La docteure répond

Comment prévenir les chutes chez les aînés ?

Vous prenez le thé avec une vieille tante. À la question « Quoi de neuf ? », elle mentionne une chute qu’elle a faite la semaine dernière. Cependant, lorsque vous insistez pour avoir plus de détails, elle feint d’avoir oublié l’événement. Elle souffre de plusieurs problèmes de santé, mais vous savez qu’elle a une très bonne mémoire. Une petite voix vous dit que cet incident devrait être pris au sérieux. Que faire de cette chute ?

Les personnes âgées tombent fréquemment et les conséquences sont plus graves chez celles-ci. Plusieurs blessures sérieuses peuvent survenir, dont la redoutable fracture de la hanche. La moitié des personnes âgées qui subissent une telle fracture ne reviendront pas à leur niveau d’autonomie antérieur. Pas banal !

Comment prévenir les chutes chez les personnes âgées ? Tout d’abord, il vaudrait mieux les encourager à rester actives (comme tout le monde, d’ailleurs). L’exercice permet d’entretenir tous les mécanismes qui nous permettent de vivre debout, des centres de contrôle de l’équilibre dans le cerveau jusqu’à la masse musculaire, qui permet de rester solide, en passant par l’oreille interne. Il n’est pas nécessaire de se mettre au marathon. Votre proche pourrait choisir un programme d’exercices adapté. Ne vous moquez pas des sports plus contemplatifs :  il est prouvé que le taï-chi aide à prévenir les chutes.

Vous pouvez, naturellement, agir sur l’environnement de votre proche. C’est la mode du design épuré : faites disparaître les objets encombrants comme les meubles bas, les fils et les tapis (ou du moins les fleurs des tapis). On peut facilement trébucher sur ces objets, surtout la nuit, s’ils sont sur la piste de course entre le lit et les toilettes. 

Des ajustements qui demandent plus de quincaillerie seront aussi utiles : barres d’assistance dans la salle de bains, banc dans la douche, amélioration de l’éclairage, etc. 

Il faudra voir à quels endroits les chutes peuvent survenir. Est-ce qu’il y a, par exemple, un escalier particulièrement difficile à emprunter ? La maison sur deux niveaux ne peut pas être écrasée pour devenir un bungalow, mais de petits changements peuvent être faits pour que la personne n’ait plus à descendre au sous-sol au quotidien, par exemple.

Par ailleurs, des choses aussi simples que de bonnes chaussures bien ajustées peuvent éviter des chutes (il faudra peut-être faire le deuil des talons hauts). C’est aussi le temps d’ajuster les verres correcteurs et les appareils auditifs. Une cataracte qui traîne ? Il faudrait revoir l’ophtalmologiste. On veut avoir une vision optimale.

Enfin, il n’est certainement pas déraisonnable de consulter son médecin. Celui-ci pourra revoir l’histoire de la chute et s’assurer qu’il n’y a pas un problème organique à la base (par exemple, un problème cardiaque ou neurologique, ou tout simplement de l’hypotension ou de l’hypoglycémie). 

Y a-t-il des remèdes contre les chutes ? La vitamine D aurait un effet bénéfique, en plus de faire partie du traitement de l’ostéoporose. Il pourrait être indiqué d’en prescrire. Mais plus important toutefois, il pourrait être indiqué de « déprescrire ». 

En effet, de nombreux médicaments dans les pharmacies des personnes âgées peuvent faire tomber. On pense aux sédatifs, aux analgésiques, aux antihypertenseurs et même aux antidépresseurs et aux antipsychotiques (les anti-quelque chose sont souvent des pro-chutes). Attention : il ne faut certainement pas tout arrêter brusquement, mais il est temps de revoir quelles pilules sont vraiment utiles. De la même façon, l’alcool peut faire tomber (ne prenez pas cet air surpris). Par ailleurs, un professionnel de la santé pourra évaluer s’il est temps d’avoir recours à des aides à la marche, comme la canne ou le déambulateur. Dans toutes vos démarches, des professionnels comme les physiothérapeutes et ergothérapeutes seront de précieux alliés.

Si les chutes se produisent malgré tout, il faudra assurer une surveillance plus fréquente de votre tante (faire une vérification téléphonique ou en personne plus souvent). Certaines entreprises offrent un « bouton panique » qui peut aussi être utile. Est-ce que votre proche peut encore vivre seule ? C’est un sujet complexe qui dépend de tellement de facteurs non médicaux… à vous d’aborder le sujet.

Enfin, vous ne pourrez peut-être pas convaincre votre tante de faire tous les changements pour éviter 100 % des chutes. Après tout, il faut respecter son choix de vivre avec un certain risque. Vous lui rendrez toutefois un grand service en prenant ses chutes au sérieux et en discutant ouvertement avec elle de prévention. Vous pourrez peut-être un jour appliquer certains de vos conseils à vous-même. Après tout, nous deviendrons tous des personnes âgées.

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