Aidez-nous à libérer Homa !

Le 6 juin dernier, ma collègue, Homa Hoodfar, professeure émérite à l’Université Concordia, a été arrêtée par les Gardiens de la révolution islamique et est depuis détenue à la tristement célèbre prison Evin à Téhéran.

On lui refuse tout contact direct avec son avocat ou sa famille. C’est seulement le 24 juin que le Procureur public de Téhéran a annoncé que Homa était mise en examen, car elle « se mêlait de féminisme et de questions liées à la sécurité ».

Moi-même et mes collègues de l’Institut Simone de Beauvoir sommes indignées et également profondément préoccupées puisque Homa a eu des problèmes de santé graves au cours des dernières années.

Notre Institut est solidaire de Homa et appuie sa famille, l’Université Concordia et son Association des professeurs (APUC), ainsi que 70 autres associations de professeurs au Canada et d’innombrables associations professionnelles et universitaires au Québec, au Canada et dans le monde avec la campagne #LibérezHoma.

Pour nous, le féminisme et la recherche sur les femmes ne sont pas un crime, mais bien un moyen important d’améliorer la vie des femmes.

En tant qu’anthropologue de renommée internationale, Homa a voyagé pendant 40 ans pour étudier le rôle des femmes et de la famille dans les sociétés musulmanes. Elle a critiqué les anthropologues occidentaux pour leur façon de voir les femmes du soi-disant « tiers-monde » et la perpétuation des stéréotypes à leur sujet.

En menant ses recherches avec un respect et une générosité extraordinaires envers les femmes d’Iran et d’autres pays musulmans, Homa entend leurs voix et les considère non seulement comme femmes, mais aussi en tant qu’êtres sociaux. Elle contribue ainsi à décoloniser sa discipline, à déconstruire les mythes au sujet des femmes musulmanes et à documenter l’émergence de perspectives axées sur les femmes, qu’elles soient séculières ou islamiques, les deux ayant en commun de remettre en question les visions conventionnelles sur le genre.

Homa manque beaucoup aux étudiants (actuels ou anciens, mais particulièrement ceux qui sont aux études supérieures) et 124 d’entre eux ont déjà signé une déclaration de soutien. Dans ce texte, ils témoignent de « son style d’enseignement passionné et engagé, accompagné d’une richesse sur le plan des expériences de vie ». 

Ils soulignent également que « son dévouement et sa générosité sont inégalés » et qu’elle « se soucie profondément et personnellement des étudiants qu’elle supervise et cela, en surpassant les limites conventionnelles de la supervision afin d’assurer leur réussite ». Moi-même et mes collègues de Concordia avons également bénéficié de son dévouement et en sommes venus à connaître une femme au grand cœur, profondément attachée à son pays natal.

Après avoir rencontré Homa, on veut en savoir plus sur l’Iran : pas sur le gouvernement ou les Gardiens de la révolution islamique , mais sur les gens ordinaires, la culture et les traditions. Dans un monde rempli de sexisme et d’islamophobie, Homa joue un rôle important dans l’amélioration de la compréhension qu’a l’Occident des femmes musulmanes.

En dépit d’insinuations qu’elle aurait eu une certaine complaisance à l’égard des politiques étatiques de l’Iran ou à l’égard de l’islam, Homa continue de documenter avec grande acuité la vie des femmes musulmanes, dans leurs propres contextes, apportant nuance et compréhension pour les aider à améliorer leur vie et leurs sociétés.

Homa est un atout inestimable pour l’Université Concordia, le Québec, le Canada et les sociétés musulmanes.

Elle a cette beauté intérieure et cette ouverture aux autres. Elle a cette capacité d’apprécier les différences et la diversité, et d’encourager les étudiants et tous ceux qui l’entourent à partager cette appréciation. Moi-même et mes collègues en profitons pour vous inviter à vous joindre à la campagne mondiale afin de soutenir la liberté de l’enseignement et d’œuvrer à la libération immédiate et inconditionnelle de Homa.