Médecine préventive

LES HABITUDES ALIMENTAIRES QUI FRAGILISENT LE SYSTÈME

Selon notre bagage génétique, certains excès ou carences alimentaires peuvent se révéler plus – ou moins – risqués que pour la moyenne des gens. En voici cinq exemples.

Médecine préventive

Déceler les risques

Comment s’y retrouver parmi le fouillis d’études contradictoires sur la nutrition ? Devrait-on suivre le mouvement du sans-gluten ? Celui du sans-lactose ? Du sans-gras ou du sans-sucre ? Et pourquoi pas celui du sans-sel ? Pour le chimiste ayant fondé l’entreprise montréalaise BiogéniQ, la réponse à ces questions se trouve en partie dans nos gènes. Interviewé par notre journaliste pour un autre reportage – sur les médicaments –, il lui a proposé de tenter l’expérience.

« Nos résultats sur les médicaments peuvent aider les médecins, mais ceux sur l’alimentation sont applicables tout de suite, expose Étienne Pageau-Crevier. L’alimentation, c’est quelque chose que l’individu peut changer lui-même demain matin. »

Vérification faite, l’exercice se solde bel et bien par une découverte vitale et par une série de recommandations très concrètes. Notre journaliste a vu plusieurs membres de sa famille subir des infarctus. Or, BiogeniQ a décelé chez elle au moins trois mutations associées à des risques accrus de troubles cardiaques en cas d’excès ou de carences alimentaires.

« Ces gènes ne sont pas associés aux maladies en tant que telles, mais si on les expose sur une période prolongée à un environnement qui n’est pas optimal, c’est là que les maladies peuvent apparaître », précise la diététiste Catherine Drouin-Audet.

Notre cobaye a appris qu’avec son profil, elle aurait intérêt à bannir le sel, tout en consommant plus d’oméga-3 et d’acide folique. Un acquis, pour une femme qui préfère depuis toujours les fruits de mer à la viande, et les légumes aux frites ? Pas du tout, comprend-elle au terme de sa rencontre avec la diététiste.

D’abord, le sel se cache partout. Ensuite, il ne suffit pas de manger deux portions de saumon par semaine et un quelconque légume par repas pour respecter les quotas suggérés par ses gènes. Car les fruits de mer ne contiennent pas d’oméga-3. Et seuls les légumes vert foncé et les légumineuses fournissent de l’acide folique. Pas les carottes ni les haricots jaunes.

Inutile, toutefois, de courir acheter des suppléments à la pharmacie. Catherine Drouin-Audet prépare pour chaque client une série personnalisée de recommandations. On apprend ainsi vers quels aliments se tourner et comment les intégrer (quitte à les noyer dans des smoothies).

Pour le sel, il faudra manger moins souvent au restaurant et prendre soin de bien scruter les étiquettes à l’épicerie. Du travail en perspective ? Peut-être, mais mieux orienté. Car notre cobaye a aussi reçu de bonnes nouvelles. Elle sait désormais qu’elle risque moins que la moyenne de manquer de vitamines C ou D ; de mal digérer le lactose ; de devenir diabétique à force de cuisiner des pâtes blanches ou d’abîmer son cœur en buvant du café.

Ce qui n’est pas une invitation à exagérer, prévient Catherine Drouin-Audet, puisque les individus moins vulnérables ont simplement une plus grande marge de manœuvre, mais ne sont pas invincibles.

Par ailleurs, seule une petite fraction des interactions entre nos gènes et l’environnement sont comprises à ce stade. Et même si les recommandations de BiogeniQ s’appuient sur des études solides, on manque encore de recul. Car on n’a pas encore eu la chance de vérifier si le fait d’ajuster son alimentation après avoir fait analyser ses gènes permet vraiment de changer son destin.

Les habitudes alimentaires qui fragilisent le système

EXCÈS DE CAFÉINE

Les gens qui métabolisent la caféine lentement ou à une vitesse moyenne augmentent leurs risques d’hypertension et d’infarctus du myocarde s’ils consomment chaque jour plus de deux tasses de café (ou l’équivalent).

SONT TOUCHÉS :

53 % des Québécois d’ascendance européenne

59 % de la population mondiale

La mutation en cause touche le gène CYP1A2.

Les habitudes alimentaires qui fragilisent le système

EXCÈS DE GRAS SATURÉS

Les gens les plus à risque de prendre du poids en consommant des gras saturés (très présents dans le fromage et le bœuf haché) devraient en consommer chaque jour moins de 22 g.

SONT TOUCHÉS :

15 % des Québécois d’ascendance européenne

6 % de la population mondiale

La mutation en cause touche le gène APOA2.

Les habitudes alimentaires qui fragilisent le système

EXCÈS DE SUCRES

Les gens ayant une sensibilité accrue aux aliments à charge glycémique élevée (comme le pain blanc et le jus) risquent davantage d’avoir le diabète de type 2. Il leur vaut mieux privilégier les aliments à charge glycémique faible.

SONT TOUCHÉS :

49 % des Québécois d’ascendance européenne

37 % de la population mondiale

La mutation en cause touche le gène TCF7L2.

Les habitudes alimentaires qui fragilisent le système

CARENCE EN ACIDE FOLIQUE

Les personnes risquant de manquer d’acide folique sanguin sont plus susceptibles d’avoir un taux élevé d’homocystéine élevé (associé aux maladies cardiovasculaires). Pour se protéger, elles devraient consommer chaque jour au moins 400 mcg d’EFA, par exemple, de grandes quantités de légumes vert foncé ou de légumineuses.

SONT TOUCHÉS :

59 % des Québécois d’ascendance européenne

41 % de la population mondiale

La mutation en cause touche le gène MTHFR.

SOURCE : BiogeniQ

Les habitudes alimentaires qui fragilisent le système

CARENCE EN OMÉGA-3

Les gens particulièrement à risque d’avoir trop de triglycérides sanguins devraient se protéger en consommant environ 1240 mg d’oméga-3 par jour (soit une portion de saumon ou de diverses noix et graines).

SONT TOUCHÉS :

56 % des Québécois d’ascendance européenne

31 % de la population mondiale

La mutation en cause touche le gène NOS3.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.