THÉÂTRE Splendeur du mobilier russe

Venez chercher des mots

« C’est ça le truc avec les shows du Groupe de poésie moderne (GMP) : il y a un titre mais pas de texte ! », lance la comédienne Sophie Faucher dans Splendeur du mobilier russe. La nouvelle recrue du GPM n’a pas tout à fait tort… Pourtant, le plaisir de se faire mener par le bout des mots, même s’ils n’ont pas toujours de sens, est entier.

Six ans ont passé depuis la dernière pièce du GPM, De l’impossible retour de Léontine en brassière. Le pilier du groupe, Christophe Rapin, s’est entouré cette fois de nouveaux collaborateurs, dont Sophie Faucher, mais aussi Pascal Contamine et Larissa Corriveau.

Les quatre interprètes sont absolument remarquables et font une lecture extrêmement divertissante de ces historiettes qui n’ont aucun lien entre elles et où il est question de Dostoïevski autant que de Louis Riel, de la peur de vieillir, des regrets et du sens de la vie.

La prémisse de Splendeur du mobilier russe : le Groupe de poésie moderne se cherche. Oui, ses membres ont l’impression de s’être égarés. Ils cherchent le chemin qui les mènera à leur prochain exercice de poétisation. Ils ne reconnaissent pas les lieux de répétition. Même leur metteur en scène Bob a disparu.

La piste russe les aidera à trouver l’inspiration, « d’être à leur place sans y être », comme ils disent. Les auteurs Benoît « Illitch » Paiement et Bernard Dion, qui sont de l’aventure du GPM depuis les débuts, y vont de savoureuses déconstructions de phrases, d’allitérations et d’interversions, comme eux seuls en ont le secret.

Elizabeth Chouvalidzé, elle-même d’origine russe, fait aussi une courte apparition sur scène en fin de spectacle.

ARTISTES EN QUÊTE D’UN PUBLIC

Au fil des ans, la signature du GPM est demeurée intacte. On ne sait pas toujours où il s’en va, mais on le suit. Il y a dans ce groupe un humour absurde que l’on retrouve par exemple dans La cantatrice chauve de Ionesco, avec ce même déversement de mots, à la fois signifiants et insignifiants, livrés dans un souffle musical.

Comme dans De l’impossible retour de Léontine en brassière, il est aussi question de la place de l’artiste dans la société. Celle qu’il prend autant que celle qu’on est prêt à lui donner. La quête du Groupe de poésie moderne, qui cherche sa trajectoire, est la métaphore même de l’artiste qui cherche son public, non ?

« Venez chercher des mots, puisqu’il vous faut des mots », chantait Claude Léveillée dans Bonsoir Édith. C’est ce qu’on fait en allant à la rencontre du Groupe de poésie moderne, qui nous en donne généreusement, et même plus que nécessaire.

À l’Espace libre jusqu’au 21 février

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