Montréal

Les rues en pire état que prévu

Les rues de Montréal sont dans un pire état que ce que la Ville escomptait. Une inspection détaillée des chaussées de la métropole réalisée en 2015 révèle qu’à peine 29 % d’entre elles se trouvent dans un « bon ou très bon état », bien moins que les 38 % estimés l’année précédente. La divulgation d’indicateurs permettant de comparer la performance dans la gestion de cinq grandes villes canadiennes permet de constater que Montréal s’améliore, mais que beaucoup de chemin reste encore à parcourir.

Les rues en pire état que prévu

29 %

En 2014, Montréal évaluait que 4411 km de ses rues étaient en bon ou très bon état, soit 38 % des chaussées. Ce chiffre était en réalité une estimation basée sur la dernière inspection globale des rues de la métropole réalisée en 2010. Voilà, les rues se sont nettement dégradées depuis. Une nouvelle campagne pour analyser l’état des rues de la métropole menée l’an dernier réservait toute une surprise : seulement 3317 km des rues sont en bon ou très bon état, soit 29 %. La Ville explique ce résultat par une dégradation accélérée entre 2011 et 2013. Rappelons qu’à l’époque, la métropole avait mis la pédale douce sur les travaux dans la foulée des révélations de la commission Charbonneau sur la collusion dans les chantiers.

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Pire qu’à Calgary et à Toronto

Ce taux de 29 % à Montréal est nettement plus faible que ceux affichés dans les autres grandes villes comparables du Canada. Calgary affiche un impressionnant taux de 81 % de chaussées en bon ou très bon état. La métropole albertaine est loin d’être un cas unique puisque Toronto peut se targuer d’afficher un taux de 79 %. Seule consolation pour les automobilistes montréalais, les routes semblent en pire état à Ottawa, où seulement 21 % sont jugées en bon ou très bon état.

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Coûts élevés

Montréal, qui a annoncé la semaine dernière qu’elle comptait doubler la cadence des travaux d’ici cinq ans, prévoit que ses efforts devraient être payants. « Compte tenu des investissements massifs planifiés par la Ville de Montréal pendant les 10 à 20 prochaines années dans la réfection des infrastructures routières, le taux devrait toutefois s’améliorer progressivement dans les années à venir. » Reste que Montréal continue à afficher les coûts d’entretien des rues les plus élevés. En 2015, la métropole québécoise a dépensé 25 600 $ pour entretenir chaque kilomètre de voie. C’est nettement plus que les 11 900 $ d’Ottawa, 10 200 $ de Toronto, 10 100 $ de Winnipeg et 6000 $ de Calgary.

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Résultats inquiétants

Ces résultats sur l’état des rues de Montréal inquiètent l’opposition à l’hôtel de ville. « Malgré la multiplication des cônes orange, la dégradation des rues s’est accélérée », s’indigne le conseiller Sylvain Ouellet, de Projet Montréal. L’élu note également que Montréal continue à afficher des coûts d’entretien parmi les plus élevés au Canada. « Ça coûte deux fois et demie plus cher entretenir notre réseau routier, une différence marquante dans un secteur critique de la ville. Soit il y a encore beaucoup de collusion, soit on gère mal nos chantiers, on contrôle mal nos coûts. » Le conseiller se dit aussi inquiet de la qualité des travaux de reconstruction.

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999

Les problèmes de Montréal ne se limitent pas à la surface de ses rues, mais se trouvent aussi sous celles-ci. Le nombre de ruptures d’aqueduc demeure élevé. On a recensé 999 ruptures en 2015, soit légèrement plus que l’année précédente. Cela représente 22,7 ruptures par 100 km de conduites. Ce résultat demeure meilleur qu’à Toronto, où l’on a observé 28 ruptures par 100 km l’an dernier, mais nettement plus élevé qu’à Winnipeg (11,5), Ottawa (8,9) et Calgary (4,2). L’âge des conduites explique en grande partie ces nombreuses ruptures. Les conduites de Montréal ont 57 ans en moyenne, contre 32,5 ans à Calgary.

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Des améliorations, mais…

Ces résultats sont tirés d’une comparaison de la performance de gestion avec les villes de Toronto, Calgary, Ottawa et Winnipeg, membres du Réseau d’étalonnage municipal du Canada (REMC). On y apprend que parmi tous les indicateurs suivis à la loupe, Montréal s’est amélioré dans 41 d’entre eux, mais s’est détérioré dans 36 autres. Globalement, la métropole québécoise continue ainsi à traîner la patte par rapport aux quatre autres grandes villes puisque sa performance est jugée supérieure à la moyenne dans 26 indicateurs, mais inférieure dans 47 indicateurs. « Montréal progresse », s’est tout de même félicité Pierre Desrochers, président du comité exécutif. Il reconnaît toutefois qu’« il reste beaucoup de travail à faire pour que Montréal se retrouve parmi les plus performantes au Canada ».

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Explosion des demandes d’accès à l’information

À l’heure où la Ville de Montréal dit vouloir prendre un virage pour la transparence, les résultats montrent que le nombre de demandes d’accès à l’information continue à exploser. La métropole a reçu plus de 9300 demandes en 2015, contre 8300 en 2014. Cela représente ainsi 533 demandes par 100 000 habitants, soit nettement plus que les 138 de Winnipeg, 101 de Toronto et 31 de Calgary. Le responsable de la ville intelligente, Harout Chitilian, explique ces chiffres élevés par le fait que les Montréalais doivent parfois faire une demande à chacun des arrondissements. Il a aussi évoqué la « politisation » de l’accès à l’information, l’opposition multipliant les demandes pour obtenir des informations.

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