Téléphone intelligent

Vaincre la dépendance

« Tu vas lâcher ce téléphone ? » C’est une phrase qu’on entend trop souvent. Si vous êtes devenu inséparable de votre téléphone intelligent, ce livre est pour vous. Avec beaucoup d’humour et de formidables illustrations, l’auteur nous donne 25 raisons de déposer notre appareil et 30 conseils pour y arriver. Parmi les raisons évoquées, il y a notamment perdre moins de temps en futilités, mieux dormir et partager des émotions en vrai. Ensuite, pour réaliser ce défi, on nous conseille de vivre notre vie au lieu de la raconter, d’apprendre à combler l’ennui sans notre téléphone intelligent, de cesser de photographier et de filmer tout ce qui bouge et d’éteindre notre appareil au cours de grandes occasions.

— Olivia Lévy, La Presse

Tu vas lâcher ce téléphone ?!

David Lafarge

Illustrations d’El Bajo

Les éditions Michel Lafon

Dépendance au téléphone cellulaire

« Consulter son téléphone est humain »

La dépendance au téléphone cellulaire découle d’un « désir fondamental de socialisation humaine », explique Samuel P. L. Veissière, professeur adjoint au département de psychiatrie de l’Université McGill et coauteur d’une nouvelle étude sur le sujet. Lui-même propriétaire d’un bon vieux téléphone à clapet (flip phone), il suggère deux solutions pour aider à vaincre la dépendance. La Presse lui a parlé.

Vous dites que les téléphones, en tant que tels, ne causent pas la dépendance…

En effet. S’il y a une dépendance, elle serait plutôt comportementale. On pense que la dépendance au téléphone intelligent vient du désir de contacts humains, du désir de se comparer aux autres. Dans le développement humain, c’est comme ça qu’on se construit un sens de l’identité, c’est comme ça qu’on trouve du sens à notre vie. Le téléphone intelligent nous permet de répondre à un besoin fondamental de manière un peu compulsive.

Donc consulter son téléphone n’est pas un geste antisocial ?

C’est un peu paradoxal : en voulant établir des contacts humains au moyen de la technologie, on a du mal à se contrôler et on perd la qualité du rapport face à face. En tant qu’humain, si on est seul, on n’est pas très fort. On a toujours besoin d’informations qui nous viennent d’autres personnes. Consulter les réseaux sociaux, suivre une célébrité sur YouTube, regarder un tutoriel, lire compulsivement les nouvelles sont des moyens d’exercer notre intelligence sociale et de chercher à établir un contact avec l’aspect collectif de notre espèce.

Le cerveau aime bien trouver des solutions qui demandent le moins d’énergie, le moins d’effort cognitif. C’est pervers, mais ça demande moins d’effort d’envoyer un message texte que de parler au téléphone. On sait aussi que les jeunes qui sont nés après 1994, qui ont été socialisés principalement en ligne, ont moins d’interactions sociales que les générations précédentes.

Vous dites que notre cerveau en vient à adopter des habitudes qui lui procurent des récompenses…

Oui, et les programmeurs l’ont compris. La connexion constante à l’internet et les notifications qui apparaissent sur notre téléphone produisent un conditionnement pavlovien en activant les circuits de la récompense du cerveau, les circuits de la dopamine. Le fait que ce soit intermittent, que le cerveau ne peut pas prédire quand arrivera la prochaine notification, fait en sorte qu’il la recherche encore davantage.

Comment faites-vous dans votre propre vie pour réduire votre utilisation du téléphone cellulaire ?

J’ai décidé d’abandonner mon téléphone intelligent et d’acheter un bon vieux flip phone, qui se replie sur lui-même et qui n’a pas de connexion à l’internet. Pendant la première semaine, j’ai réalisé que j’attrapais compulsivement mon téléphone, de manière automatique, pour le consulter comme s’il s’agissait d’un téléphone intelligent. Aujourd’hui, j’ai l’impression que ça va beaucoup mieux sous plusieurs aspects.

Les gens sont souvent un peu étonnés. Ils me disent : « Tu as vraiment de la chance, comment tu fais ? » Mais c’est tout à fait possible, si les gens avec qui vous communiquez savent qu’ils ne doivent pas s’attendre à une réponse à leurs courriels dans l’heure. Je vais aussi beaucoup moins sur Facebook, et j’ai fermé mon compte Instagram, faute de temps.

Que recommandez-vous aux gens qui aimeraient réduire leur utilisation du téléphone ?

Nous recommandons aux gens d’éteindre toutes les notifications instantanées, de reprendre le contrôle et de consulter leur téléphone à l’occasion. L’idée est de sortir de ce cycle de récompenses qui peut devenir un peu maniaque. L’autre chose à faire, c’est d’établir des attentes claires avec les gens dans nos cercles professionnels et familiaux. Mes amis et ma famille savent que je ne peux pas texter toute la journée. Mes étudiants savent que je peux prendre un jour ou deux pour répondre à leurs courriels. Et mon patron sait que s’il m’écrit un courriel à 1 h du matin, il ne peut pas s’attendre à recevoir une réponse avant 7 h.

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