lutte contre le cancer

Une fillette pleine d’idées

Le cancer a bouleversé la dernière année de Noëlie Kiczak : deux de ses proches sont morts de la maladie. Et maintenant, la petite Abitibienne de 7 ans est témoin du combat de sa maman de 29 ans contre le cancer du sein.

Ne voulant pas rester les bras croisés, la fillette a décidé d’amasser des fonds pour la lutte contre le cancer en créant un livre de recettes pour enfants et en peignant des dizaines de toiles mises aux enchères.

Le 20 août 2016, le soir des funérailles de son arrière-grand-mère paternelle, Noëlie a appris la mort de sa marraine Josée, emportée à 33 ans par un cancer du sein dévastateur. Le même type de cancer contre lequel se bat sa mère, Sylvie-Anne Pelletier, qui a subi l’ablation du sein gauche et plusieurs mois de chimiothérapie cette année. La maman de Noëlie se fera retirer l’autre sein et les trompes de Fallope au cours de l’automne.

Durant les 12 derniers mois, la petite fille de Malartic a également été ébranlée par la mort de sa grand-maman paternelle, morte d’un cancer des poumons, et par l’accident vasculaire cérébral de son parrain. Déterminée à ne pas demeurer un témoin impuissant de ces drames, la fillette a voulu apporter sa contribution en mettant à profit sa passion pour la cuisine. 

« Au début, je voulais faire un livre de recettes et le vendre pour donner des sous à ma marraine, pour l’aider. »

— Noëlie Kiczak

Sa marraine n’avait pas de sécurité financière ni d’assurances pour la soutenir durant ses mois de traitements. « Je savais qu’elle était très malade et je voulais qu’elle prenne soin d’elle, ajoute Noëlie. Mais elle est décédée trop tôt, et je n’ai pas eu le temps de finir le livre. » 

Pour aider les autres

Quelques mois après la mort de sa marraine, Noëlie est allée voir ses parents pour relancer son projet, afin d’aider les autres. Un geste qui n’a pas laissé son papa indifférent. « Ça m’a énormément touché, affirme Kevin Kiczak. Sylvie-Anne et moi, on a tout de suite voulu embarquer avec elle. On lui a donné des trucs pour monter ses recettes et on l’aide avec la gestion. »

Ayant travaillé pendant des années comme chef cuisinier et pâtissière, les parents de Noëlie l’encouragent à cuisiner depuis des années. « À 4 ans, je coupais déjà des légumes pour mettre sur la pizza ! », lance fièrement la petite. « On l’a toujours impliquée en cuisine, enchaîne son papa. On l’assoyait sur le comptoir à côté de nous, pendant qu’on préparait la bouffe. »

Trois ans plus tard, voilà qu’elle prépare son premier livre de recettes. « On a cherché des idées sur Pinterest en regardant les photos, raconte-t-elle. Je choisissais les recettes et après, on les modifiait comme on en avait envie. » Le livre contient quelques pages sur son histoire, le diagnostic de sa marraine et celui de sa mère, ainsi qu’une série de recettes faciles que les enfants pourront faire en 15 minutes, avec la supervision de leurs parents.

2434 $ grâce à ses toiles

En plus de créer le livre, la jeune fille a peint une trentaine de toiles qu’elle a vendues aux enchères sur la page Facebook Les petites folies de Noëlie, en août dernier. En 24 heures, ses créations ont permis d’amasser 2434 $ qui financeront la création du livre de recettes, dont la majorité des profits sera remise à la Traversée des Z’Elles, une randonnée de moto bénéfice pour la Fondation du cancer du sein du Québec. « On a été très surpris des résultats ! s’exclame le papa. On s’attendait à récolter moins du tiers de la somme totale, mais après seulement une heure, on avait déjà 1000 $ ! Les médias régionaux ont donné une belle visibilité au projet, et Sylvie-Anne a fait beaucoup de promotion sur Facebook. »

Si les œuvres ont permis d’amasser des sous, elles ont également aidé la jeune fille à gérer ses émotions. « Noëlie parle beaucoup, mais très peu d’elle en général, révèle sa mère Sylvie-Anne. Elle n’avait pas vraiment pleuré cette année. Nous avons donc consulté une psychologue pour enfants, qui nous a dit que Noëlie avait vécu en une année, à 7 ans, ce que bien des adultes dans la trentaine n’ont pas encore vécu ! La peinture l’a beaucoup aidée à s’extérioriser. » Son papa renchérit. 

« La peinture l’a apaisée. C’était un peu comme une thérapie. Ça l’occupait, ça lui changeait les idées, ça l’aidait à exprimer ce qu’elle ressentait, et à la fin, les toiles servaient à une bonne cause. » 

— Kevin Kiczak, père de Noëlie

Vingt nouvelles toiles seront vendues au Marché public de la Vallée-de-l’Or à Val-d’Or, dimanche prochain. Le mois suivant, le livre de recettes sera vendu dans certains commerces de l’Abitibi-Témiscamingue. Il pourra également être acheté par la page Facebook et envoyé par la poste. Des tabliers à l’effigie des Petites folies de Noëlie sont également en vente. Sylvie-Anne Pelletier parle avec émotion des nombreux projets de sa fille. 

« Je ne peux qu’être fière de voir qu’elle veut s’exprimer tout en développant sa générosité. C’est sa petite façon de donner au suivant ! » Elle-même veut s’impliquer dans la cause. « Dans le futur, je veux donner des conférences partout en province, entre autres dans les cégeps, pour rencontrer les jeunes femmes, leur raconter mon histoire et faire de la prévention. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.