Opinion  Alimentation

Au-delà de la nutrition

La prochaine campagne électorale fédérale abordera-t-elle l’avenir de l’alimentation au Canada ?

Un emploi sur huit au Canada est relié au système alimentaire.

Les maladies reliées au régime alimentaire ont explosé au point de submerger notre fragile système de santé, alors qu’elles coûtent aux contribuables des dizaines de milliards de dollars par année.

Près de quatre millions de Canadiennes et de Canadiens sont dans une situation d’insécurité alimentaire, affectant plus de 250 000 ménages au Québec, et atteignant des niveaux critiques dans nombre de communautés nordiques, éloignées et autochtones.

L’accès à des aliments sains est un droit fondamental dont on devrait tous pouvoir jouir. Mais malgré l’existence d’une foule de problèmes touchant l’alimentation, le Canada ne s’est toujours pas doté d’une politique alimentaire nationale. Alors que les élections fédérales approchent, nous devons faire en sorte que le nouveau gouvernement partage lui aussi cette conviction.

L’alimentation saine dépasse la seule question de la nutrition. Il s’agit du résultat final d’un système alimentaire qui assure la pérennité des ressources naturelles, engendre des progrès sur les plans de la justice sociale et du bien-être animal, renforce le sentiment d’appartenance à la communauté, et répond aux besoins alimentaires et nutritifs de tous, maintenant et dans le futur.

Une politique alimentaire pancanadienne, de concertation avec l’ensemble des provinces et territoires, nous permettrait de nous attaquer de manière holistique aux problèmes interreliés que sont la faim, la production alimentaire agro-industrielle, les changements climatiques et la mauvaise alimentation.

À NOUS DE JOUER

Nous avons tous un rôle à jouer dans la mise en place d’un système alimentaire plus durable. À titre d’individus, nous devons non seulement « voter avec nos fourchettes », mais également sensibiliser les candidats sur ces enjeux.

Pourquoi n’encouragerions-nous pas les agriculteurs à cultiver davantage de fruits et de légumes sains nécessaires à l’amélioration de notre régime alimentaire ? Pourquoi nos institutions publiques n’offrent-elles pas davantage d’aliments locaux et ne servent-elles pas des repas plus sains ? Pourquoi ne prenons-nous pas exemple sur le lobby antitabac en recourant aux impôts, à la santé publique et à des règlements adéquats afin de réduire les impacts de la malbouffe sur nos enfants ? 

Pourquoi tous les enfants à l’école ne peuvent-ils pas avoir accès à un repas sain chaque jour afin qu’ils puissent atteindre leur plein potentiel ?

Une politique alimentaire permettrait de réévaluer les politiques qui en ont impérativement besoin comme : 

– Les politiques en matière de santé qui ne répondent pas à l’urgente nécessité d’endiguer l’explosion de maladies chroniques reliées au régime alimentaire qui submergent notre système de soins de santé ;

– Les politiques agricoles essentiellement axées sur les marchés d’exportation et les cultures commerciales restent encore inadaptées pour soutenir une nouvelle génération d’agriculteurs qui visent les marchés régionaux ;

– Le manque en matière d’éducation à la saine alimentation chez les jeunes qui permettrait non seulement d’optimiser leurs chances de réussite scolaire, mais d’aider à la prévention de certaines maladies chroniques ;

– L’absence de politique sociale s’attaquant aux facteurs sociaux qui compromettent la santé, le faible revenu en premier lieu, qui constitue la principale cause d’insécurité alimentaire.

Alors, quel parti politique est prêt à aller de l’avant ?

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