Mon clin d’œil

On ne dit plus le Parti québécois, on dit le Québécois parti.

OPINION

MENACES CONTRE LE PHARMACHIEN Pour que la science puisse continuer à mordre

Lettre ouverte d’abord adressée à Olivier Bernard, mieux connu sous le nom de Pharmachien.

Cette lettre est une extension des statuts que nous avons publiés sur Facebook pour soutenir ton travail et déplorer la lâche manière dont on essaie de te faire taire.

Elle vient de l’idée que notre message aura plus de chance de se rendre à toi par les médias grand public que par les médias sociaux. Olivier, si tu lis cette lettre, sois assuré que nous sommes de tout cœur avec toi. 

Pour une personne qui l’a cosignée, 10, 100, 1000 autres en approuvent le contenu. C’est dommage que leur formation et leur personnalité les portent à rester discrets plutôt qu’à affirmer haut et fort leurs convictions – en cette heure où ceux qui pensent le contraire et qui ne sont pas capables de comprendre que nous voulons penser avec plutôt que contre eux jappent de leur côté si fort.

Mais parce que nous tenons à ce que tu continues – avec ton intelligence débordante, ton humour aussi incisif qu’une canine, ton incroyable talent de pédagogue – à défendre et à illustrer les principes de la science, nous tenions à nous manifester pour nous positionner clairement.

Cette lettre ouverte est ensuite adressée à tous ceux qui attaquent Olivier Bernard. Nous vous demandons : pourquoi ?

Dans ce grand jeu de recherche et de développement du bien-être qu’on appelle les soins de santé, pourquoi agissez-vous comme si vous aviez attrapé la rage ? Ne voyez-vous pas qu’il ne s’agit pas d’une guerre d’ego à propos des idées, mais d’une interrogation sur les meilleurs traitements – pour nous, pour vous, pour tout le monde ?

Des œillères

En y participant comme vous le faites, par l’intimidation plutôt que par l’argumentation, vous vous mettez des œillères. Vous vous empêchez d’y apporter quelque chose de productif. Le débat sur la vitamine C et le cancer, comme tout débat scientifique, doit être public. Il doit sortir des laboratoires et des universités. Mais il doit aussi toujours utiliser les données et les études qui y sont produites. S’il s’en coupe, par méfiance ou désir de trouver trop vite des solutions simples à des problèmes complexes, il ne réalise pas qu’il se prive des seuls éléments solides à propos desquels on puisse débattre.

Pourquoi vous acharner sur le Pharmachien ? Est-ce parce qu’il vous a provoqués, avec son ton moqueur et son style ironique ? C’est sa méthode. Et elle marche très bien.

La preuve : vous l’avez entendu, comparativement à tous les rapports de recherche sur lesquels il s’appuie et que vous n’auriez probablement pas lus.

Pour la réflexion et la logique

Cette lettre ouverte est enfin adressée à tous ceux qui suivent la situation de loin et qui pensent qu’ils ont droit d’y rester indifférents. Vous n’avez pas ce droit. Ce qui est contesté ici, au-delà de la pertinence de la vitamine C dans le traitement du cancer, c’est la réflexion, c’est la logique, c’est la parole publique. Ce qu’on essaie de limiter, c’est la volonté de pousser la connaissance toujours plus loin et l’utilisation des outils appropriés pour le faire efficacement.

Soutenir Olivier Bernard, c’est soutenir en lui l’information, la discussion, la lente et progressive construction du savoir sur les preuves difficiles plutôt que sur les croyances faciles.

Je vous invite donc à vous joindre à nous dans l’expression de notre soutien et dans la condamnation de la campagne de censure à laquelle s’adonnent ses adversaires. Parce que si vous laissez passer aujourd’hui, demain, c’est vous qu’on risque de museler – à propos d’une question qui vous importera plus.

* Cosignataires : Josée Blanchard, infirmière au CIUSSS de la Capitale-Nationale ; Tristan Brunette, étudiant en médecine ; Marie-Louise Daigneault, étudiante en médecine ; Jérémy Dubé, étudiant en pharmacie ; Étienne Lavallée, étudiant en biochimie et médecine moléculaire ; Charles-Édouard Morel, étudiant en pharmacie ; Émeric Nolin, médecin vétérinaire ; Catherine Tremblay, résidente en médecine ; Souad Younes, étudiante en médecine

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