Soccer  Billet

Portugal ! Pouet, pouet, pouet

Pouet, pouet, pouet… C’est l’onomatopée qui résume le mieux la fin de l’Euro. Qu’il se soit terminé chez vous sur une série de coups de klaxon ou bien sur une complainte de trompette un peu tristounette.

L’Euro est terminé, après 51 matchs ; il est maintenant temps de mettre fin aux divisions. Et de suivre l’exemple de ce jeune garçon en maillot de la Seleçao qui console un partisan français souffrant des bleus.

Un peu de réconfort ne sera certainement pas de trop pour un Hexagone en proie aux larmes à la pensée de devoir annuler les préparatifs (déjà avancés) d’un défilé de célébrations sur les Champs-Élysées.

Mettre fin aux divisions, en voilà un vœu pieux. Car on ne trouvera pas rapidement le moyen de réconcilier les pourfendeurs du style de jeu portugais avec celui des champions précédents (les Espagnols) ou encore des Allemands, vainqueurs de la Coupe du monde.

Les stratégies de Fernando Santos tout au long du tournoi vaudront bien quelques études de cas dans les départements footballistiques du Vieux Continent. Mais l’amateur de jeu enthousiasmant en aura pris pour son rhume lors de plusieurs matchs de la Seleçao à l’Euro. On était quand même loin des combinaisons de passes de Figo, Rui Costa et du reste de la Geração de Ouro.

La fin justifie les moyens, diront des Portugais qui s’étaient fait jouer le tour en 2004 contre une Grèce servant désormais de modèle au professeur Santos.

Et il y a lieu de s’interroger sur ses motivations avant de trop vite critiquer les champions : si le Canadien gagnait la Coupe sans grand panache, serait-on vraiment du genre à rouspéter ?

SOULAGEMENT POUR RONALDO

Cristiano Ronaldo avait-il réellement besoin de gagner un titre avec la Seleçao pour qu’on le considère parmi les grands ? Le rendement de Ronaldo sur le terrain n’a pas fait l’unanimité lors du tournoi, mais il faut être de mauvaise foi pour ignorer tout le talent et les nombreux exploits antérieurs de l’attaquant originaire de la petite île de Madère.

Malgré un penalty raté en début de tournoi – lequel permettra finalement d’éviter la partie de tableau des favoris – et des critiques maladroites à l’encontre du style de jeu des Islandais, c’est quand même CR7 qui permet au Portugal d’échapper à la Hongrie et qui fait le nécessaire contre le pays de Galles en demi-finale. Or, s’il sort de la conquête du titre grandi, c’est aussi grâce au travail acharné de ses coéquipiers qui ont tout fait pour gagner ce dernier match pour lui, le capitaine adulé.

Incontestable leader s’improvisant également entraîneur, Ronaldo aura pu, grâce à la victoire en finale, consolider sa place dans la légende du foot portugais avec ses larmes sur la civière et son discours à la mi-temps dans le vestiaire. Et si le battement d’ailes d’un papillon posé sur le visage de CR7 avait réussi à faire basculer son destin ?

Car on est en droit de se demander si on aurait éventuellement considéré Ronaldo comme moins bon s’il avait pu disputer toute la rencontre mais que l’équipe de France était celle qui s’était imposée. Voilà donc une autre question de rhétorique dont cet Euro nous aura permis d’hériter.

Qu’on me comprenne bien, je trouve que Ronaldo mérite amplement ce titre pour l’ensemble de ses accomplissements durant sa carrière. Il nous soulagera peut-être des constantes remises en question après 90 minutes sans but ou bien des lassantes comparaisons avec son éternel rival Lionel Messi. C’est bien beau de rêver, non ?

Parce que les débats entre partisans de CR7 et de La Pulga sont l’équivalent de la question des Territoires occupés dans le monde du ballon rond. Vous aurez beau plaider, personne ne croira à votre neutralité… Or, à défaut d’un accord de paix ou même d’un bref cessez-le-feu, souhaitons quand même que la victoire du Portugal à l’Euro apporte un peu de paix intérieure à Ronaldo.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.