Pédopsychiatrie

Arthur, 9 ans, surdoué... et différent

Arthur a fait ses premiers calculs mathématiques complexes avant l’âge de 3 ans. À peine un an plus tard, il concevait des mécanismes en Lego, engrenages et contrepoids inclus. « Il était différent des autres », résume sa mère, Roxanne Masse.

Les parents d’Arthur allaient découvrir jusqu’à quel point cette différence était marquée quelques années plus tard, lors de l’arrivée à l’école primaire. « Ç’a été le bordel total. Il dérangeait, il ne suivait pas du tout ce que l’enseignante disait, il n’avait aucun ami parce qu’il essayait d’attirer l’attention de la mauvaise façon, il pleurait beaucoup, faisait des crises d’angoisse… il a fait comme une dépression », raconte la mère de trois enfants.

L’enseignante prévient alors les parents que ça ne va pas avec leur fils aîné, et qu’il est toujours seul à la récréation.

« C’était comme un couteau dans le cœur. »

— Roxanne Masse, maman d’Arthur, au sujet de la difficulté de son fils à nouer des amitiés

Pour l’aider, les parents consultent alors une psychologue, qui souligne immédiatement l’intelligence remarquable du garçon.

La directrice de l’école dirige alors la famille vers un centre où Arthur peut passer des tests plus approfondis. Le verdict tombe au début de la deuxième année du garçon : il est effectivement surdoué, ou à haut potentiel, mais un diagnostic s’ajoute. Arthur a aussi un trouble déficitaire de l’attention, avec impulsivité.

En clair, il écoute peu en classe, mais il est épargné par sa grande intelligence. À la suggestion des spécialistes, Arthur passe directement en troisième année. Stimulé, il semble plus heureux, ou du moins, il accepte d’aller à l’école sans rechigner. « C’est une année qui a quand même bien été, comme sous le radar », souligne Roxanne.

Courte accalmie

Cette accalmie a duré un an à peine. Frustré par la révision des notions de l’année précédente, Arthur recommence vite à s’ennuyer… et à déranger. Le garçon de 9 ans renoue avec certains comportements qui l’ont mis au ban de la classe en première année. La combinaison du trouble de l’attention et de la douance transforme le garçon en pilote de Formule 1, mais sans freins.

Parce qu’il manque de contrôle, il s’exprime sans attendre sur des sujets… qui ne passionnent pas ses camarades autant que lui. « Son enseignante parle et ça lui fait penser à quelque chose. Il ne peut pas attendre et il parle beaucoup, beaucoup ! Il explique tout en détail et il entre dans la bulle des gens. C’est dérangeant et il n’a pas d’amis », explique sa mère.

Une solitude qui pèse lourd. « Pourquoi ma sœur est invitée à plein de fêtes d’amis et pas moi ? », se questionne-t-il.

Inquiets, ses parents se sont donc tournés de nouveau cet automne vers une aide psychologique. Or, Roxanne s'interroge sur la place de ces jeunes « TDAHP » à l’école. « Il ne faut pas que lui faire sauter une année ! Est-ce qu’on pourrait lui faire faire des projets ou quelque chose comme ça ? »

« Je cherche des écoles spécialisées pour cet enfant-là, mais c’est tellement frustrant : il n’y a rien ! »

— Roxanne Masse

La mère de famille sent aussi qu’elle doit convaincre les enseignants du potentiel réel de son fils. « Ce sont des enfants qui n’ont parfois même pas de bonnes notes à l’école. Quand l’examen est trop facile pour Arthur, il fait peu attention et il le fait tout croche. Si ça ne lui tente pas, il peut avoir 40 %. Souvent, quand je demande que les apprentissages soient accélérés, la réponse, c’est comme : “Il n’a même pas de bonnes notes, ton gars.” Je suis juste une mère qui veut juste trop chouchouter son enfant. »

Arthur présentera toutefois prochainement ses forces et ses défis aux élèves de sa classe. L’objectif : exposer sa réalité pour amener les autres enfants à comprendre pourquoi il a parfois des comportements inadéquats. Vulgariser pour mieux désamorcer une situation très difficile, espère Roxanne. « On espère que ça va l’aider, qu’ils vont un peu plus l’accepter. »

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