Baseball

Nos Z’Amours à temps partiel ?

Le groupe de Bronfman évoque le partage d’une équipe entre Montréal et Tampa Bay

Une équipe du baseball majeur pourrait-elle jouer à la fois à Tampa Bay et à Montréal ? C’est le scénario principal évoqué par le groupe de Stephen Bronfman dans ses discussions avec les gouvernements, a appris La Presse.

Selon nos informations recueillies auprès de plusieurs sources impliquées dans ce dossier, le groupe de M. Bronfman planche en priorité sur un scénario selon lequel l’équipe de baseball jouerait une partie de sa saison à Tampa Bay et l’autre partie à Montréal.

Le scénario évoqué en privé par le groupe ferait jouer l’équipe à Montréal durant les mois chauds de l’été, ainsi qu’à Tampa Bay au printemps et à la fin de l’été. Si ce scénario se concrétisait éventuellement, l’équipe deviendrait ainsi l’une des rares équipes de sport professionnel à partager son domicile entre deux villes.

Deux éléments moins clairs pour l’instant : à quel point ce scénario pourrait-il se réaliser rapidement, et à quel point s’agirait-il d’une solution temporaire menant éventuellement au déménagement complet d’une équipe à Montréal ? À terme, le groupe de M. Bronfman souhaite une équipe à temps plein à Montréal.

Le groupe de M. Bronfman et le baseball majeur n’ont pas rappelé La Presse hier. Les Rays de Tampa Bay n’ont pas voulu commenter.

Selon le scénario évoqué, le groupe d’investisseurs québécois mené par Stephen Bronfman deviendrait actionnaire de l’équipe de baseball. L’actuel propriétaire unique des Rays, l’Américain Stuart Sternberg, un financier qui a notamment fait fortune chez Goldman Sachs, en resterait un actionnaire très important. M. Sternberg réside dans la région de New York.

Pour que ce scénario se concrétise, il faudra obtenir en temps opportun l’accord des autorités du baseball majeur. L’Association des joueurs du baseball majeur, qui n’a pas voulu commenter hier, devrait aussi donner son accord pour qu’une équipe puisse avoir deux domiciles.

Les Rays cherchent un stade à Tampa

Le baseball majeur et le propriétaire des Rays aimeraient trouver une solution à long terme à Tampa Bay, ont-ils tous deux indiqué plus tôt ce mois-ci.

« Nous pensons que la région de Tampa Bay est un marché des ligues majeures. Et [le propriétaire des Rays Stuart] Sternberg continue de dépenser du temps et de l’énergie pour avoir un résultat positif pour la région », a dit Rob Manfred, commissaire du baseball majeur, à des médias américains, le 8 février dernier.

« Nous sommes toujours engagés envers la région [de Tampa Bay] et nous aimerions voir une solution. »

— Rob Manfred, commissaire du baseball majeur

Les Rays cherchent à construire un nouveau stade dans la région de Tampa Bay. En juillet dernier, ils ont annoncé un projet de nouveau stade de 892 millions US qui serait prêt pour 2023. L’équipe et les autorités locales ont toutefois abandonné l’idée car elles n’ont pas pu compléter le financement avant la date butoir de décembre dernier.

Les Rays veulent trouver un autre site pour un nouveau stade à St. Petersburg, où est situé leur stade actuel, le Tropicana Field, un stade couvert inauguré en 1990 qui est l’un des moins intéressants du baseball majeur.

Le bail qui lie les Rays à la Ville de St. Petersburg est l’un des plus sévères du sport professionnel. Il est valide jusqu’en 2027 et pourrait être un problème si les Rays voulaient un jour quitter complètement la région de Tampa Bay ou partager leur temps avec Montréal.

Selon le Tampa Bay Times, les Rays détiennent 50 % des droits de développement sur l’immense site de 85 acres du Tropicana Field, des droits qui pourraient générer des centaines de millions de dollars pour l’équipe si ce développement a lieu avant la fin du bail, à condition que les Rays soient toujours à St. Petersburg.

Le maire de St. Petersburg, Rick Kriseman, souhaite développer le site du Tropicana Field, avec ou sans un nouveau stade de baseball. « Nous ne nous mettrons pas sur le chemin du progrès, nous voulons en faire partie », a dit Stuart Sternberg plus tôt ce mois-ci, à l’ouverture du camp d’entraînement des Rays.

M. Sternberg a indiqué les deux obstacles principaux dans le dossier d’un nouveau stade à Tampa Bay : boucler le financement, mais aussi trouver un site qui permettrait de générer des assistances et des revenus suffisants pour garder l’équipe à long terme à Tampa Bay.

« Je crois que la partie de l’appui [du milieu] est bien plus importante que la partie du financement, même si le financement est incroyablement important, a dit M. Sternberg au Tampa Bay Times. Si nous avons 30 000 ou 35 000 personnes à tous les matchs avec des droits d’identification et des commanditaires importants, la partie du financement est facile. Mais si nous avons 8000, 12 000 ou 15 000 personnes par match sans hausser nos commandites, on pourrait avoir tout le financement du monde et ça ne servirait à rien. »

En 2018, les Rays ont attiré en moyenne 14 258 spectateurs par match à domicile, ce qui leur confère l’avant-dernier rang du baseball majeur (la moyenne des 30 équipes est de 28 164 spectateurs par match).

Pour obtenir une équipe – ou du moins, de façon initiale, une équipe partagée avec Tampa Bay –, le groupe de M. Bronfman devrait toutefois s’engager à construire éventuellement un nouveau stade au centre-ville de Montréal.

Le stade de baseball occuperait environ 350 000 pi2 sur les 900 000 pi2 du terrain convoité au sud du bassin Peel. Le reste du terrain pourrait ainsi servir à rentabiliser le projet en construisant un quartier résidentiel et des commerces.

Le terrain convoité par le groupe de M. Bronfman appartient au gouvernement fédéral. Il est aussi dans le collimateur d’un autre promoteur immobilier, le groupe Devimco.

Une équipe, deux villes

Les Bills de Buffalo (NFL) ont disputé un match « régulier » par saison à Toronto de 2008 à 2013

Les Jaguars de Jacksonville (NFL) disputent un match « régulier » par saison à Londres, en Angleterre, depuis 2013

Les Expos de Montréal (baseball majeur) ont disputé 44 matchs sur deux saisons à Porto Rico en 2003 et 2004

Les Packers de Green Bay (NFL) ont disputé une minorité de leurs matchs locaux à Milwaukee entre 1953 et 1994

Cette saison, les Islanders de New York (LNH) ont joué la moitié de leurs 41 matchs à domicile à Brooklyn et l’autre moitié à Long Island. Les deux amphithéâtres sont situés à New York.

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