Zélateur CHRONIQUE DES HORREURS URBAINES

Sans escalier depuis… 1915

Nids-de-poule éternels, trottoirs dangereux, parcs, clôtures, ruelles en piteux état : chaque semaine, cette rubrique recense les « horreurs urbaines » et interroge les autorités.

LE CONSTAT

Les deux immeubles devaient être d’une grande élégance quand ils ont été construits, au début du siècle dernier, par les frères maçons Joseph et Édouard Latreille, avec l’architecte de renom Jean-Zéphirin Resther, qui y a d’ailleurs habité. Mais aujourd’hui, les deux bâtiments de l’avenue de l’Esplanade tombent en ruine. Ils sont pourtant situés dans la zone de protection du site du patrimoine du Mont-Royal, avec fenêtre sur le parc Jeanne-Mance.

L’EXPLICATION 

Les immeubles ont commencé il y a 100 ans à causer des soucis, comme en fait foi un article, publié dans La Presse le 19 avril 1915, sur lequel une citoyenne du secteur a mis la main. On y apprend que le propriétaire de l’époque avait été forcé par ordre du tribunal de démolir son escalier parce qu’il était construit sur une parcelle de terrain qui ne lui appartenait pas. Aujourd’hui, il y a de la vigne vierge en lieu et place, et la porte condamnée est restée sans escalier. L’immeuble 4413-4423 est évalué à 1 million au rôle foncier de la Ville de Montréal. L’autre, d’aussi grande valeur, a un escalier, mais c’est à se demander comment il tient debout. Des barrières de sécurité en interdisent l’accès à plusieurs endroits. En jetant un regard entre les deux édifices, on aperçoit un balcon qui tient à un fil, des corniches oubliées et une structure qu’on dirait bombardée.

LE RESPONSABLE

« On espère un dénouement heureux », lance le responsable des communications de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Michel Tanguay. Il explique que des pourparlers avec le propriétaire des deux bâtiments ont commencé avant même la création des arrondissements, en 2002. Pour des raisons de sécurité, le service d’inspection a exigé l’installation de barrières.

Puis, l’an dernier, on a évité de justesse l’intervention de la cour quand une entente est intervenue avec le propriétaire pour que le 4413-4423 soit démoli, avec préservation de la façade. Une étude patrimoniale a été envoyée au gouvernement pour approbation en avril dernier. Dans l’intervalle, le propriétaire a remis des plans pour la démolition et les travaux. Joint par le Zélateur, le ministère de la Culture a expliqué qu’une décision devrait être rendue à l’automne. Quant au propriétaire de l'immeuble depuis 1986, aussi dirigeant d’un atelier d’usinage dans Côte-des-Neiges, il n’a pas rappelé le Zélateur.

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