Que faire avec sa bague après un divorce ?

Quand Julia, 38 ans, s’est séparée, elle a voulu rendre sa bague de fiançailles en or blanc, sertie de trois diamants canadiens. « Comme il avait payé pour la bague, je voulais la lui redonner, mais il n’a jamais voulu la reprendre », raconte-t-elle.

Alors qu’en a-t-elle fait ? « Je ne voulais pas la garder. Je l’ai donc vendue au poids dans une bijouterie. J’ai reçu environ 10 % de son prix initial, soit 200 $. Je ne voulais pas faire un coup d’argent, je voulais juste m’en débarrasser pour faire une coupure avec cette période de ma vie. Par contre, je voulais que la bague soit fondue, ce que le bijoutier m’a assuré », explique Julia.

Conserver, vendre, recycler : pas facile de savoir quoi faire de sa bague de fiançailles ou de son alliance après une séparation. Peut-on recevoir une importante somme d’argent en les revendant ? « Tout dépend du diamant et du marché », répond le diamantaire montréalais d’expérience Sam Chmielash, qui ne travaille pas directement avec les particuliers.

Si la bague date de 30 ou 40 ans, elle risque d’avoir une grande valeur. Tout comme si elle a été achetée dans les grandes maisons, comme Cartier ou Tiffany. Et actuellement, c’est le diamant rond brillant qui a la cote, souligne-t-il. Donc, avant de vendre sa bague chez un bijoutier ou ailleurs, Sam Chmielash conseille d’être bien informé sur sa valeur. Pour cela, il suggère de faire évaluer son bijou chez un gemmologue. « Il y en a de très bons à Montréal », assure-t-il.

Transformer sa bague

Il faut aussi savoir que les prix en magasin ne correspondent pas à la valeur de la pierre, car les bijoutiers se réservent une marge de profit. De plus, si la bague ne répond pas à la demande du marché et qu’on ne cherche pas forcément à recevoir de l’argent, la recycler est peut-être une meilleure option, avance Sam Chmielash.

C’est ce que propose la bijouterie Flamme en rose, au centre-ville de Montréal, qui offre de transformer les bagues de fiançailles ou les alliances en pendentif, en boucles d’oreilles ou en une autre bague.

« On essaie de convaincre les clients de ne pas revendre leurs diamants parce que le diamant est éternel et garde toujours sa valeur », explique la joaillière Audrée Michaud, cofondatrice de la bijouterie. « Mais à la revente, en général, ça ne vaut pratiquement rien. Je dis toujours aux clients de garder leurs diamants et de les utiliser pour refaire un bijou, même si ce n’est pas pour tout de suite, ou encore de les donner en héritage », ajoute-t-elle.

Qu’elles soient en or blanc, en or jaune ou encore en platine, les bagues peuvent être fondues, puis transformées en un nouveau bijou créé sur mesure. Audrée Michaud précise que les clients auraient payé de deux à trois fois plus cher pour ce même bijou en magasin.

C’est l’option qu’a choisie Caroline, 41 ans, après son divorce. 

« Il y avait de très beaux diamants sur ma bague. Ça n’avait pas de sens de les laisser dans mon coffre à bijoux pour le restant de mes jours ! Et je ne voulais pas les vendre. »

— Caroline

Elle a alors transformé son alliance et sa bague de fiançailles en une seule bague. « C’est devenu une bague totalement différente que je porte maintenant à la main droite. Je la mets les week-ends et lors d’occasions », ajoute-t-elle.

Parmi les clients qui viennent transformer leurs bijoux chez Flamme en rose, près de 15 % le font avec leurs alliances, à la suite d’un divorce. Parfois, l’or fondu des alliances ne suffit pas pour refaire un bijou. « Alors certains clients ajoutent, par exemple, la chaîne de leur mère et une boucle d’oreille dont l’autre est perdue. On fait couler tout cela ensemble pour obtenir la quantité d’or dont on a besoin. C’est une bonne façon d’embarquer toute la famille dans le nouveau bijou ! », lance Audrée Michaud.

Quatre critères

Le diamantaire Louis-Alexandre Laferrière, propriétaire de Laferrière & Brixi Diamantaires, se spécialise, entre autres, dans le rachat de diamants de seconde main. Il rappelle les principaux facteurs qui déterminent le prix de la pierre. Son poids : plus le diamant est gros et lourd, donc rare dans la nature, plus il vaut cher. Sa couleur : plus il est blanc, plus il vaut cher. Sa pureté : moins il y a d’incisions, plus il vaut cher. Enfin, la qualité de la coupe (sa symétrie, son poli) aura aussi un impact sur sa brillance.

Et le diamant canadien ?

Des détaillants vendent plus cher les bagues serties de diamants canadiens, et de nombreux clients sont prêts à payer ce prix. Mais sur le marché, « le pays d’origine du diamant n’influence aucunement son prix. Ce qui compte, ce sont ses qualités », explique Louis-Alexandre Laferrière.

Certification

Est-ce utile d’avoir un certificat d’authentification pour la revente du diamant ? « Ça peut aider, mais ce n’est pas nécessaire. Et je peux ne pas être d’accord avec tout ce qui est écrit sur le certificat », dit Louis-Alexandre Laferrière, car il y a aussi une part de subjectivité dans l’évaluation. Comme le prix indiqué sur le certificat correspond plutôt au prix au détail, il ne faut pas s’attendre à recevoir autant.

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