Idées d’ailleurs

Transformer les couches en pots de fleurs

Des centaines de millions de couches sont jetées aux ordures chaque année au Québec. Certaines sont incinérées, beaucoup sont enfouies. Constituées en partie de plastique, elles mettent des centaines d’années à se dégrader, en libérant du méthane. Et s’il était possible de valoriser ces déchets ? C’est ce que feront bientôt les Pays-Bas.

Le problème

Des dizaines de milliers de tonnes de couches pour bébés souillées finissent à la poubelle.

Une solution

Aux Pays-Bas, une nouvelle usine va recycler les couches souillées en réutilisant le plastique et les matières organiques.

Les Pays-Bas ambitionnent de réduire la quantité de couches souillées qui prennent le chemin des lieux d’enfouissement en leur donnant une deuxième vie.

La construction de la toute première usine de recyclage du pays destinée à transformer ces déchets en produits commercialisables a commencé à la mi-septembre, près de Nimègue, non loin de la frontière avec l’Allemagne.

Le plastique des couches pourra notamment être récupéré et transformé, par exemple en meubles de jardin ou en pots de fleurs.

L’usine disposera d’un « réacteur » en acier qui utilise de la vapeur à haute pression pour séparer les composés plastiques de l’urine et des excréments.

« Les couches sont chauffées à 250 °C sous 40 bars de pression et tout se liquéfie », a expliqué Harrie Arends, porte-parole de la société d’énergie ARN, qui exploitera l’usine.

Une fois refroidies, les granules de composé plastique flottent à la surface avant d’être séparées du reste, qui consiste essentiellement en des eaux usées, poursuit-il.

Le plastique passe ensuite à travers un granulateur, tandis que les eaux usées, qui génèrent du gaz, sont transformées en engrais et en carburant pour les centrales électriques.

Le reste du liquide est acheminé vers une station d’épuration voisine.

15 000 tonnes de couches

L’objectif est non seulement de réduire la quantité de déchets produite par les ménages néerlandais, mais aussi de tarir une source de pollution qui représente un risque important pour la santé, selon les organismes de surveillance de l’environnement.

« Au total, nous prévoyons traiter environ 15 000 tonnes de couches par an », a déclaré Harrie Arends.

Cette quantité représente un peu plus de 10 % des 144 000 tonnes de couches sales générées chaque année par les foyers néerlandais, selon le calcul de l’organisation environnementale Milieu Centraal.

Après la mise en fonction du premier réacteur, prévue en décembre, l’usine prévoit d’en construire deux autres, afin de tripler sa capacité de traitement.

— Avec l’Agence France-Presse

Idées d’ailleurs

L’avis de l’experte

« C’est quelque chose qu’on devrait essayer », s’enthousiasme Céline Vaneeckhaute, professeure adjointe au département de génie chimique de l’Université Laval, dont les recherches portent sur le recyclage et la récupération des ressources.

Et le moment serait propice pour le faire, souligne-t-elle, puisque « les villes sont en train de changer leurs façons de faire » afin de se conformer à la nouvelle législation québécoise qui prévoit que les matières organiques devront être valorisées d’ici 2022.

Le recyclage des couches s’inscrit dans le concept tendance d’« économie circulaire », précise Céline Vaneeckhaute : générer différents produits à partir de déchets.

Le plastique récupéré des couches est autant de « nouveau » plastique qui n’a pas à être produit, illustre-t-elle, tout comme l’engrais qu’elles pourraient générer éviterait la production d’engrais chimiques, ce qui « consomme beaucoup d’énergie ».

Le seul aspect négatif que Céline Vaneeckhaute voit dans cette idée est que le traitement nécessite de chauffer les couches souillées à haute température, ce qui requiert de l’énergie.

Or, il suffit de « bien penser où localiser [de telles installations] » pour réduire leur empreinte écologique, explique-t-elle.

La proximité d’une usine de biométhanisation, par exemple, permettrait d’utiliser la chaleur qu’elle génère, tout comme celle d’une usine d’épuration éviterait d’avoir à doter l’usine de recyclage de tels équipements.

Selon Céline Vaneeckhaute, le plus gros défi consisterait à convaincre la population de « faire le tri comme il faut » et… d’utiliser les produits qui seront fabriqués à partir du plastique recyclé des couches !

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