Marché nënë

Tout pour les petits

Le Marché nënë tiendra sa cinquième édition le week-end prochain dans les espaces adjacents du restaurant SoupeSoup Mile End et de La Gare, un espace de cotravail. Fondé en 2011 par Isabelle Aubut (Jules mon poisson bulle), Erica Perrot (Raplapla) et Sandra Dumais (Moon and Sparrow Illustration), ce marché a comme mission de faire connaître de jeunes entrepreneurs qui mettent de l’avant des créations inspirées par l’univers des enfants. Cette année, une quarantaine de créateurs de vêtements, papeterie, décoration, peluches et autres jouets seront réunis pour le marché, qui offrira également des ateliers créatifs gratuits, destinés aux enfants de 2 à 12 ans. Les 19 et 20 novembre, de 9 h à 18 h, entrée libre.

— Iris Gagnon-Paradis, La Presse

Documentaire La dictature du bonheur

Le bonheur à tout prix

Le bonheur n’est pas qu’un état, un objectif ou la quête d’une vie. C’est aussi une énorme industrie : l’industrie de la croissance personnelle. Un documentaire fait le point. La dictature du bonheur, de la journaliste Marie-Claude Élie-Morin, présenté ce soir à 21h sur les ondes de Télé-Québec, reprend les prémices de son essai éponyme, publié l’an dernier, en poussant la réflexion beaucoup plus loin. Le propos, en cinq questions.

Après le livre, le film. Avez-vous une dent contre le bonheur et ceux qui le cherchent ?

« Mais non [rires !], ce n’est pas du tout mon propos. J’en ai contre le discours omniprésent qui dit que notre bonheur est notre entière responsabilité et que si on n’y arrive pas, c’est de notre faute. C’est un discours très individualiste, qui ne prend pas en compte que nous ne sommes pas tous égaux, nous n’avons pas les mêmes ressources ni la même histoire. »

Que dit le film de plus que le livre ?

« Quand j’ai sorti mon livre, je me suis retrouvée au Salon du livre à côté des maisons d’édition qui publient tous ces titres de croissance personnelle. Alors, j’ai voulu comprendre : qu’est-ce que les gens recherchent autant ? Je pose la question du point de vue des gens qui consomment. »

Dans le fond, bien des gens se font berner par cette industrie de la croissance personnelle ?

« Je pense qu’il y a des charlatans. Mais, évidemment, pas tous. David Bernard [auteur de Prêt pour l’amour] est lui-même très critique. Mais on ne peut pas dire que ce sont toutes de mauvaises personnes mal intentionnées. Mais oui, il y a des risques de dérive. »

Une industrie qui dit que le bonheur est un choix, qu’il faut « penser positif », c’est surtout culpabilisant pour les gens qui sont malades, déprimés…

« Oui, clairement. Et j’ai récolté plusieurs témoignages. Carolane Stratis [blogueuse et entrepreneure] a eu une dépression et elle raconte s’être fait dire : “Tu as juste à être positive, arrête de déprimer.” Alors qu’on sait que la maladie mentale, ce n’est pas qu’une affaire de volonté. C’est la même chose avec la maladie. Mon père était convaincu que les conflits psychologiques non réglés ou les émotions négatives pouvaient être la source de maladies. C’est une croyance très répandue. C’est correct si toi, ça te fait du bien de penser comme ça, mais c’est un problème quand les gens le reçoivent comme une accusation. Des fois, la maladie, c’est simplement une injustice… »

Alors, quoi faire ? Faut-il baisser les bras et embrasser son malheur ?

« Mais non ! Mais ce n’est pas à moi à donner des recettes. Je dénonce les recettes du bonheur ! Mais ce que je dis, c’est qu’il faut se rendre compte que ces recettes peuvent devenir un piège. Cela devient très anxiogène : la course effrénée pour une hygiène de vie irréprochable, manger santé, être positif, faire du yoga, cette recherche du mieux-être peut aussi devenir un piège. Cette quête du bonheur peut nous rendre plus malheureux… »

La dictature du bonheur est diffusé ce soir, à 21 h, sur les ondes de Télé-Québec.

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