-ciels de huit pieds, ainsi que le Colisée de Rome. J’ai migré naturellement vers la Bible, en commençant par le paradis terrestre d’Adam et Ève.
Au début, je mettais des images de mes créations sur l’internet, puis on m’a sondée pour faire un livre. Au bout d’un an ou deux, j’ai pu me consacrer totalement à la Bible en Lego et j’ai abandonné mes petits boulots d’illustratrice.
J’ai commencé chez moi, mais rapidement, ça a pris assez d’ampleur pour que nous ne puissions plus recevoir d’amis, alors j’ai loué un studio. Je n’ai pas besoin de beaucoup d’espace, je construis une scène, je la photographie, puis je la démonte.
Au début, j’étais très puriste, je voulais que les lecteurs puissent reproduire les scènes. Mais il n’y avait pas, à l’époque, de personnages aux cheveux blancs pour que je puisse représenter Dieu, alors j’ai pris un casque blanc d’un ensemble de Lego spatial et je l’ai sculpté en forme de cheveux. Mais lorsque j’ai fini les deux Testaments de la Bible et que j’ai commencé à travailler sur un livre avec des représentations en Lego de tentatives d’assassinat sur des présidents américains, j’ai dû recourir à des pièces faites sur mesure pour qu’on reconnaisse les gens.
J’ai commencé par la Genèse. Un peu partout dans l’Ancien Testament, Dieu se fâche. Ce n’est qu’avec les Évangiles qu’il devient bienveillant. Et encore, à la fin du Nouveau Testament, il y a l’Apocalypse et le Dieu fâché de l’Ancien Testament revient en scène.
Les gens sont habitués à Brendan Powell Smith, particulièrement les parents de jeunes enfants, pour qui j’ai fait des versions plus courtes et sans les épisodes plus sanglants de la Bible. Je travaille toujours sur de nouveaux livres pour enfants. Alors, je garde mon nom de plume. Peut-être que je changerai si j’ai d’autres projets.
Je n’étais pas vraiment attachée à Smith, alors j’ai pris le nom de famille de ma femme.
Je le craignais, parce que beaucoup de mes admirateurs sont des chrétiens qui ne sont pas très tolérants envers la société moderne. Mais finalement, je n’ai pas eu beaucoup de commentaires. Et j’ai intéressé une certaine clientèle, sensible aux questions de genre, à la Bible.
Elle n’a pas enseigné très longtemps à l’église, alors nous ne parlons pas souvent de religion. Vous me faites penser que je devrais lui poser la question.
Je n’ai pas d’enfants, mais mes neveux et nièces aiment beaucoup ça, tout comme les enfants de mes amis. Ça me fait plaisir de les voir captivés par les histoires de la Bible, qui sont très importantes pour comprendre le monde qui nous entoure et souvent forment des archétypes fondamentaux.