À l’étude

Les médias sociaux néfastes dès 10 ans

Passer plus d’une heure par jour sur les médias sociaux à l’âge de 10 ans est néfaste pour les jeunes filles, selon une nouvelle étude britannique. Des chercheurs de l’Université d’Essex ont aussi calculé que 3 % des filles de 11 ans et 17 % de celles de 14 ans fréquentent ces sites plus de quatre heures par jour.

Le constat

Les filles de 10 ans qui consacrent plus d’une heure par jour aux médias sociaux avaient plus de risques d’être malheureuses à l’âge de 15 ans. « Nous ne voyons pas ce lien pour les garçons, explique l’auteure principale de l’étude, la psychologue Cara Booker, de l’Université d’Essex. Il se peut que ce soit dû à la plus grande utilisation des médias sociaux par les filles au début de l’adolescence, de 12 à 14 ans. Ou c’est peut-être parce que les garçons se servent des médias sociaux différemment, dans le cadre de parties de jeux vidéo en groupe, plutôt que pour interagir. Il y aurait alors moins de risques pour l’estime de soi et l’intimidation. »

Le risque psychologique des médias sociaux augmente-t-il avec la durée d’utilisation ? « Nous n’avions pas assez de filles de 10 et 11 ans qui y consacraient plus de quatre heures par jour pour faire des analyses statistiques fiables, dit Mme Booker. Alors nous avons comparé celles qui y allaient plus ou moins d’une heure par jour. » À 12 ans, 7 % des filles, mais seulement 2 % des garçons, passent plus de quatre heures par jour sur les médias sociaux.

La genèse

La psychologue d’Essex a publié il y a quelques années une étude sur l’impact des médias sociaux sur la santé des enfants, mais avec des données d’une seule cohorte, en 2009-2010. « Quand les données de 2014-2015 sont sorties, j’en ai profité pour voir les effets à long terme des médias sociaux. »

Ce que révèle l’étude

Passer plus d’une heure sur les médias sociaux, ce qui est considéré comme une consommation modérée dans le cadre cette étude, ne semble toutefois pas affecter les adolescents, même les filles. « Les filles qui avaient 11 ans ou plus en 2009-2010 et qui utilisaient les médias sociaux plus d’une heure par jour n’avaient pas de conséquences négatives sur leur bien-être affectif et social cinq ans plus tard », dit Mme Booker. Y a-t-il une différence entre les enfants de familles aisées ou instruites ? « On pourrait le penser, puisqu’il y a plus de supervision parentale généralement dans ces familles, dit Mme Booker.

Le problème, c’est que les enfants qui utilisent beaucoup les médias sociaux sont ceux dont les parents sont plus riches et plus instruits. Alors, il est difficile de faire ce type de comparaisons. Il faudra voir avec la généralisation des téléphones intelligents depuis 2009-2010 si tout ça a changé et si on peut stratifier le risque pour les très grands utilisateurs de médias sociaux, ceux qui y passent plus de quatre heures par jour. »

Et maintenant ?

Cara Booker veut maintenant suivre la même cohorte quand elle sera à l’université ou sur le marché du travail, au début de la vingtaine. « Il sera aussi important de voir comment se comparent les médias sociaux avec d’autres sources de stress qui affectent le bien-être social et affectif, par exemple la séparation ou le chômage des parents. »

En chiffres

24 %

Proportion des enfants de quatrième et cinquième année du primaire avaient un téléphone intelligent au Canada en 2015

26 %

Proportion des enfants de sixième année du primaire dormaient avec leur téléphone intelligent au Canada en 2015

33 %

Proportion des enfants de quatrième et cinquième année du primaire avaient un compte Facebook au Canada en 2015

Source : Mediasmarts

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