LA CARTE DU CRIME MONTRÉAL-NORD

Les rues

de Beauvoir

Beauvoir Jean s’est donné une mission : « sauver » les jeunes gangsters.

Qui de mieux que le fondateur des Master B – le premier gang de rue de Montréal-Nord – devenu travailleur communautaire pour prouver que la réhabilitation est possible ?

C’est le pari qu’a fait le Café-Jeunesse multiculturel de Montréal-Nord en l’embauchant il y a huit ans.

Aujourd’hui, l’homme de 50 ans qui parle comme un prédicateur évangélique refuse d’aborder son passé. « Je ne dis pas aux jeunes : je suis un ex-ci ou je suis un ex-ça. Je leur parle de ce que je suis devenu, de ce qui nous fait avancer », dit M. Jean.

De toute façon, il n’en a pas besoin. Dans le quartier, tout le monde le connaît. Son dossier criminel est épais. Très épais.

Ancienne légende du mal, il veut devenir une légende du bien. « Je vois mon travail comme celui d’un sauveur. On servait le diable. Aujourd’hui, on va à l’église et on devient des anges. »

Arrivé dans le quartier en 1980, Beauvoir Jean a formé un premier gang avec d’autres jeunes Noirs pour se défendre des skinheads qui les attaquaient. De brigade défensive, son gang est devenu un groupe criminel qui carburait à l’argent. Il en a payé le prix. Il a fait de la prison. Il a vu des amis – et des ennemis – mourir sous ses yeux.

Son expérience lui permet de toucher des jeunes qui nourrissent une vive méfiance des institutions. Des gars qui font peur lorsqu’on ne les connaît pas, souligne Slim Hammami qui encadre les travailleurs de rue au Café-Jeunesse.

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