Livre Kilos zen

Le bonheur de manger juste assez

À la fois « contre les régimes et contre les kilos en trop ». Voilà la position de Guylaine Guevremont, nutritionniste, et de Marie-Claude Lortie, collègue journaliste à La Presse, qui font paraître un nouvel ouvrage, Kilos zen. Dix ans après avoir conseillé l’écoute des signaux de faim et de satiété dans Mangez !, vendu à 30 000 exemplaires, leur but est d’aider les lecteurs à retrouver le poids prévu pour eux par la nature en étant… zen.

« Depuis la parution de Mangez !, j’ai reçu en clinique des gens qui me disent : “Je n’y arrive pas” », témoigne Mme Guevremont, rencontrée dans un café de l’avenue de Monkland, à Montréal. S’ils ne réussissent pas à capter les signaux de leur corps, c’est qu’il y a des résistances dans leur tête, dans leur corps et dans leur cœur, estime la nutritionniste.

Entendre que pour maigrir, il suffit de bouger plus et de manger moins la fait hurler. « Qui ne sait pas ça ? demande-t-elle. Ça ne marche pas. »

La nutritionniste le sait intimement : longtemps, elle a rêvé de perdre du poids. « En secondaire 4, je mangeais un muffin pour dîner, se souvient-elle. C’était ça, mon lunch. Je me levais le matin et je me trouvais grosse. J’avais cette croyance que le monde s’ouvrirait à moi si j’atteignais le poids voulu. J’ai traîné ça pendant 10 ans. » Dix ans à se restreindre, à maigrir, puis à reprendre le poids perdu et même plus, avant de recommencer.

C’est en entendant parler de l’écoute des signaux de faim et de satiété – et en travaillant avec un psychologue – que Mme Guevremont est revenue à son poids naturel. « Maintenant, c’est à mon tour de donner, dit-elle. Je sais à quel point ç’a changé ma vie. »

L’expérience de la nutritionniste Guylaine Guevremont lui a démontré que c’est « à partir du moment où les gens sont capables de reconnaître leurs émotions profondes qu’ils cessent de les apaiser par la nourriture », écrit-elle dans Kilos zen. Un ménage émotionnel s’impose donc. 

Évidemment, chercher de l’aide professionnelle est plus difficile que de manger du chocolat, mais ça en vaut la peine, assure-t-elle.

Outre la psychothérapie et la psychanalyse, les auteures proposent d’autres outils : la méditation, la pratique de la pleine conscience, l’hypnothérapie, le sport, le yoga, même le mouvement oculaire et une technique nommée tapping. « Comme le célèbre neuropsychiatre David Servan-Shreiber le disait au sujet d’autres approches alternatives non invasives, pourquoi ne pas essayer ? », plaident-elles.

Plan de six semaines

Un plan de six semaines pour apprendre à devenir un mangeur intuitif est proposé. Il s’agit d’abord d’arrêter de se peser, puis de recommencer à manger toutes les trois heures pour faire comprendre au corps qu’il ne sera plus affamé. Enfin, on combat les aliments interdits en les réintroduisant un à la fois, à répétition, jusqu’à ce que le corps se contente de quelques bouchées. Vient enfin le moment d’apprendre à écouter sa faim et à manger en étant pleinement conscient, ce qui fera éventuellement fondre les kilos.

Plus facile à dire qu’à faire, alors que les mangeurs intuitifs ne forment que 20 % de la population, selon la psychologue américaine spécialisée en troubles alimentaires Margo Maine, citée dans Kilos zen. Le reste est formé de 40 % de gens qui mangent au-delà de leurs besoins et de 40 % qui se privent et ne répondent pas adéquatement à leurs signaux de faim.

Janette et Ricardo

Janette Bertrand confie, dans le livre, avoir suivi mille régimes « qui lui ont fait vivre des montagnes de culpabilité et d’angoisse ». La célèbre auteure et animatrice regrette « toute cette énergie, tout ce temps, tous ces plaisirs perdus dans cette quête impossible ». Lui aussi interviewé, Ricardo explique qu’il se demande régulièrement, quand il mange, s’il a encore faim. Sinon, il arrête. Et s’il goûte à trop de plats pour son travail et n’a plus faim, il saute le prochain repas.

Il suffit d’oser. Guylaine Guevremont est allée jusqu’à demander un doggy bag chez Toqué!…

Reprendre la responsabilité de nos choix

Kilos zen parle de « faim physiologique » ou « faim cellulaire », une thèse selon laquelle le corps sait de quoi il a faim. « Ça peut avoir l’air ésotérique, mais ça s’exprime par le goût », indique la nutritionniste. C’est l’envie de steak qui tenaille quand on manque de fer. Le « rassasiement sensoriel spécifique », qui fait qu’on n’a plus envie de saumon, mais encore faim pour les frites qui l’accompagnent, est aussi expliqué et… permis.

« Il est super important de reprendre la responsabilité de nos choix. Ce n’est pas vrai que je suis une victime. Si j’ai l’impression que je n’ai pas le choix, il faut aller chercher de l’aide. »

— Guylaine Guevremont, nutritionniste

Ce qui règle, somme toute, les problèmes d’alimentation, « c’est de vivre les émotions », résume Mme Guevremont. Kilos zen « est un livre pour accompagner pas à pas les gens dans cette reconnexion à soi. Ce n’est pas simple, mais pas impossible. »

Guylaine Guevremont organise deux journées de conférences sur l’image corporelle, les 11 et 12 novembre.

Les huit types de faim à apaiser pour manger en pleine conscience

Faim des yeux (regarder des aliments appétissants)

Faim du nez (humer les arômes)

Faim de la bouche (savourer les saveurs et textures)

Faim des oreilles (écouter le bruit des aliments mastiqués)

Faim de l’estomac (arrêter de manger quand la faim n’y est plus)

Faim du cœur (choisir des aliments qui apaisent)

Faim intellectuelle (branchée sur la tête)

Faim cellulaire (ce que le corps veut manger)

Source : Kilos zen, de Guylaine Guevremont et Marie-Claude Lortie, Éditions La Presse, 2016

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