Opinion : Éducation

Dix propositions pour une école inspirante

Si l’éducation fonde l’avenir des sociétés, le Québec a des raisons de s’inquiéter.

Nos taux de décrochage sont parmi les plus élevés au Canada. Le Québec est en queue de peloton pour la performance en lecture au primaire. Près de 50 % de nos concitoyens de 16 à 65 ans sont analphabètes fonctionnels.

La dernière réforme n’a pas eu les effets escomptés. Une proportion inacceptable de jeunes terminent le secondaire sans savoir écrire correctement.

Un nombre croissant de parents se tournent vers l’école privée, où ils espèrent trouver le cadre qui semble faire défaut à l’école publique.

Depuis les années 60, le Québec a accompli des progrès considérables. Les élèves du Québec qui passent certains tests internationaux font généralement bonne figure. Mais ces constats ne devraient pas faire échec à notre volonté de faire mieux.

En 2008, Jacques Parizeau écrivait, à propos des ratés de l’éducation publique au Québec : « Ce n’est plus de ressources ni d’argent qu’il s’agit aujourd’hui, c’est à l’effondrement d’un système que nous assistons. »

Huit ans plus tard, le même constat s’impose : le système est malade, et ce n’est pas de ressources ni d’argent qu’il s’agit. Depuis 1998, les revenus des commissions scolaires ont augmenté de 56 %, alors même que le nombre d’élèves diminuait de 13 %.

Des gestes concrets doivent être faits pour remettre le Québec sur le chemin de l’excellence.

LE FACTEUR CLÉ

Plus que tout autre facteur, la qualité de l’enseignement influence la réussite des élèves. Or, les facultés d’éducation ont des critères d’admission parmi les plus faibles des universités, et la formation offerte est peu exigeante. Une fois dans le réseau, l’évaluation des enseignants est essentiellement inexistante et l’ancienneté fait foi de tout.

Les directions d’école ont peu de contrôle sur les principaux outils de gestion de leur établissement, notamment le pouvoir d’embauche et la gestion des budgets. Le contrôle s’exerce principalement au Ministère et dans les commissions scolaires, des paliers administratifs plus éloignés des élèves.

L’école n’existe pas en vase clos. Le réseau devrait chercher davantage à bâtir des ponts entre l’école et son milieu social, culturel et économique. Or le système actuel ne favorise pas suffisamment ce type d’initiatives.

NOUS SOUMETTONS LES 10 PROPOSITIONS SUIVANTES : 

1. Ouvrir la profession d’enseignant aux diplômés de toutes les facultés universitaires, sous réserve d’une formation qualifiante d’un an.

2. Rehausser les critères d’admission des facultés d’éducation et axer la formation sur la maîtrise des disciplines.

3. Créer un ordre professionnel qui aurait pour mission de maintenir des standards élevés, valoriser les enseignants et défendre l’intérêt des élèves.

4. Instaurer la formation continue et un mécanisme de partage des meilleures pratiques qui permettent aux écoles d’innover.

5. Donner aux directions d’école les pouvoirs de gestion des budgets et d’embauche du personnel, en se basant uniquement sur la compétence et la performance.

6. Recentrer le rôle des commissions scolaires sur la prestation de services. Celles-ci devraient être au service des écoles, qui choisiraient d’y avoir recours selon leurs besoins.

7. Réduire les contraintes imposées aux écoles et limiter le rôle du Ministère à la détermination des objectifs et des programmes, et à un rôle de supervision ad hoc.

8. Exposer les élèves à des expériences communautaires, culturelles et entrepreneuriales de façon continue.

9. Au secondaire, rendre obligatoire un certain nombre d’heures d’implication par l’entremise de stages, de jumelage ou de bénévolat.

10. Simplifier les parcours de formation professionnelle en intégrant mieux ces options dans le parcours scolaire et en les arrimant aux opportunités de travail.

Le temps est venu de rompre avec l’immobilisme et le nivellement, et de miser sur l’exigence, l’inspiration et le dépassement.

— Benoît Archambault, Mario Asselin, Isabelle Fontaine, Francis Gosselin, Mia Homsy, Nadine Koussa, Vincent Lombard, Jérôme Lussier, Jocelyn Maclure, Louis-Philippe Maurice, Laura O’Laughlin, Patrice Servant et Claude Villeneuve

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