Une nouvelle vie pour la maison La Fontaine
Les promoteurs du projet de condos Destination YUL au centre-ville de Montréal se sont engagés à restaurer la maison de Louis-Hippolyte La Fontaine, premier ministre du Canada-Uni en poste de 1848 à 1851.
L’objectif est de redonner à la maison son apparence d’origine, ce qui ne sera pas une mince affaire vu l’état lamentable de ce qui s’apparente davantage à une masure qu’à un monument patrimonial.
« On est en train de regarder le budget total estimé, a dit Steve Di Fruscia, président du Groupe Tianco, filiale canadienne de la société chinoise Gansu Tianqing. M. Di Fruscia et son architecte Anik Shooner ont présenté le projet YUL le 13 mars à l’occasion du forum sur les grands projets organisé par la Chambre de commerce. « En ce moment, je n’ai pas un chiffre pour vous, mais on veut la reconstruire presque dans l’état original. »
Tianco et la société Brivia de l’homme d’affaires canadien d’origine asiatique Kheng Ly projettent de bâtir plus de 800 logements dans deux tours de 38 étages et une vingtaine de maisons en rangée, un projet de 300 millions.
Malgré son état lamentable aujourd’hui, la maison La Fontaine a un riche passé.
Dans les livres d’histoire des élèves québécois de 3 secondaire, on apprend que les réformistes de La Fontaine et de Baldwin avaient remporté les élections de 1848 à la suite de l’alliance entre les réformistes du Canada-Est, majoritairement francophone, et ceux du Canada-Ouest, majoritairement anglophone.
Pour la première fois, la colonie britannique est dirigée par un pouvoir exécutif formé de représentants élus par la population, ce qu’on appelle « la responsabilité ministérielle ». Une des premières lois à être votées par le gouvernement responsable avait été la Loi sur l’indemnisation des personnes qui ont subi des pertes pendant la rébellion de 1837-1838 au Bas-Canada.
Or, cette loi est inacceptable pour les partisans montréalais du parti tory anglophone qui mettront le feu au parlement du Canada, situé place D’Youville, dans le Vieux-Montréal, le 25 avril 1849.
C’est ainsi que Montréal perdra à jamais son statut de capitale, en faveur de Toronto et de Québec en alternance tous les quatre ans jusqu’en 1857, avant que ne soit établi le parlement de façon permanente à Ottawa.
Dans la foulée de l’incendie du parlement, les partisans torys avaient aussi décidé de marcher jusqu’à la maison de La Fontaine, dans le faubourg Saint-Antoine, aujourd’hui l’îlot Overdale. Ils voulaient alors lyncher le politicien à l’un des pommiers couvrant sa propriété. Heureusement pour lui, le premier ministre était absent ce jour-là.
Les insurgés remettront ça en août de la même année. Cette fois, ils seront reçus par un comité d’accueil. Des coups de feu seront échangés. Il y aura finalement mort d’homme, William Mason étant tué.
« Encore aujourd’hui, les traces des balles sont visibles sur la façade de la maison », a fait remarquer l’architecte Anik Shooner, de la firme Menkes, Shooner, Dagenais, Letourneux.
Sources : et Centre d’histoire de Montréal