OPINIONS

Courrier

« Vous sentez-vous "démantelés" ? », chronique d’Alain Dubuc, 11 mai.

Oui, c’est bien du démantèlement

Il est étonnant de voir que, pour M. Dubuc, affirmer que le projet de loi 10 accentuera la privatisation du réseau de santé et de services sociaux est « idiot ». En fait, la plupart des groupes qui ont témoigné en commission parlementaire ont noté ce danger. Même la Fédération des chambres de commerce a salué le projet de loi 10 en notant qu’il contient plusieurs occasions d’affaires pour le privé. D’ailleurs, l’article 93 de la loi 10 énonce que le ministre peut obliger un établissement à participer à un appel d’offres sur l’approvisionnement. De tels contrats pourraient rapporter des millions de dollars aux entreprises privées.

Si plusieurs admettent que le projet de loi 10 accentue la privatisation, c’est donc qu’on peut parler sérieusement d’un démantèlement de notre réseau public. Évidemment, le projet de loi 10 ne le permettra pas seul. Par contre, il s’inscrit très bien dans la stratégie du gouvernement Couillard qui vise à réduire le financement public, à augmenter la prestation par le privé et à augmenter la tarification auprès des usagers. Si cela n’est pas un lent démantèlement du réseau public accessible et universel, je me demande bien ce que c’est.

— Hubert Forcier, conseiller syndical à l’information, Fédération de la santé et des services sociaux – FSSS-CSN

Essayez donc d’avoir un rendez-vous !

Dans une lettre parue récemment dans La Presse Débats, une pharmacienne de Drummondville mentionne que les gens « ne prennent plus rendez-vous avec leur médecin pour renouveler leurs ordonnances et se contentent de passer à la pharmacie pour nous dire que c’est à nous d’envoyer un fax pour les obtenir. »

Cette dame n’a certainement pas tenté récemment d’obtenir un rendez-vous avec son médecin, car elle saurait à quel point c’est une entreprise difficile comparativement à l’envoi d’une télécopie.

De plus, rencontrer son médecin pour renouveler une ordonnance contribue à engorger le système de santé. De toute évidence, il est beaucoup plus logique d’envoyer une télécopie que de se présenter pour une consultation.

Les pharmaciens se targuent d’avoir les moyens d’alléger le système de santé. Le renouvellement des ordonnances par télécopieur est facile et utile. Reste à obtenir l’assentiment des pharmaciens…

— Robert Landry

« Uber doit respecter les règles », 13 mai.

Où cela s’arrêtera-t-il ?

Je n’ai aucun lien avec l’industrie du taxi si ce n’est que j’utilise parfois ce service. Néanmoins, il me semble que c’est tout à fait injuste de laisser UberX agir librement alors que les taxis doivent payer des frais de permis élevés et se conformer à une législation sévère. Que ce soit dans l’intérêt des consommateurs, peut-être, mais en suivant cette logique on pourrait avoir, par exemple, un importateur de spiritueux qui court-circuiterait la SAQ et vendrait son alcool moins cher au consommateur qui, là aussi, en bénéficierait. On pourrait trouver des exemples similaires dans tous les domaines d’activités réglementés.

— Victor Murciano, Westmount

Parlons-en de la réglementation !

Ce n’est pas parce que les choses ont été faites d’une façon qu’elles ne peuvent pas changer. Pour ce qui est de la réglementation, en ce qui a trait au service à la clientèle, c’est plutôt le contraire qui s’est produit : puisqu’ils sont protégés par la réglementation, les chauffeurs de taxi n’ont pas besoin d’être courtois, polis ou obligeants. Regardons les choses en face : les privilèges donnés à une période où les gouvernements allaient dans le sens des privilégiés devraient être abolis. On est à une autre époque et il faut l’accepter.

— Jacqueline Garcia

La mafia du taxi

Le problème, c’est qu’il n’y a pas de concurrence dans le taxi et qu’ils ont placé des barrières à l’entrée chères et déraisonnables. Le prix d’une licence de taxi est incroyablement disproportionné à la difficulté de conduire un véhicule. Et le GPS rend la tâche encore plus simple.

Le maire a beaucoup de dossiers à régler et ne veut pas affronter ses fonctionnaires là-dessus. (Il faudrait d’ailleurs dégraisser la fonction publique montréalaise avec ces donneurs de permis de toutes sortes, mais ça, c’est un autre dossier.) On ne réussira pas à bannir Uber par des guérillas et saisies d’automobiles d’honnêtes gens. L’industrie du taxi, c’est une mafia organisée, mais UberX est là pour rester !

— Marc Arseneault

« M. Barrette, pourquoi n’agissez-vous pas ? », 12 mai.

Le ticket modérateur en Afrique

Au début des années 2000, je suis allée travailler pendant cinq ans en Guinée-Conakry. Je formais des sages-femmes et faisais la consultation dans un dispensaire de brousse. La religieuse responsable de la clinique avait établi un tarif de consultation équivalant à 50 cents, pour un salaire mensuel moyen de 100 $. Forte de mon expérience québécoise et remplie de compassion pour cette population parmi les plus pauvres de la planète, j’ai demandé à cette religieuse pourquoi ce n’était pas gratuit, considérant aussi le fait que mon travail était bénévole. Elle me répondit : « Vous savez docteur, quand les gens ne paient pas, ils n’ont pas le même respect pour le service rendu. » Il faudrait y réfléchir…

— Francine Asselin, médecin, Montréal

La fièvre des séries

Dr Barrette, allez voir les salles d’urgence durant un match des séries du Canadien, elles sont vides. Une fois le match terminé, elles se remplissent à nouveau. Ça fait plus de 15 ans que le ticket modérateur aurait dû être instauré ; malheureusement, ça ne donne pas de votes. C’est drôle de voir le Dr Barrette essayer de réparer les énormités qu’il a négociées quand il représentait les médecins. Plus ça change, plus c’est pareil.

— François Rhéaume

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